Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

RATHIER, Jules

Mort début 1960 — FA — Paris 5
Article mis en ligne le 18 mars 2009
dernière modification le 7 janvier 2025

par R.D.
Jules Rathier

De formation individualiste, Jules Rathier était un vieux militant anarchiste du quartier de la Montagne Sainte-Geneviève et de la rue Mouffetard. Cheveux longs et barbe imposante, sandales à lanières aux pieds, il avait « conservé dans son aspect extérieur un peu de cette tournure mise à la mode par Zo d’Axa » et était devenu au quartier latin de l’après guerre « un élément représentatif de la bohème qui y vit du souvenir de Villon et s’adapte mal aux temps modernes » (cf. M. Joyeux).

A la fin des années 1940 et début des années 1950, il montait au local de la Fédération anarchiste, Quai de Valmy, souvent accompagné du charpentier Lefeuvre et de Lapin un autre compagnon de la rue Mouffetard, pour s’y approvisionner en Libertaire qu’il vendait à la criée dans les rues du quartier des écoles entre la Mouffe et la Maubert.

« Doué d’une grande finese d’esprit, Rathier avait assimilé une immense lecture et s’il continuait à soigner attentivement son personnage, il sentait les problèmes que pose le monde moderne… avec une acuité qui [au début des années 1950] l’avait rapproché du groupe Louise Michel » (cf. M.Joyeux). Il collabora à cette époque régulièrement au Monde Libertaire. Lors de son hospitalisation en 1952 à Brévannes, Jacques Yonnet soulignait la popularité de sa silhouette de patriarche et s’interrogeait dans les colonnes du premier numéro du Monde Libertaire (octobre 1954) : « …Qui dira la bonté de cet homme, l’immense rayonnement tendresse qu’il dissimulait mal dans la violence ombrageuse de ses diatribes ? Le vieux libertaire aux élans généreux, aux souvenirs emplis de sueur et de soleil, aux indignations de prophète, est présentement de santé précaire… ». Sentant sa fin proche, le Père Rathier, comme on l’appelait dans les milieux libertaires, s’échappa du sanatorium où la maladie le clouait pour venir mourir début 1960 dans son quartier de la Montagne-Sainte-Geneviève.

A-t-il un rapport avec Jules Rathier, né le 22 mai 1860 au Havre ? Ce dernier, qui était mécanicien, fréquentait au milieu des années 1880 les réunions ouvrières et était au début des années 1890 secrétaire du syndicat des mécaniciens chauffeurs. La police le qualifiait alors de « socialiste et non anarchiste » et indiquait que depuis plusieurs années il naviguait comme mécanicien à bord d’un yacht. Il avait été membre du groupe Le Vigilant et, lors d’un banquet en mars 188 ? offert à un député de Paris, avait déclaré : « Tandis que nous fêtons ici, nous avons des frères malheureux qui crèvent de faim. Eh bien, pour éviter cela, il faut faire comme en 1789, détruire les seigneurs, car ce sont eux qui veulent abattre le travailleur ». (cf. AD Seine-Maritime 4M2696)…


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