Frère d’Attilio Bulzamini, Pasquale était également militant anarchiste. En 1901, pour des raisons de travail il avait émigré en Suisse où, en 1906, fiché comme anarchiste, il avait sans doute été expulsé et s’était réfugié en France avant de revenir en Italie où il était sous surveillancedès 1907.’
Pendant quelques années, il resta dans la province de Lucca, occupé dans les laboratoires de marbre de la région, il continua à être étroitement surveillé et les informations fournies par les Carabiniers parvinrent au Ministère de l’Intérieur via la préfecture de Lucca, qui considérait Bulzamini comme un « anarchiste dangereux ».
Lorsque la crise économique s’est aggravée, il avaita émigré en Amérique du Sud, en décembre 1911, selon le rapport actuel de la préfecture de police de Bologne, et avaitrésidé à San Paolo, au Brésil jusqu’à l’automne 1913, date à laquelle il étaitretourné en Italie, choisissant comme résidence la ville de Viareggio.
Il vit et travaille en Versilia, continue de professer des idées anarchistes, est surveillé par la police locale qui transmet ses rapports à la préfecture de Lucca.
Après l’avènement du fascisme, Bulzamini, malgré les difficultés rencontrées par un antifasciste qui veut rester cohérent, ne cèda pas. En fait, il a été soumis à des mauvais traitements et à des violences de la part des fascistes pour avoir refusé d’adhérer au syndicat d’entreprise.
Le 21octobre 1928, alors qu’il se promenait avec son fils Ercole, il fut violemment agressé à Viareggio par un groupe de fascistes qui le jetèrent du haut d’un pont sur une voie de chemin de fer. Pasquale Bulzamini, amené à l’hôpitalydécèdait trois jours plus tarddes suites d’une commotion cérébrale. Peu auparavant il s’était indigné de l’exécution de l’ouvrier Michele Della Maggiora condamné à mort pour avoir tué deux fascistes qui le persécutaient et l’un des premiers condamnés à mort du régime fasciste suite à une nouvelle loi pour la défense de l’État instituant en Italie la peine de mort.
La version fournie par les autorités est complètement différente. Dans un télégramme au ministère de l’Intérieur envoyé le 5 janvier 1930, le préfet de Lucca déclare que Bulzamini est mort « par noyade après avoir été poussé dans le canal de Farabola par un certain Simonetti Mario, un criminel condamné, qui s’est suicidé environ huit mois plus tard., avec qui il s’était battu, tous deux ivres ». Les deux versions sont évidemment inconciliables, mais les dossiers médicaux dressés par les médecins qui ont accueilli Bulzamini à l’hôpital démentent la version de la préfecture, ruinant ainsi la tentative des autorités de dissimuler les méfaits des fascistes.