Ouvrier typographe et militant de la Société de libres penseurs La Luz qui publia à partir de novembre 1885, 25 numéros d’un organe de même nom, Jaime Torrens Ros avait participé en 1887 au congrès comarcal catalan de la Fédération des travailleurs de la régionale espagnols (FTRE). L’année suivante, il était membre de la société ouvrière Arte de imprimir, du groupe anarchiste dont faisaient également partie P. Esteve et C. Oller. Cette même année, il fut agressé lors d’un meeting à Barcelone.
En 1889 il participait avec Cuadrado et Llunas à une tournée de propagande à Tarrasa en faveur des prisonniers et, au 2e Certamen socialiste de Barcelone, présentait l’étude Estudio critico sobre las pasiones humanas.
En 1896 il était, semble-t-il l’éditeur du périodique Ariete anarquista (Barcelone, 2 numéros). Suite à l’attentat en juin 1896 de la rue Cambio Nuevos, il fut arrêté et traduit en décembre devant un conseil de guerre où, avec 40 autres accusés, il fut condamné à 20 ans de prison, tandis qu’étaient condamnés à mort, puis exécutés le 4 mai 1897 Tomas Ascheri, Luis Mas, José Molas, Juan Alsina et Antonio Nogues. I fut par la suite déporté d’Espagne et arriva à Liverpool en 1897 (?) avec Juan Montseny et Soldedad Gustavo.
Il émigrait ensuite pour l’Argentine et arrivait en décembre 1897 à Buenos Aires dont il était immédiatement expulsé à Montevideo. Revenu aussitôt en Argentine et emprisonné, il était finalement libéré début 1898, suite à une campagne menée en sa faveur notamment par P. Gori. Il s’installait alors à Buenos Aires où il allait travailler comme relieur et s’impliquer dans le mouvement anarchiste et ouvrier argentin.
En janvier 1900 il fut l’orateur lors de l’inauguration de la Maison du peuple de Buenos Aires, puis l’année suivante le délégué des arts graphiques au congrès de fondation de la Fédération ouvrière argentine (FOA) dont il rédigea la déclaration de principes et dont, à l’issue du congrès, il fut nommé membre de la première commission administrative. Il participa cette même année à de nombreux meetings — notamment en mai 1901 contre la répression en Espagne, à Rosario lors de l’anniversaire de la fondation du syndicat des maçons, en novembre 1901 lors de la conférence commémorant les martyrs de Chicago — et joua un rôle considérable dans l’organisation des dockers argentins et uruguayens et la fondation du syndicat portuaire de Buenos Aires.
Lors du deuxième congrès tenu par la FOA en 1902, il défendit des thèses anarchistes radicales, s’opposant vivement aux thèses de P. Gori en faveur de l’arbitrage et fut réélu à la Commission administrative. Il fut l’artisan de l’adhésion à la FOA des travailleurs du Marché central de Buenos Aires et fut l’un des orateirs de la grande manifestation du 1er mai. Lors de la grande grève des dockers à la fin de l’année 1902, il fut avec Cabello l’un des négociateurs avec le gouvernement, puis, pour éviter de subir la la loi de Résidence et la répression, il passait en Uruguay où on ignore ce qu’il est devenu.
Jaime Torrens Ros, qui avait été le traducteur en espagnol de la brochure « L’amour libre » d’Albert (Buenos Aires, 1900) a collaboré plusieurs titres de la presse libertaire dont La Associacion (Barcelone, 1883-1889) organe de la sociéré des typographes, El Corsario (Valence, 1902) et La Luz (Barcelone, 1885-1886)
Jaime Torrens Ros est, selon les sources, parfois prénommé Juan et appelé Torrente, Torrents ou Ros Torrent. Il pourrait s’agir aussi de Juan Torrens Ros, né à La Villanova y Geltru vers 1872 et qui avait été condamné à vingt ans de prison en 1896 après les attentats à Barcelone.