Militant du groupe toulousain Les Vengeurs, fondé en 1886, et où il était le bras droit de Marius Madières, Pierre Narcisse, « petit toulousain râblé à l’œil malin, qui portait un collier de barbe rouquine et fumait ninas sur ninas » fut condamné à huit jours de prison” pour outrages aux agents " au cours d’une des conférences de Sébastien Faure, au printemps de 1889.
Propagandiste, il vendait la presse libertaire, Le Père Peinard, la Révolte auxquels il était abonné et tous écrits révolutionnaires. Au printemps 1892, suite à un vol de dynamite à Toulouse, il fut perquisitionné à son domicile rue Maurice Fort, comme les compagnons Dax, Jouy, Liard et Madières. Il fut l’objet le 20 novembre 1893 d’une nouvelle perquisition au cours de laquelle la police saisit de nombreux ouvrages de Kropotkine, Bakounine et Reclus. Les 1er et 3 janvier 1894 il fut de nouveau victime de perquisitions où, aux policiers qui cherchaient de la correspondance en provenance de l’étranger, il avait désigné ce qu’il appelait “la lessiveuse”, le foyer allumé où il brûlait les lettres après lecture. Il était marié à Anne Bernardou qui était également membre du groupe.
Après 1894, il devint l’un des correspondants toulousain notamment du Libertaire et du Pére Peinard. Délégué des bûcherons de Villers-Cotterêts et des cordonniers de Toulouse au 3e congrès de la CGT tenu à Toulouse en 1897, il y fit partie de la commission chargée d’élaborer une motion sur le boycottage.
Le 9 janvier 1898, lors d’une réunion du groupe Les Vengeurs, il prit fait et cause pour Alfred Dreyfus, déclarant qu’avec Picquart ils étaient « Les plus grands martyrs du siècle ».
En décembre 1898, lors d’une réunion contradictoire de Mirbeau, Marmande et Pressensé à Toulouse, attaquée par un groupe antisémite, la compagne de Narcisse, dans les affrontements, avait arraché le drapeau tricolore des mains d’un contre manifestant et l’avait foulé au pied tandis que les chaises pleuvaient le les coups de canne crépitaient (cf. Le Libertaire, 6 janvier 1899).
En 1899 il fut condamné à dix mois de prison pour « outrage à magistrat”, puis passa une vingtaine de jours à Paris avec sa femme, et déclara loger chez Sébastien Faure.
En 1905, ils accompagnèrent S. Faure dans une tournée de propagande. En septembre de cette même année, ils s’installèrent à La Ruche, école libertaire fondée par S. Faure en janvier 1904, près de Rambouillet (Seine-et-Oise). Adroit et serviable, il aida à La Ruche, les uns et les autres en réparations et bricolages divers. Selon le témoignage d’Alfred Joriot « Les soirs qu’il voulait gâter son monde, Narcisse faisait marcher le phonographe, un beau phonographe à rouleaux, au pavillon resplendissant. Lui seul savait manipuler cet appareil étonnant qu’il entourait de soins paternels. Il y avait de jolis airs, des romances qui faisaient soupirer les filles et blaguer les garçons, des morceaux d’opéra et certaines chansons comiques, qui, chaque fois au bon moment, provoquaient les mêmes coups de coude, coups d’œil avertis ou éclats de rire » (cf. « Le Fossé »manuscrit autobiogr., p.25).
En 1911, le couple regagna Toulouse, après avoir été renvoyé par Sébastien Faure après que celui ait appris qu’Anna Narcisse, avait pris l’habitude de fouetter avec une badine les mollets des enfants qui traînaient autour de la cage où se trouvaient les petits poussins.