Dans son dernier numéro (21 février 1885) le journal Terre et Liberté (Paris), avait annoncé la condamnation à 3 mois de prison des compagnons Gallais et Puillet de Lyon. Tous deux avaient été arrêtés le 12 février, au lendemain d’une réunion publique contre les expulsions de locataires, où ils avaient appelé à une manifestation sur la voie publique et avaient dénoncé l’attitude des rédacteurs du Cri du peuple traitant les anarchistes de mouchards.
Louis Puillet appartint au « groupe de la Guillotière et des Brotteaux », le plus important des groupes anarchistes lyonnais au début de l’année 1890 (Voir Blonde). Le 8 février 1887, deux bombes avaient explosé au Palais de Justice blessant un commissaire et sept agents de police. L’enquête s’orienta vers les anarchistes : Puillet, Bergue, Vitre et Dervieux furent soupçonnés, mais l’instruction n’alla pas plus loin. Il demeurait à cette époque au 43 rue Cuvier.
En décembre 1888, il était le secrétaire de la Chambre syndicale des hommes de peine de Lyon qui était en formation et dont faisaient également partie les compagnons Dervieux, Ramé, Perroncel et Monnier. Ne comptant qu’une vingtaine de membres, il semble que cette chambre se soit dissoute l’année suivante. Toutefois, sous le nom de Syndicat des travailleurs réunis, elle se réorganisait dès la fin mai 1890.
Avec C. Dervieux, anarchiste lyonnais, Puillet se rendit à Vienne (Isère) sur l’invitation des militants de cette ville afin d’étudier une éventuelle fusion des groupes anarchistes de Lyon et de Vienne. Les travaux n’aboutirent à aucun résultat concret. Puillet fut arrêté le 27 avril 1890 en prévision de troubles possibles dans la ville de Lyon à l’occasion du 1er mai ; il fut remis en liberté dans la première quinzaine de juin. Dès le 12 juin il participa à une réunion privée de compagnons tenue salle Marcellin où, à propos de ces arrestations préventives et de l’affaire François Cadeaux (voir ce nom), il déplora le manque de solidarité, la faiblesse et la désorganisation du mouvement : « Il faudrait nous sentir les coudes de plus près et que, le moment venu, nous puissions au moins nous reconnaître. Il fut un temps à Lyon où nous étions une légion et aujourd’hui nous en sommes réduits à ne nous rencontrer dans nos réunions privées que cinq ou six, toujours les mêmes […] Il fut un temps à Lyon que, lorsqu’un compagnon était arrêté, aussitôt ceux qui étaient restés libres se cotisaient et faisaient une somme, minime il est vrai, à ceux qui se trouvaient sous les verrous… Les quelque uns qui restent sont inconscients et les autres, qui furet nos amis, passent dans les rangs d’une secte que je qualifierai pas. » A l’issue de cette réunion avait été adopté et signé par Puillet, Dervieux, Blain, Monfouilloux, Vitre, Perroncel, Raby, Ancian et Rondy l’ordre du jour suivant : « Les quelques anarchistes fidèles à leur passé, réunis salle Marcellin, déclarent rester fidèles au programme de la Fédération de 1880 et se portent tous solidaires pour leurs actes, quelqu’ils soient ».
Puillet, Dervieux, Blain et Hugonnard représentèrent les anarchistes lyonnais à un congrès des groupes anarchistes de la région organisé à Genève par les anarchistes de la ville, les 16-17 août 1890, en vue de regrouper les anarchistes sur le plan régional (voir Jahn) où fut fondée une Fédération internationale des revendications prolétariennes dont fut élu secrétaire l’électricien Chomat et trésorier le typographe Zograffoz.
A la mi janvier 1892 il participa au congrès régional anarchiste tenu à Lyon (voir Durey) où il se montra notamment favorable à la participation des anarchistes à la manifestation du 1er mai. Le 17 janvier 1892, lors de la soirée familiale tenue à la brasserie Corompt à Lyon pour clore le congrès régional et le cycle de conférences de Sébastien Faure, il avait interprété la chanson Le Drapeau rouge. Il participait à cette époque aux réunions du Groupe des ennemis de toute candidature.
Fin mars 1892 il aurait remplacé comme dépositaire de la presse anarchiste l’un des frères Paris démissionnaire.
Fin avril 1892, Il fut de nouveau arrêté préventivement à Lyon, à la veille du 1er mai, ainsi que trente-huit de ses compagnons, sous l’inculpation d’association de malfaiteurs contre les personnes et les propriétés ; il recouvra la liberté le 5 mai et regagna son domicile, 61 rue de Sèze. Il travaillait à cette époque chez un teinturier de la rue Bossiet.
Le 1er janvier 1894, avec sa compagne Marie Ramille, il fut l’objet, comme une cinquantaine d’autres militants de la région d’une perquisition où la police n’avait trouvé qu’une seule brochure anarchiste.