Né dans une famille de militants libertaires aragonais émigrés en Catalogne, Tomas Marcellan Martinez avait commencé à travailler dès l’âge de 11 ans comme apprenti typographe en particulier à l’imprimerie qui tirait le journal La Colmena Obrera (Badalone, 1915-1920). Adhérent au syndicat CNT des arts graphiques de Badalone, il organisait à 15 ans sa première section syndicale et fut au début des années 1930 élève de l’école rationaliste El Progreso (250 élèves). Dès le soulèvement franquiste de juillet 1936, il participa à la Collectivité des arts graphiques de Badalone qui regroupait trois imprimeries. En 1937, il partit dans la Colonne Los Aguiluchos comme milicien au front où il sera assez grièvement blessé, perdant tous les doigts de la main droite.
Exilé en France lors de la Retirada, il fut pendant l’occupation ouvrier forestier dans l’Aude et l’Oise, parvint à échapper au Service du Travail Obligatoire (STO) puis fut ouvrier dans une usine de textile en Normandie. A la libération, il était à Saint-Marc-en-Othe (Aube) où il tentait de regrouper les militants de la FIJL de Badalone en exil. Puis il s’installa en région parisienne où il n’allait plus cesser dès lors d’occuper des postes de responsabilité tant à la CNT qu’à la FAI. Au début des années 1950, il fut l’un de ceux qui défendirent au sein de l’organisation la nécessité de se doter d’une imprimerie, position qui fut adoptée lors d’un plenum intercontinental à Toulouse. C’est ainsi que fut créée à Choisy-le-Roi L’imprimerie des Gondoles dont il fut nommé responsable et qui allait pendant des dizaines d’années tirer les journaux, brochures et tracts du mouvement espagnol en exil dont les hebdomadaires Le Combat syndicaliste (Paris, 1200 numéros bilingues de 1961 à décembre 1982) et Cenit (Paris, n°1 janvier 1983) dont il fut le directeur.
En 1968 Tomas Marcellan était le secrétaire de la Commission de relations de la Zone Nord du MLE. Il fut également le trésorier pour la région parisienne de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA).
Le 13 avril 1969, il fut, avec Eugenio Valdenebro, le représentant de la CNT en exil lors de l’inauguration au cimetière du Père Lachaise du monument à la mémoire des 35.000 républicains espagnols (résistants, soldats, déportés) morts pendant la Seconde Guerre mondiale, érigé suite à une souscription de la Fédération espagnole des déportés et internés politiques (FEDIP) dont le secrétaire était José Ester.
Tomas Marcellan fut délégué à la plupart des assemblées plénières et congrès de la CNT, de la FAI, de l’AIT (en novembre 1963 à Puteaux où il représentait l’organisation uruguayenne FORU, en avril 1976 à Paris) tant en France qu’en Espagne après la mort de Franco et la réorganisation de la CNT et où il participa notamment au V Congrès.
Partisan de la tendance orthodoxe, il était ennemi du sectarisme et, s’il était ferme sur ses positions, tentait de ne jamais blesser ses contradicteurs estimant « qu’une vie entière était nécessaire pour former un militant anarchiste et que cinq minutes d’un congrès pouvait le détruire à jamais ». Tomas Marcellan, qui avait collaboré à la plupart des titres de la presse de l’exil (CNT, Le Combat syndicaliste, Cenit, etc) et dont toute la famille appartenait au mouvement libertaire tant espagnol que français, est décédé à Choisy-le-Roi le 9 juillet 1997.
Il avait pour compagne Francisca Francitorra Olle (1922-2005) et était le père de trois enfants tous militants anarchistes.