Albin Cantone dit Albin, Italien d’origine qui n’avait pas été scolarisé et avait commencé à travailler dès l’âge de huit ans dans une usine textile, rejoignit en France en 1905 son frère aîné installé à Lyon. Il se livra avant 1914 à divers métiers comme manœuvre puis de décolleteur qu’il exerça dans une usine métallurgique de Lyon ou de la région lyonnaise. Il avait appris seul la langue française et sa grammaire et s’était mis en ménage avec une compagne qui fut toujours appelée Albine par les compagnons. C’est à cette même époque qu’il découvrit, notamment à la lecture d’E. Armand, les théories anarchistes.
Il fut réformé en 1914 en raison d’une mutilation survenue pendant son enfance à la suite d’un accident (il lui manquait trois doigts à la main droite).
Albin, qui résidait 4 rue Chaumais à La Croix-Rousse, avait pour voisin en 1916 Lorulot réfugié à Lyon, ce qui lui valut un ordre de surveillance pour “menées pacifistes”, le commissaire spécial attaché à la surveillance politique l’ayant identifié à tort comme étant Lorulot. Albin publia à Lyon pendant la guerre la revue Les Glaneurs (19 numéros de mars 1917 à septembre 1918) dont la gérante était Virginie Blanchard et dont de nombreux articles furent censurés en raison de son opposition à la guerre. Il avait acheté une machine d’imprimerie “limographe” et, avec deux amis, Paul Bergeron et Georges Manova, il publia, à Lyon, la revue Les Vagabonds individualistes libertaires qui se présentait sous la forme de quatre pages polycopiées et qui compta 112 abonnés en janvier 1923. Au début des années 1920, Albin, enthousiasmé par la Révolution russe et séduit par le communisme naissant, s’était séparé de ses associés : la revue avait été reprise en 1922 par Bergeron et Manova, puis par Bergeron seul ; parue d’octobre 1916 à août 1924 (plus de 60 numéros en plusieurs séries) elle fut remplacée par la revue Lueurs.
Albin édita, en fascicules de quelques pages, Croquis brefs où il présenta de juin 1922 à janvier 1924 les portraits et biographies d’anarchistes connus tels que Manuel Devaldès, Henri Zisly, Pierre Chardon, Pierre Kropotkine, Armand, André Colomer, L. Molinari, Han Ryner, Lorulot etc.
Albin donna ensuite à La Brochure mensuelle vingt-six portraits intitulés Nos Pionniers et d’autres également au Semeur ainsi qu’à des revues françaises et étrangères. Il collabora également à La feuille éditée par J. Vignes.
Son décès à Lyon le 11 mai 1929 — il mourut d’un cancer à l’estomac — fit l’objet d’un article d’Armand qui parut au début de juin 1929 dans le n° 160 de L’En Dehors et d’une notice nécrologique que publia Le Semeur. La Brochure mensuelle publia également un fascicule de Léo Claude intitulé « Albin publiciste, poète, critique et dessinateur, 1888-1929 » (n°78, juin 1929).