Jean Baptiste Louiche avait été condamné le 18 juillet 1874 à Chateau Gonthier à 15 jours de prison pour “vagabondage et mendicité” puis, le 11 janvier 1875, à Angers, à 1 mois pour le même motif. Il fut également condamné le 10 juin 1886 à 25 francs d’amende pour « port d’arme prohibée » par la 8e Chambre de la Seine, sans doute après avoir été arrêté à la gare de Nogent où le 18 avril il était venu assister avec d’autres compagnons à un meeting du groupe Le Combat et où il avait tiré des coups de revolver contre des habitants de la la localité venus les accueillir à coups de pierres.
Jean-Baptiste Louiche, qui en 1885 avait été l’un des fondateurs avec Désiré Pauwels du groupe de La jeunesse anarchiste de Saint-Denis et avec Roussel du groupe Le Combat à la Villette, fut à partir de 1887 l’un des principaux animateurs, avec Leboucher, de la Chambre syndicale des hommes de peine dont il rédigea les statuts précisant que la chambre avait pour but de « rallier unis sans distinction de sexe, de nationalité de profession, tous ceux qui font œuvre utile de leur habileté, de leurs muscles ou de leur intelligence, tous ceux, en un mot, qui travaillent au profit des riches oisifs, des banquiers, des spéculateurs, des dirigeants » et précisant que « La politique ou tout acte politique » demeuraient interdits au sein de la Chambre qui n’était pourvue d’aucun comité central ni conseil d’administration « considérant que le mode d’organisation syndicale hiérarchique et autoritaire [était] abusif et préjudiciable au principe de solidarité qui doit nous unir ». Ces statuts furent approuvés lors d’une assemblée générale tenue le 19 novembre 1887 qui nomma également le bureau de la chambre : Riemer (secrétaire général), Charles Baudelot (secrétaire adjoint) et Jérôme Laurens (trésorier). En décembre il était également le secrétaire de la 19e section de la Chambre.
Fin mai 1886 il avait été le fondateur, avec Mereaux, Diamisis, Mareuil et Alexandre du Groupe anarchiste du quartier du Père Lachaise. Selon le rapport d’un indicateur, à la fin d’une réunion tenue le 9 août 1886 Passage des Randonneaux, il aurait « emporté le chat de l’établissement qu’il avait l’intention de manger” !
Il était également signalé dans les réunions du groupe La Raison (voir Ravet) en 1885 puis de La Sentinelle révolutionnaire du XVIIIe arrondissement puis dans les réunions de la Ligue des antipatriotes.
Fin décembre 1886 sa fille décédait et lors de l’enterrement le 25 décembre, Gustave Leboucher avait annoncé que comme tous les enfants du peuple elle était morte de faim tandis que ceux des bourgeois et de exploiteurs « crevaient d’indigestion ».
En janvier 1887, Louiche, qui se faisait également appeler Jean Lorié, fut l’orateur — aux cotés de Louise Michel, Octave Jahn, Tortelier, Malato… — de réunions de protestation contre la condamnation à mort de Clément Duval. Le 28 février, avec notamment Octave Jahn et une dizaine d’autres révolutionnaires, il assistait à l’enterrement de l’ouvrier Albert Deruyter qui dans les jours précédent avait assassiné quai de Grenelle le directeur de l’aciérie Dorlodot, son ancien patron, puis s’était suicidé.
Le 18 mars 1887, lors du punch organisé à la Brasserie Hongroise, 93 rue Montmartre, par la Ligue des antipatriotes, les groupes La Panthère, Le Combat, La Lutte et L’Insurgé, il avait fait l’apologie de Duval « un héros de l’anarchie » et avait notamment déclaré que « Le vol doit être considéré comme une retitution légale des biens accaparés par les bourgeois, et le pillage et l’incendie comme une vengeance bien méritée ».
