Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PANTAIS, Roger, Francis

Né à Angers le 14 octobre 1914 — mort le 13 février 1997 — Mécanicien automobile — LICP — UA — FA — CIRA — CGT — CGTSR — Angers & Trélazé (Maine-et-Loire) — Barcelone (Catalogne)
Article mis en ligne le 17 novembre 2008
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Roger Pantais (1936)

Roger Pantais était issu d’une nombreuse fratrie élevée seule par leur mère suite au décès de son mari.

Roger Pantais était au début des années 1930 membre des jeunesses Socialistes et de la Ligue Internationale des combattants de la paix (LICP). Avec son frère Daniel, il avait fondé la section automobile du syndicat des métaux CGT d’Angers et avait également activement participé au mouvement des auberges de jeunesse. C’est après une conférence d’Aristide Lapeyre à Angers, que vers 1934 il devint anarchiste et adhéra à la CGTSR qui était alors bien implantée à Trélazé. Il fut également membre de la Société de jeu de boules de fort de la Tour du Moulin où se retrouvaient de nombreux autres militants anarchistes de la région et participa au club de football L’Eglantine créé en opposition à celui du patronage catholique.

Au milieu des années 1930 il participa à la création de l’auberge de jeuneses de La Daguenière, surnommée Floréal, qui allait devenir un centre de nombreuses réunions et activités.

Lors du conseil de révision il parvint à se faire exempter après avoir jeuné et perdu énormément de poids.

Il participa très activement aux grèves de 1936 et à l’été, partit pour l’Espagne y participer au mouvement révolutionnaire à Barcelone. Il fit de nombreux allez et retours entre Trélazé et Barcelone, transportant en camion vêtements, vivres et armes pour les compagnons espagnols. En février 1937, avec 10 aitres compagnons dont son frère Raymond, Jean Triouleyre, Georges Desnois René Prince, Alphonse et Eugène Tricheux, Marcel Schlauder, René Rey, Louis Montgon et Alphonse Masse, il fut suspecté par la police d’avoir été impliqué dans le vol dans la nuit du 5 au 6 février de nombreuses armes (13 mitrailleuses, 13 mousquetons et plusieurs pistolets) à l’école de cavalerie de Saumur. Certaines de ces armes seront retrouvées lors d’une perquisition au siège du Comité Espagne libre rue Crusol à Paris. A cette même époque il était à Barcelone le trésorier de la section française de la CNT avec notamment Chatris

Revenu en France, après les affrontements de mai 1937 avec les staliniens, et ne trouvant plus de travail à Angers, il ouvrit avec ses frères un petit atelier de réparation automobile à Trélazé mais fut sur le point d’abandonner tout militantisme : « …Désabusé par la victoire de Franco, j’avais des problèmes avec les autorités militaires et fit sur le point d’abandonner toute action. C’est alors que la Ligue internationale des combattants de la paix annonça une conférence avec Sébastien Faure que j’avais connu en Espagne… D’être venu écouter un homme de son âge parler de la paix, du désarmement, alors que nous sentions la guerre toute proche, et terminant sa conférence par ces paroles, comme un testament « Je ne reviendrai probablement jamais à Angers et je vais vous chanter ma chanson Aux Jeunes », je reçu ce soir là la plus belle leçon de morale de ma vie ».(Témoignage de R. Pantais, mars 1985).

Militant pacifiste, lors des préparatifs de mobilisation et lors des essais de défense passive où l’obscurité devait être totale, Roger, avec d’autres compagnons, allumait à Angers et Trélazé des feux de bengale et collait sur les affiches de mobilisation l’affichette « A bas la guerre ». Il envisagea même de faire sauter à la dynamite le monument aux morts d’Angers, tentative qui se solda par un échec. Il participa également à la distribution du tract Paix immédiate pour lequel Louis Lecoin fut arrêté à Angers le 23 septembre 1939.

Pendant l’Occupation, avec sa compagne Jeanne Garandel qu’il avait épousé le 18 juin 1940, il continua de maintenir les contacts avec des copains prisonniers et à aider quelques militants espagnols qu’ils avaient aidé à sortir du camp d’internement de Chateaubriant et auxquels ils fournissaient de faux papiers. ils allèrent également à plusieurs reprises dans les carrières pour voler aux allemands de l’essence qui était ensuite redistribuée à des ouvriers carriers : « …Nous fumes prévenus par la gendarmerie… et par la police qui nous convoqua à plusieurs reprises pour que surtout nous restions tranquilles. Notre action se borna donc à survivre à une guerre que nous n’avions pas voulue et à aider les copains qui passaient. Le père de Suzy Chevet, instituteur en retraite, rue Pascal à Angers, en a caché sa part, surtout des espagnols. Nous connaissions bien les camarades socialistes, communistes… et n’ignorions rien de leur action… Hélas, trois jeunes communistes seront arrêtés (des amis de jeunesse), deux seront fusillés, le troisième déporté dans un camp de concentration en Allemagne, à la suite d’une dénonciation due à la femme de l’un d’eux… » (Idem).

A la Libération il participa à la reconstruction de la Fédération anarchiste et fut délégué du groupe Angers-Trélazé a congrès tenu à Paris en octobre 1945 puis à celui de Dijon l’année suivante. En 1947, avec notammen, t sa compagne et A. Rivry, il organisa le congrès tenu à Angers. Avec sa compagne il s’opposa ensuite à la tendance menée par Georges Fontenis et l’OPB. Après que ce dernier se soit emparé de l’organisation, devenue Fédération communiste libertaire (FCL), il participa à la reconstruction d’une nouvelle Fédération anarchiste et au congrès tenu à paris les 25-27 décembre 1953. Nommé responsable du Bulletin intérieur de la FA (Trélazé, 10 numéros de janvier 1954 à mai 1956) dont sa compagne fut chargée de la trésorerie. Il fut ensuite l’un des organisateurs du congrès tenu en 1961 par la FA à Trélazé. Il milita à l’époque pour la fin de la guerre d’Algérie. Après les évènements de mai 1968, il fut mis en cause par certains militants qui lui reprochèrent d’être « un petit patron », et quitta l’année suivante la FA.

Il continua alors de militer à la Libre Pensée à laquelle il était adhérent depuis de nombreuses années et dont au début des années 1990 il était le président pour le Maine-et-Loire et sa compagne trésorière. « Réfractaire à la religion » il avait tenté de se faire débaptiser avec son frère Raymond, mais s’était heurté au refus du curé qui leur aurait dit « Vous êtes nés chrétiens, vous mourrez chrétiens, en plus vous irez en enfer ». Il participa également à la création de la Maison de retraite de La Lbre Pensée à Saint-Georges des Sept Voies.

Roger Pantais, qui était également adhérent du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Marseille, est décédé à Angers le 13 février 1997.

Sa sœur Hélène fut la compagne de Desplanches et sa sœur Janette celle de Paul Lapeyre.


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