Ouvrier agricole dans les vignes depuis l’âge de 13 ans, Élisée Perrier, qui en 1927 avait été condamné à une peine de prison avec sursis suite à une action contre l’école libre, était, comme son frère Paul, militant dans les années 1930 du groupe libertaire d’Aimargues et du syndicat autonome des ouvriers agricoles animé par les libertaires. Membre de la commission des finances du syndicat, il fut sollicité à plusieurs reprises par le syndicat pour négocier lors des conflits sociaux. Lors du Conseil de révision de 1933 à Vauvert, avec plusieurs autres militants d’Aimargues dont Étienne Chatellier et André Roux, il était allé « acceuillir » le préfet au chant de L’Internationale.
Mobilisé lors du déclenchement de la guerre dans un régiment d’infanterie à Toulon, il choisit alors de s’insoumettre. Élisée Perrier fut arrêté à Apt en janvier 1940. Déféré au tribunal militaire de la 15e région à Marseille, il fut condamné à 5 ans de prison pour insoumission et resta interné dans un camp pendant toute la guerre.
A la Libération il fut de de ceux qui souhaitèrent reconstruire le groupe libertaire et il milita au groupe local de la Fédération anarchiste (FA) et au syndicat autonome reconstitué. Toutefois le syndicat autonome, suite à l’implantation après guerre de la CGT, ne tarda pas à péricliter. Puis il fut l’animateur du syndicat CNTF des ouvriers agricoles et participa activement aux grèves de l’après-guerre (juin 1947, avril 1948, mai 1950) dont il fit souvent le récit dans les colonnes du Libertaire et du Combat syndicaliste. Lors de l’importante grève déclenchée à la mi-avril 1948 par les ouvriers agricoles d’Aimargues, il fut l’un des membres du comité de grève formé de cinq syndiqués CNT et de cinq syndiqués CGT. A cette époque, le maire d’Aimargues était un ancien militant anarchiste et ancien membre de la CGTSR. Dans les années 1950 E. Perrier collaborait à la série mensuelle de Contre-courant de L. Louvet.
Au printemps 1950, il fut particulièrement actif lors de la grève des ouvriers agricoles d’Aimargues déclenchée par la CNT, la CGT et des non syndiqués suite à une assemblée générale tenue le 6 mai et qui aboutira au bout de 5 semaines de grève à une augmentation de 10 francs horaire. Le 20 mai, suite à une intervention brutale des CRS contre près de 350 grévistes, la grève générale avait été déclenchée l’après-midi et les écoles comme les commerces de la localité avaient fermé. Dès le début de la grève une soupe populaire avait été organisée et fonctionna jusqu’à la fin du conflit. E. Perrier, qui demeurait alors rue Clémenceau, fit le compte rendu de ce conflit dans Le Combat syndicaliste et dans Le Libertaire.
S’agit-il du Perrier dit Germinal qui, en août 1936 avait accompagné Adrien Perrissaguet à Barcelone avec un laissez-passer du Comité de défense de la révolution espagnole anti-fasciste, voyage dont, avec Perrissaguet, il avait fait un compte rendu le 21 août au théâtre municipal de Périgueux ?
Oeuvres : articles d’E. Perrier dans Le Libertaire : — A Aimargues, autour de la grève (18 octobre 1946) ; — A Aimargues, les bienfaits de l’action directe chez les agricoles (5 juin 1947) ; — A Aimargues, démocratie syndicale ? (4 septembre 1947) ; — Ménageons nos forces (15 avril 1948) ; — A tous mes amis (11 juin 1948) ; — Paul Roussenq “l’Inco” n’est plus (19 août 1949) ; — A Aimargues les chômeurs recourent à l’action gestionnaire (9 décembre 1949) ; — A propos d’une lettre de magustrat (17 février 1950) ; — A Aimargues, la grève est terminée (16 juin 1950).