José Salamé Miro avait émigré très jeune à Barcelone où il avait adhéré à la Fédération Ibérique des jeunesses libertaires (FIJL) et à la CNT. En juillet 1936 il participait aux combats de rues à Barcelone où il fut témoin de la mort de Francisco Ascaso puis, mentant sur son âge, s’enrôlait dans la Colonne Durruti pour aller combattre sur le front d’Aragon. Il était ensuite sans doute renvoyé à l’arrière puis en 1938 appelé sous les drapeaux et participait à la bataille de l’Ebre. Il passait en France lors de la Retirada par Cerbère et, étant blessé à un bras, était soigné dans un bateau hôpital de Port Vendres avant d’être interné au camp d’Argelès puis à celui d’Agde. Pendant l’occupation il fut réquisitionné et envoyé travailler pour le compte de l’organisation Todt à la construction de la base sous-marine de Lorient où il échappera de peu à un bombardement.
A la libération il suivait une formation d’électricien à Paris et adhérait à la Fédération anarchiste. Il était licencié après avoir défendu des ouvriers maghrébins et avoir été calomnié par la CGT qui fit courir le bruit qu’il était un agent franquiste. C’est à la même époque qu’il rencontrait sa compagne Renée Desvaux et que tous deux partaient s’installer dans le sud de la France. Membre de la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ), il remettait en état un fort sur l’ile Sainte-Marguerite au large de Cannes et la transformait en auberge de jeunesse dont il devenait le « père aubergiste ». Il y peignit noramment une fresque au dessus de la cheminée du réfectoire. C’est dans cette auberge qu’à la fin des années 1940 qu’eurent lieu les camps d’été de la Fédération Anarchiste et que selon Georges Fontenis, se rencontrèrent les militants désireux de créer une tendance communiste libertaire qui allaient déboucher sur la formation de l’Organisation Pensée Bataille (OPB) organisme clandestin au sein de la FA, qui allait prendre la direction de l’organisation et la transformer en Fédération Communiste Libertaire (FCL).
Dans les années 1950, José Salamé qui était également « père aubergiste » à Nice et fréquentait toujours les milieux libertaires, s’opposa au futur négationniste Paul Rassinier qui était alors membre de la Fédération anarchiste reconstituée. En juin 1962, avec sa compagne Renée, il participa à plusieurs actions de soutien et de solidarité avec Louis Lecoin en grève de la faim pour obtenir le statut d’objecteur de conscience. Après l’indépendance de l’Algérie, José Salamé participa en 1962 à un chantier du Service Civil International à El Khemis, au sud de Tlemcen : lors de ce chantier, où des opérations de déminage avaient lieu en lançant des pierres sur les mines, il entra en conflit avec les villageois qui préféraient construire une mosquée plutôt qu’un barrage et aussi parcequ’il avait récupéré de vieilles pierres tombales pour les réutiliser comme matériau de construction. Il profita de ce séjour en Algérie pour y rencontrer les derniers Ajistes encore présents à Oran et Alger. Il participa également à plusieurs kiboutz en Israel.
Dans les années 1970, après avoir été membre de l’Organisation communiste libertaire (OCL), José Salamé avait adhéré à Nice au groupe Makhno de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) et entrait en conflit avec la CNT espagnole qui présentait cette organisation comme « un groupe armé ».
A l’âge de la retraite et après avoir été très affecté par le décès accidentel en 1989 de sa compagne Renée Desvaux, José Salamé, qui était depuis de nombreuses années membre du Centre International de Recherche Anarchiste (CIRA) s’était installé à Amélie-les-Bains où il continuait de fréquenter les militants libertaires des deux cotés de la frontière (CNTF et CGT espagnole). A l’hiver 2006 il participait au col du Perthus au 65e anniversaire de la Retirada.
José Salamé est décédé à l’hôpital de Perpignan le 18 juin 2007 et a été incinéré le 22 juin au funerarium de Canet du Roussillon.