C’est encore très jeune que Juan Montoliu del Campo avait émigrè à Hospitalet de Llobregat (Barcelone) où il devint éboueur et adhéra très vite au mouvement libertaire. Lors des journées de juillet 1936 il participa à l’assaut de la caserne de l’Hospitalet, puis, une fois les militaires vaincus, il organisa la collectivisation des services de nettoyage de la ville avant de partir comme milicien pour le front d’Aragon. En 1938 il était commandant d’un bataillon confédéral et participa aux combats de Belchite.
Exilé en France lors de la Retirada, il fut interné dans divers camps avant d’être envoyé dans une Compagnie de travailleurs étrangers pour aller travailler à la construction du barrage de l’Aigle dans le Cantal. C’est sur ce chantier où travaillaient près de 600 espagnols que, pendant la guerre, allait se réorganiser clandestinement le mouvement libertaire espagnol et qu’allait être nommé le premier comité national. Après l’occupation de la zone libre en 1942, et en liaison avec la résistance française, Juan Montoliu allait être l’organisateur du maquis CNT du Pic Violent qui comprenait quatre groupes d’une quinzaine d’hommes chacun. Ce maquis, qui appartenait à la 13e région militaire des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) effectua de nombreuses actions de sabotage et aux accrochages aux abords du tunnel du Lioran des colonnes allemandes venant d’Aurillac et se dirigeant vers Clermont-Ferrand. Nommé lieutenant FFI, Juan Montoliu, responsable d’une compagnie de 74 compagnons espagnols intégrés au Bataillon Didier, participa aux combats de la libération jusqu’au 31 octobre 1944, date à laquelle l’ensemble des maquisards FFI devaient s’intégrer à l’armée régulière.
Juan Montoliu partit alors à Rouen où il travailla comme maçon et participa à la réorganisation de la Fédération locale de la CNT en exil. Après un accident du travail, il prit une retraite anticipée et s’installa en région parisienne. Membre de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI), il fut membre de la Commission de relations de la zone nord (Paris-Normandie) et l’un des permanents des locaux confédéraux de la rue Sainte-Marthe puis de la rue des Vignoles. Il fut avec Terraza le représentant de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) au Comité de gestion du nouveal local de la rue des Vignoles. Ce comité, constitué le 25 septembre 1970, comprenait également les délégués suivants : Capellas (FL de Paris), Perralta et D. Fuentes (Zone Nord du MLE), J. L. Redlinski et G. Malouvier (ORA), Bazes et Amado Marcellan (Jeunesses anarcho-syndicalistes). Assez corpulent, prompt à s’emporter — il était célèbre pour ses coups de gueule —, il était d’une rectitude militante, d’une générosité et d’une solidarité sans faille qui lui avaient gagné l’estime de nombreux jeunes militants français de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) qui partageaient les mêmes locaux.
Juan Montoliu, qui était très attaché à la langue catalane, tenait chaque année avec Roque Llop le stand de librairie lors du meeting commémoratif de la révolution espagnole tenue à la grande salle de la Mutualité. Secrétaire de la FL de Paris au début des années 1970, il fut également administrateur du Combat syndicaliste avant de partir s’installer à la fin 1972 à Perpignan où il fut rapidement nommé secrétaire de la régionale CNT des Pyrénées-Orientales-Aude. Délégué au congrès tenu à Marseille début août 1975 par la CNT en exil, il fut victime au cours du congrès d’un malaise cardiaque. Revenu à Perpignan, il y décédait à l’hôpital le 6 août 1975.