Née d’une mère basque, Lola Iturbe Arizcuren avait passé sa petite enfance à Cerda (Jativa) avant de regagner Barcelone où dès l’âge de neuf ans elle avait commencé à travailler comme apprentie, puis comme servante et enfin à l’âge de quatorze ans comme ouvrière culottière. Sous l’influence de Juan Manent et de Canals elle avait adhéré au syndicat du vêtement de la CNT. Amie notamment de Arin, des familles Pestaña, Urales et de Rosario Dulcet, elle s’intégra immédiatement aux activités du mouvement libertaire et s’occupa plus particulièrement de l’assistance aux emprisonnés. En novembre 1924 elle assistera aux derniers moments à la Modelo de Barcelone de J. Montero et de J. Llacer condamnés à mort pour avoir attaqué une caserne.
C’est au début de l’année 1920 qu’elle avait rencontré Juan Manuel Molina Juanel dont, à partir de 1922, elle allait partager la vie d’abord à Granollers, puis à Barcelone. En 1926 elle était exilée à Paris où elle avait suivi son compagnon recherché par la police en Espagne. Elle allait ensuite en Belgique, puis rentrait en Espagne lors de la proclamation de la République et devenait avec son compagnon membre de la rédaction de Tierra y Libertad (Barcelone) l’organe de la FAI. Elle participa à plusieurs meetings notamment avec Durruti et F. Asacaso ainsi qu’aux insurrections libertaires de 1933 et 1934.
Cofondatrice en avril 1936 de l’organisation de femmes libertaires Mujeres Libres à laquelle adhérèrent près de 20.000 femmes, elle fut administratrice de son organe Mujeres Libres où elle écrivait sous le pseudonyme de Kiralina.
En juillet 1936 elle fit partie de la rédaction de Solidaridad obrera et rédigea les premiers tracts appelant à lutter contre les troupes insurgées à Barcelone. Elle participa à l’occupation des sièges des organisations patronales Pendant la guerre elle participa aux hopitaux de campagne, et fut une des correspondantes au front de Tierra y Libertad. Á l’arrière elle se montra très active à la Casa de la dona treballadora et à la réinsertion des prostituées dans les Liberatorios de prostitucion dans le cadre d’une campagne menée par Mujeres Libres. Après les affrontements de mai 1937, elle intégra les services juridiques de la CNT où elle oeuvra pour la libération des militants de la CNT et du POUM emprisonnés dans les tchékas staliniennes.
Á la fin de la guerre, lors de la Retirada, elle passa en France par Llivia et la Toiur de Carol et gagna l’Ariège. Elle retrouva son compagnon à Nîmes (Gard) et participa avec lui pendant l’occupation allemande à la reconstruction du mouvement libertaire espagnol et à la Résistance dans la région de Montpellier. Á la Libération tous deux s’installaient à Toulouse puis son compagnon s’intégrait à la lutte clandestine. Après l’arrestation de Juan Manuel Molina en Espagne en 1946, elle travailla comme ouvrière culottière à Toulouse et ce jusqu’en 1952), date à laquelle Juanel avait été libéré de prison. Lola Iturbe continua de collaborer à la tendance dite collaborationniste de la CNT ainsi qu’aux activités du groupe Mujeres libres en exil animé notamment par Suceso Portales et Sara Guillen.
Á la mort de Franco Lola Iturbe revenait pour la première fois en Espagne avec pour tout papier d’identité sa carte de correspondante de Tierra y Libertad signée par Juan Garcia Oliver. Puis le couple s’installait définitivement à La Verneda de Barcelone. Elle participait aux activités de la CNT, puis du secteur rénové. Après la mort de Juan Manuel Molina en 1984, elle partagea son temps entre la Catalogne et les Asturies chez Ramón Alvarez Ramonin auquel elle était très liée.
Lola Iturbe est décédée le 5 janvier 1990 à Gijon.
Œuvres ; Outre sa collaboration à de nombreux titres de la presse libertaire dont España Libre, Mujeres Libres (Barcelone, Londres, Montady), La Hora De Mañana, Polemica, etc. Lola Iturbe est l’auteur de “La Mujer en la lucha social y la guerra civil en España” (Ed. Mexicanos Unidos, Mexico, 1974) ; — Mujeres heroicas (1937) ; — Nuestras luchadoras (Barcelone, 1937)