Militant et orateur anarchiste individualiste, Louiche était l’un des principaux animateurs du groupe qui publiait la revue mensuelle L’Autonomie individuelle (Paris, 9 numéros de mai 1887 à mars 1888) qui « au nom de la liberté combattait le communisme, même libertaire ». La revue qui était sous-titrée « revue mensuelle des idées an-archiques » était administrée par Charles Schaeffer et aurait eu pour principaux rédacteurs Lucas et, selon Pouget, Carteron et Deherme. Il était membre, semble-t-il, du groupe La Lutte avec entre autres Murjas, Moucheraud, Couchot et Pivier.
En décembre 1887 il avait été chargé, avec Tennevin et Ricard, de rédiger une circulaire destinée aux groupes de province et de l’étranger pour appuyer la parution du nouvel organ ça Ira lancé notamment par Malato, Pouget et Constant Martin.
Il aurait été également membre du groupe Le Combat avec Tortelier, Thomas, Gallais et Ferré entre autres et participait parfois aux réunions du groupe Les Travailleurs communistes libertaires du XXe arrondissement. Selon la police, il appartenait en 1887 au groupe Les Libertaires du XXe arrondissement, formé d’anciens membres des Travailleurs communistes libertaires et de la Jeunesse de la Ligue des antipatriotes dont Guillet, Diamisis, Siméon, Deherme, Vauries et les frères Lucien, Charles, Jérôme et Louis Laurens. Ce groupe se réunissait chaque lundi à la salle Normand, 50 rue de Ménilmontant, puis rue Henri Chevreau et, à partir de janvier 1888 Passage des Rendonneaux au siège du groupe cosmopolite.
Le 29 mars 1888, lors d’une réunion tenue par la Chambre syndicale des hommes de peine à la Bourse du travail, contre les bureaux de placement, et après que d’autres compagnons aient appelé à “wattriner” les placeurs, il avait rappelé qu’il ne pouvait rappeler à la tribune les moyens de se débarrasser des placeurs, mais qu’il avait le droit de rappeler que les prolétaires de 1789 « promenaient, à la faveur de la nuit, la torche incendiaire dans les châteaux » ; puis il avait ajouté « des allumettes et quelques journaux sont suffisants pour faire rôtir un cochon ! » (APpo BA 75)
En avril 1888, Louiche gagna Le Havre où sous le nom de Jean Marie Lorié, il fut hébergé par le compagnon Heydecker, 32 rue des Galions. Puis il alla 6 Placer Gambetta où il vivait avec sa compagne, la piqueuse de bottine Adrienne Mariano, âgée de 38 ans. Cette dernière accoucha le 15 juin 1890 d’un enfant naturel dont Louiche fit la déclaration et le reconnut, mais d’une mère non dénommée et l’enfant fut mis en nourrice. De plus il refusa d’en faire la déclaration au bureau d’hygiène, ce qui lui valut d’être condamné le 10 mars 1891 à 3 jours de prison et 16 francs d’ammende. Pendant son séjour au Havre, Louiche travailla quelque temps aux Forges et chantiers de la Méditerranée. Il regagna la région parisienne avec sa copagne sans doute fin 1891 ou début 1892.
Le 22 avril 1892 à l’atelier de Neuilly où il trvaiallait, comme de nombreux militants tant à Paris qu’en province, il fut arrêté préventivement à la manifestation du 1er mai, fut poursuivi pour « association de malfaiteurs » avant d’être remis en liberté au bout de quelques jours. Lors de la perquisition effectuée en son absence, la police avait saisi quelques brochures anarchistes.
Le 11 juin 1892, il fut avec Michel Zevaco et Jacques Prolo l’un des orateurs d’une réunion tenue devant environ 150 personnes à la salle Simon (rue des Rosiers) à Saint-Ouen où il avait notamment déclaré que Pini et Ravachol étaient de vrais anarchistes montrant aux compagnons le chemin qu’il fallait suivre.
Vers 1893 il demeurait 42 rue du Chemin de fer à Nanterre.
Au printemps 1895 il était en détention à Versailles pour « vol ».