François Malicet avait été arrêté et condamné à 25f d’amende pour avoir participé le 14 octobre 1877, lors des élections suivant le coup de force de Mac-Mahon, à une réunion dans un cabaret de Nouzon où avait été crié « Vive les rouges, à bas les blancs, Vive la Commune ».
Dès sa formation en septembre 1892, il adhérait au groupe anarchiste Les Deshérités dont l’un des animateurs était Émile Roger et rencontrait cette même année Fortuné Henry venu faire une conférence et dont il deviendra l’ami. Dans une lettre datée du 21 novembre 1893, Fortuné Henry, emprisonné à Clairvaux, écrivait à Nicolas Thomassin : « Une poignée de main à Malicet le figaro de Nouzon ». Sur la liste de décembre 1893 des anarchistes dees Ardnnes il était qualifoé de « sournois, dangereux ».
Le 1er janvier 1894 il s’était opposé aux policiers voulant perquisitionner chez lui, les traitant d’assassins et de voleurs, leur criant « Foutez-moi le camp ou je vous brûle la gueule », les menaçant de leur jeter un baquet d’eau et concluant par un magistral « Je vous emmerde », ce qui lui valut d’être condamné le 13 janvier à 8 jours de prison, peine portée à Nancy en 1 mois d’emprisonnement. Lors de cette perquisition la police avait saisi diverses correspondances (avec Fortuné Henry, Bouillard), quelques journaux et une vingtaine de brochures anarchistes (voir le rapport de perquisition in Archives anarchistes.
Suite à une tentative de sabotage de la voe ferrée dans la nuit du 16 au 17 juin 1894, et comme les compagnons Bouillard, Gualbert et Lepage, Malicet avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi 27 exemplaires du Père Peinard et de La Révolte.
Lorque Fortuné Henry avait fondé en 1903 la colonie L’Essai dans la forêt d’Aiglemont, il avait mis en commun une grosse partie de son avoir au bénéfice de la Colonie qu’il fréquenta régulièrement jusqu’en 1909. Lors d’une de ces visites, et alors qu’il jouait aux cartes et qu’il avait cru voir le compagnon André Mounier tricher, il s’était fâché et avait jeté ses cartes en disant « Quand on vole, même aux cartes, on n’est qu’un faux frère. On n’est pas un véritable libertaire. Adieu vous ne me reverrez plus ».
Il figurait en 1912 sur une liste d’anarchistes des Ardennes où il était qualifié de « dzangereux ».
Malicet portait une cravate noire striée de vert, les deux couleurs de ses idées politiques. Chaque année il confectionnait un calendrier bordé également de vert et noir et annoté de la devise de son cru « Et du boyau du dernier prêtre, serrons le cou du dernier flic ». Farceur il s’amusa pendant des années à jouer les revenants pour épouvanter sa vieille bigotte de sœur. Il hébergeait et nourrissait gratuitement un locataire que le dimanche 7 septembre 1927, il surprit s’introduisant dans la maison par derrière ; le locataire armé d’une hachette se jeta sur Malicet et le frappa. Malicet lui demanda « Pourquoi que t’as fait ça ? — Pour vos sous ! — Fallait m’en demander, je t’en ai déjà donné, tu le sais bien ». Quand les gendarmes apparurent, Malicet leur ordonna de sortir de chez lui et mourut dans la nuit sans avoir dénoncé son assassin.