Après avoir obtenu le Certificat d’études primaires dans sa douzième année, René Boucher fut ouvrier d’usine. À dix-huit ans, il fut mobilisé pour la durée de la guerre et à son retour il reprit son travail dans la métallurgie. Attiré vers l’anarchisme, il entra, en 1919, au groupe d’études sociales de Saint-Denis qui devint, sous son action organisatrice, le groupe libertaire de Saint-Denis, lequel adhéra à la Fédération anarchiste de la région parisienne. Boucher fut, vers la même époque, licencié de la Compagnie internationale des wagons-lits sise à Saint-Denis pour avoir, en mai 1920, participé à une grève qui échoua. Entré aux établissements Petit-Vicart à Saint-Ouen, il fut une nouvelle fois renvoyé, en 1921, à la suite d’une grève menée contre la fabrication des armes de guerre. Il s’embaucha alors dans la corporation du Bâtiment comme cimentier. Jusqu’en 1925, date à laquelle il quitta son emploi, il appartint au comité intersyndical de Saint-Denis ainsi qu’à celui du syndicat unique du bâtiment ; ensuite, de 1925 à 1928, il fut ouvrier d’entretien dans une usine de cette localité et sut mettre à profit ses loisirs pour compléter sa formation d’autodidacte.
En 1928, il entrait dans la presse en qualité de sangleur-pointeur aux rotatives. Au contact des correcteurs, il s’initia à leur métier et put, en octobre 1930, être employé comme correcteur à l’imprimerie Diéval. Le 13 avril 1931, il fut admis au syndicat des correcteurs.
Parallèlement à ses activités syndicales Boucher n’en poursuivit pas moins son action de militant anarchiste. Le 6 juin 1926 il avait été le délégué du groupe de Saint-Denis au congrès de la fédération parisienne de l’UA où il s’était priononcé contre un accord avec certaines tendances individualistes. Il représenta le groupe libertaire de Saint-Denis au congrès de l’Union anarchiste qui se tint à Orléans, 12-14 juillet 1926 et où il fit la connaissance de Nestor Makhno. Le congrès se clôtura par l’adoption d’un Manifeste qui s’efforçait de concilier les points de vue des communistes et des individualistes, des révolutionnaires et des éducationnistes ; l’Union anarchiste changeait alors de nom et devenait l’Union anarchiste communiste. Boucher, adversaire des individualistes, était partisan d’une organisation anarchiste structurée. Lors de l’assemblée générale de la Fédération parisienne, tenue le 29 août 1926, il avait été nommé secrétaire de cette fédération aux cotés de Le Meillour (secrétaire adjoint et trésorier).
Il représenta également son groupe au congrès de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire qui se tint à Amiens du 12 au 15 août 1928 ; il y fut élu à la commission administrative et fut chargé de la rubrique « La voix de province”) dfans Le Libertairre… En avril 1928 il avait été candidat abstentionniste lors des élections législatives. A l’automne 1929 il fut le délégué de l’UACR au congrès régional de la Fédération communiste libertaire du Languedoc à Lézignan.
Au printemps 1930 il avait été autorisé à visiter à la prison de la Santé Jean Ribeyron “détenu politique” de l’UACR. Il était alors domicilié 71 rue de Paris à Saint-Denis.
Il fut membre du Comité d’organisation du congrès de l’UACR tenu les 19-21 avril 1930 au 19 rue du Petit Thouars à Paris où 22 groupes avaient été représentés et dont la première journée avait été ouverte à tous les anarchistes commuistes, adhérents ou non à l’UACR. Il quitta l’Union anarchiste-communiste révolutionnaire après le congrès de Paris, qui vit les tenants de l’autonomie en matière d’organisation l’emporter sur les partisans d’une organisation centralisée. Boucher se démit également de ses fonctions de secrétaire de rédaction au Libertaire, qu’il avait assumées depuis fin 1927.
Boucher, membre du comité Sacco-Vanzetti, avait accompagné Luisa Vanzetti, sœur du supplicié à Modane, gare frontière, lorsqu’elle ramena en Italie les cendres des deux anarchistes.
En 1935, son domicile, Allée Verte à Saint-Denis, figurait sur la liste de vérification de domiciles anarchistes.
De la Libération à octobre 1947, il occupa le poste de délégué général de l’imprimerie de France-Soir et anima, à ce titre, dans son imprimerie, la grande grève de la presse de février 1947 qui dura cinq semaines et s’acheva sur un succès. En 1950 il habitait 5 rue Blondel (Paris 3e arr.) et il figurait sur la liste des domiciles anarchistes à surveiller. De 1952 à 1956, il fut membre du comité syndical des correcteurs et secrétaire adjoint du syndicat de 1953 à 1955. Il prit sa retraite en avril 1963 puis assura le secrétariat de la section des retraités du syndicat des correcteurs.
René Boucher qui aimait à participer avec sa compagne Cecile aux repas amicaux réunissant les vieux militants libertaires, est décédé le 29 juillet 1984.
Est-ce lui, ou Jean Boucher, qui fut à la Libération permanent au local de la Fédération anarchiste, Quai de Valmy, poste dont il avait démissionné fin 1945 ? En tous cas en 1949, il avait fait savoir qu’il n’avait rien à voir avec Jean Boucher ce qui lui avait valu un méchant entrefilet dans Le Libertaire (5 août 1949).