Jules Régis avait commencé à militer dans la section du 2e arrondissement du Parti ouvrier socialiste révoluitionnaire de J. Allemane. Secrétaire en 1896 de la chambre syndicale ouvrière de l’industrie florale, c’est à l’écoute des conférences de Sébastien Faure qu’il devint anarchiste. En décembre 1897 il remplaça Gustave Rebut à la gérance du Libertaire qu’il exerça pour n ou deux numéros avant d’être remplacé par Lafond.
Cette même année 1897 il avait été l’imprimeur-gérant du numéro unique de L’Incorruptible (Paris, février 1897) dont l’initiateur aurait été Constant Martin et qui était consacré au conseil de guerre tenu à Montjuich (Espagne) le 15 décembre 1896 contre des compagnons espagnols. L’année suivante il collabora à l’hebdomadaire Le droit de vivre (Paris, 9 numéros du 25 avril au 15 juin 1898) dont les gérants étaient Constant Martin et F. Prost. Il aurait participé également très activement à la campagne menée en faveur d’Alfred Dreyfus par Sébastien Faure et son quotidien Le Journal du Peuple (Paris, 299 numéros du 6 février au 3 décembre 1899) avant de devenir, semble-t-il un déçu du Dreyfusisme. Il aurait été également l’un des premiers organisateurs du syndicat des fleuristes-plumassières ce qui lui avait valu une mise à l’index du patronat (cf. L’Humanité, 16 novembre 1909).
Jules Régis que la police qualifiait « d’impulsif à l’excès », pouvant aller jusqu’à la violence — ainsi que l’attestent diverses condamnations pour « coups et blessures et tentative de meurtre » — « s’est toujours occupé avec d’autres anarchistes de venir en aide aux compagnons détenus pour faits politiques ou crimes et délits de droit commun » (cf. rapport du 14 juin 1900). Il se fit particulièrement remarqué en 1898 époque à laquelle il habitait une baraque dans la cour du 114 rue Marcadet (18e arr.). En mars il organisa une conférence en faveur d’Etiévant, auteur d’un attentat contre le poste de police de la rue Berzélius (17e arr.) dans lequel deux agents avaient été blessés. Après la condamnation d’Etiévant en juin à la peine de mort, puis, après sa grâce, à son envoi au bagne où il décédera, Jules Régis s’occupa de son père et lui rendit souvent visite à l’hôpital où il avait été admis ; c’est lui qui aurait communiqué ai journal L’Aurore, qui les publia, les lettres d’Etiévant adressées à son père. Ce même mois de mars 1898, le 28, il avait participé à un déménagement « à la cloche de bois », 54 rue des Rigoles (20e arr.) au profit d’une mère de trois enfants, dans lequel le propriétaire et le concierge avaient été rossés. Mécontent des comptes rendus parus dans les journaux à cette occasion, Jules Régis, accompagné de quelques compagnons, se présenta révolver au poing dans les rédactions pour exiger un rectificatif.
A l’été1898, avec notamment G. Bordes, Vivier, Lucas, F. Prost, Renard, Crotti et Sadrin, il avait fait partie du groupe accusant S. Faure, Pouget et Grave de « faire de l’anarchie au profit de leurs ventres » et avait en réaction fondé le bi-mensuel Le Cri de révolte (Paris, 10 numéros, 20 août 1898 — 1er mars 1899) dont il assumera la gérance à partir de janvier 1899 où il avait remplacé F. Prost. Selon le rapport d’un indicateur, daté du 29 mars 1899, il critiquait alors très violemment S. Faure assurant que si il était vrai que ce dernier avait accepté de l’argent de Reinach pour le Journal du Peuple, qu’à chaque fois qu’il le rencontrerait ce serait « pour lui cracher au visage et que s’il ripostait, il tomberait dessus à coups de poings et le frapperait jusqu’à ce qu’il en crève ». A l’été 1899 il participait également à diverses réunions organisées par le groupe devant éditer le journal L’Homme Libre autour de Girault, Prost, Caris et Lavergne entre autres.
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Le 13 septembre 1898, au nom du Groupe de secours aux détenus politiques, il avait adressé une somme de 10f à Luigi Luccheni, détenu à Genève, après avoir assassiné Sissi l’impérative d’Autriche-Hongrie.
Le 4 janvier 1900, il avait participé aux cotés de Prost, Girault, Pflug, Louise Reville et Libertad à un meeting de protestation contre les condamnations de militants arrêtés lors de la manifestation en août 1899 contre le Fort Chabrol et accusés d’avoir pillé l’église Saint-Joseph.
Le 19 mai 1900, il présida le meeting en faveur des anarchistes espagnols libérés de Montjuich, tenu à la Maison du Peuple auquel participèrent environ 300 personnes et où intervinrent Girault, Malato, Louis Guérard, Liard Courtois et A. Cyvoct.
Jules Régis, est décédé le 12 juin 1900 à l’asile Sainte-Anne où il avait été interné et où il aurait été “tué à coups de barres de fer”.