Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

SURIA, Santiago « SURIETA” ; “Le BOSSU »

Né à Valence en 1900 — assassiné par l’OAS le 10 avril 1962 — Cordonnier — MLE — CNT — Levant — Alger
Article mis en ligne le 11 février 2010
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Santiago Suria

Bossu de naissance et mesurant à peine 1 mètre, Santiago Suria Surieta, qui était le fils d’un modeste artisan marbrier, avait adhéré très jeune au mouvement libertaire. Particulièrement actif dans les Arhénées, il occupa pendant la guerre civile divers postes de responsabilité.

A la fin de la guerre civile il était parvenu à s’embarquer sur le Lézardieux à destination de l’Afrique du Nord où il fut interné au camp de Boghari (Camp Morand) où il fit partie du groupe Exilio formé par les jeunes libertaires qui publia un journal du même nom.

Après la libération il fut membre de la FL-CNT d’Alger où il était occupait la fonction de « paquetero », le responsable de la répartition et de la vente des brochures, livres et journaux de l’organisation. Il avait organisé à son domicile une bonne bibliothèque et pour une somme modique prêtait des livres à ceux qui n’avaient pas les moyens de s’en acheter. Travaillant occasionnellement comme cordonnier, Le bossu, comme l’appelaient ses ennemis, parcourait du matin au soir les rues d’Alger et en particulier celles de Bab El Oued, son quartier, pour y répartir la presse libertaire. Il participa également à une coopérative de production de chaussures qui avait été montée par des militants cénétistes.

A la fin de la guerre d’Algèrie, il fut menacé par l’OAS et ses voisins musulmans l’avertirent et lui proposèrent de ne plus sortir de chez lui et de le ravitailler ; la fédération locale de la CNT lui recommanda la plus grande prudence, en vain, Surieta ne voyant pas quel mail il y avait à faire circuler la presse libertaire. Le 10 avril 1962 au matin, alors qu’il sortait de chez lui, quartier de La baseta à Bab El Oued, avec une musette pleine de livres et de revues, Santiago Suria était enlevé par un commando de l’OAS. Battu, fouillé par les assassins qui recherchaient des adresses qu’ils ne trouvèrent pas, il fut ensuite étranglé. Son cadavre, toutes les articulations brisées, fut abandonné le lendemain dans un sac, rue de Normandie, avec l’écriteau « Ainsi payent les traîtres — OAS ». Pour des rausins de sécurité aucun membre de la FL-CNT n’assitera à l’enterrement.


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