Frère d’Abraham et militant en 1903 du groupe anarchiste Borba (Combat) de Bialystock, Juda Grossman Roszcyzn s’était enfui en Suisse après l’assassinat de son frère par la police en février 1908. A Genève il fut l’un des rédacteurs du journal Bountar (Le Mutin) publié par les anarchistes russes exilés. Antisyndicaliste et membre du groupe anarchiste communiste de Genève, il fut, le 15 février 1915, l’un des signataires du Manifeste des 35 contre la guerre.
Revenu en Russie à l’été 1917, il était membre l’année suivante du bureau des anarchistes du bassin du Donetz. Puis, ai moins depuis l’hiver 1918, il se ralliait au gouvernement soviétique et travaillait à un projet d’une théorie anarchiste de la dictature du prolétariat. Selon Voline il était d’une grande érudition et pouvait “induire en erreur beaucoup de camarades si ils ne sont pas prévenus à temps » (cf. Le Libertaire, 29 septembre 1922). A la mi mai 1919 il avait été envoyé à Goulai Polié, état major de la Makhnovtschina, pour semble-t-il y désorganiser le mouvement e avait échappé de peu à être exécuté comme traître par le compagnon Fédor Chtchouss.
Il aurait été envoyé à l’étranger vers 1922 comme agent d’influence « pour troubler le mouvement anarchiste et syndicaliste » et suivait la formule « Tous ceux qui ne reconnaissent pas un décret révolutionnaire de Lénine, sont des contre révolutionnaires » (ibid.).
Juda Grossman se serait suicidé un peu avant les grandes purges staliniennes.