C’est en 1911 alors qu’il était lycéen à Kustendil, qu’Alexandre Sapoundjiev était devenu anarchiste et avait donné sa première conférence sur l’idéal anarchiste. De 1913 à 1916 il fit des études de philosophie à Sofia, à l’issue desquelles il fut nommé instituteur à la campagne tout en gardant les contacts avec les camarades de Kustendil et Sofia. Mobilisé en 1915 lors de la première guerre mondiale il effectua son service militaire puis après la démobilisation termina des études de droit. Mais il ne voudra jamais exercer la profession de juriste la considérant en contradiction avec ses conceptions anarchistes.
Il vécût un certain temps à Kustendil aux cotés de son père, ancien instituteur en retraite. Pour gagner sa vie il travaillait alors comme arboriculteur. Le 1er mai 1919 il fut l’un des orateurs remarqué du grand meeting organisé à Kustendil. En juin il prit part comme délégué de Kustendil au congrès constitutif de la Fédération Anarchiste Communiste de Bulgarie (FACB). Il allait dès lors participer à tous les congrès, rencontres, conférences nationales du mouvement et ce jusqu’à la fin de sa vie. Cette même année 1919, il sera arrêté et jugé après une manifestattion de rues. Adversaire de la tendance des « expropriateurs et terroristes », Sapoundjiev insistait obstinément et sans cesse sur la nécessité d’un travail d’éducation, d’activités largement et foncièrement sociales et publiques et d’organisation permanente des anarchistes.
En 1921 il était à nouveau instituteur et participait au congrès clandestin de la FACB à Mal-Tépé dans la montagne de Kazanlik. A son retour du congrès il était arrêté avec dix huit autres militants et définitivement exclu de l’enseignement. Il prit alors part à la la publication du journal clandestin Anarchiste puis fut chargé de la direction de l’organe hebdomaire de la FACB Pensée Ouvrière (Sofia). Présent à la grande réunion de Sofia le 30 avril 1922, il fut arrêté avec une cinquantaine de militants sur ordre du gouvernement de Stamboliski et emprisonné. La rédaction de Pensée Ouvrière fut alors déplacée à Kustendil sous la directin de Dimitar Panov.
Délégué au 5e congrès de la FACB à Yambol début 1923, il y présenta un rapport important et y prit une part très active lors de la rédaction des différentes motions. Il sera ensuite le directeur de la revue mensuelle théorique Société Libre qui commencera à paraître le 1er mai 1923.
Après le coup d’État du 9 juin 1923 et la suspension par le nouveau gouvernement de Pensée Ouvrière, Sapoundjiev était arrêté et interné à Iskrets. Pendnat l’insurrection de septembre 1923 il fut à nouveau arrêté. A sa libération, tuberculeux, il dut passer quelques mois à l’hôpital universitaire Alexandre à Sofia dont le directeur était un compagnon, le docteur Paraskev Stoyanov, puis au sanatorium d’Iskrets. Rétabli il retournait à Sofia en août 1924 où il s’occupait à nouveau de la revue Société Libre.
Après l’attentat de la cathédrale de Sofia en avril 1925, avec lequel il n’avait rien à voir et qu’il avait désaprouvé, il était arrêté comme de nombreux camarades et assigné à résidence surveillée. Prévenu du danger d’être assassiné, il se réfugiat alors en Yougoslavie où il allait travailler comme ouvrier débardeur à la gare de Veliki-Betchkerek.
En 1927 et 1928 le groupe d’anarchistes bulgares réfugiés à Veliki-Betchkerek (une quarantaine de militants) commencait à émigrer en traversant clandestinement la frontière autrichienne. Parti le dernier Alexandre Sapoundjiev arrivait à Paris puis, sous le faux nom de Nicolas Tanev s’installait en 1928 à Toulouse où existait un groupe anarchiste bulgare important composé d’étudiants et d’ouvriers qui élaborera de façon méthodique les conceptions organisationnelles sur lesquelles allait se réorganiser le mouvement bulgare. Il travaillait alors comme manœuvre à l’usine d’engrais chimique Onia.
Revenu en Bulgarie après l’amnistie de 1930, il publiait une épaisse brochure sur « L’Organisation anarchiste » où il développait les conceptions élaborées à Toulouse et parcourait tout le pays pour unifier les divers groupes dispersés et faire renaitre la FACB. Il participait, notamment avec Lozanov, G. Grigorov Hadjiev, P. Dinev et Kosta Daskalov, à l’organisation de la conférence nationale de Lovetch, à la reparution des journaux Pensée Ouvrière et Société Libre et à la publication de livres et brochures. Il subsistait à cette époque en travaillant comme ramoneur et sera emprisonné quelques mois pour une traduction et publication d’un texte de Sébastien Faure.
Après le coup d’État fasciste du 19 mai 1934, il ne pouvait plus rester à Sofia et se retirait au village de Biala, département de Varna, où il allait se consacrer à la viticulture et au mouvement coopérateur tout en gardant les liens avec le mouvement libertaire.
En 1942, il était perquisitionné, arrêté et envoyé six mois en résidence surveillée à Goliano-Petchéné, district de Vrasta.
Sous le régime communiste et lors des grandes rafles de décembre 1948 contre le mouvement libertaire, il a été arrêté, ses mémoires inédites confisquées et fut interné au camp de concentration de Beléné, mais la coopérative de Biala où il était un militant estimé intervint et il fut libéré.
Alexandre Sapoundjiev est mort le 6 juillet 1975 dans un village du bord de la Mer noire.