Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ROUCO BUELA, Juana

Née à Madrid le 19 avril 1889 — morte le 31 octobre 1969 — FLA — FORA — Buenos Aires (Argentine) — Barcelone (Catalogne) — Montevideo (Uruguay) — Rio de Janeiro (Brésil)
Article mis en ligne le 12 juin 2009
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.
Juana Rouco Buela

Orpheline de père à l’âge de 4 ans, Juana Rouco Buela — dont le véritable nom était Juana Buela — était arrivée en juillet 1900 en Argentine, où son frère aîné Ciriaco allait très tôt l’entraîner à participer aux activités du mouvement libertaire et anarcho-syndicaliste.
Elle intervenait dès 1904 au meeting du 1er mai organisé à Buenos Aires par la FORA et le Parti socialiste et l’année suivante était la déléguée, mandatée par les ouvriers de la raffinerie de sucre de Rosario, au congrès de la Fédération Ouvrière de la Régionale Argentine (FORA) où l’anarchisme communiste fut adopté comme but final de la Fédération.

Très attentive au sort fait aux femmes ouvrières, elle fondait en 1907, notamment avec Maria Collazo, Virginia Bolten, Teresa Caporaletti et Marta Neweelstein, le premier centre anarchiste féministe d’Argentine. Sa participation déterminante cette même année à la grève des locataires et contre l’augmentation des loyers lui valait d’être expulsée du pays.

A son retour en Espagne et après un bref passage à Madrid, elle allait en 1908 à Barcelone où elle entrait en relations avec des militants de prestige (Anselmo Lorenzo, Leopoldo Bonafulla, Teresa Claramunt) et participait à l’agitation en faveur de Francisco Ferrer, ce qui l’amenait à séjourner également à Marseille et en Suisse.

En 1909 elle retournait en Amérique latine, et s’installait à Montevideo où elle allait être la directrice du journal La Nueva Senda qu’elle avait fondé avec notamment Virginia Bolten et Maria Collazo. Suite à la manifestation de protestation contre l’exécution de Ferrer en Espagne et au meeting où elle avait pris la parole, elle fut obligée de se cacher pendant plusieurs mois. Lors d’une descente de police, elle était parvenue à s’enfuir en se déguisant en homme. En 1910 elle revenait à Buenos Aires où, suite à la grève générale déclarée par la FORA lors du centenaire de l’indépendance, elle était arrêtée et expulsée en Uruguay. Après avoir été libérée de prison contre le versement d’une caution, elle reprenait le militantisme en Uruguay.

En 1914 elle décidait alos de regagner l’Europe pour s’installer à Paris et s’embarquait clandestinement pour la France. Après avoir été découverte à bord, elle était débarquée à Rio de Janeiro où elle allait militer plusieurs années et devenir la compagne de Juan Castiñeira.

Juana Rouco Buela revenait en 1917 en Argentine où elle allait devenir une oratrice de talent et faire de très nombreuses conférences au nom de la FORA et permettre le développement de l’anarchisme : elle participa notamment aux manifestations de la semaine tragique de 1919, à la défense des locaux de La Protesta contre les groupes fascistes, aux campagne en faveur de Simon Radowitzky, à celles contre la répression en Patagonie en 1921-1922, au soutien à Saco et Vanzetti et aux grèves et manifestations contre la dictature du général Uriburu.

En 1921, avec des femmes de la province de Buenos Aires, elle fondait le Centro de estudios sociales argentino, un lieu de débat et de formation pour les femmes.

Depuis 1922 elle résidait avec son compagnon, José Cardella et leurs deux enfants à Necochea et fondait le premier journal féministe anarchiste Nuestra Tribuna (Necochea, 1922-1924).

Après le coup d’État en 1930 du général Uriburu et la répression qui s’en suivit, elle dut mettre un frein à ses activités. Lors de la guerre d’Espagne, elle participa et organisa m’aide à l’Espagne républicaine.

Dans les années 1940 elle combattit le péronisme mais dut très vite cesser toute activité publique.

Dans les années 1950 elle était membre de la Fédération libertaire argentine (FLA).

Juana Rouco Buela est décédée le 31 octobre 1969 à Buenos Aires, quelques semaines après avoir été renversée dans la rue par une camionnette. Le 19 avril précédent, à l’occasion de son 80e anniversaire, un hommage lui avait été rendu au local de la FLA auquel avaient participé plus de 200 compagnons et compagnes et où avaient pris la parole Jacobo Prince (FLA), Diego Abad de Santillan et Teodoro Suarez (FORA).

Juana Rouco, outre les titres cités ci-dessus, avait collaboré entre autres à Tierra y Libertad (Mexico) et à la revue Mujeres Libres (Londres-Montady).

Œuvres : — Historia de un ideal vivido por una mujer (Ed. Reconstruir, 1964).


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