Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BOUILLARD, Gustave, François “Le Grand Bouillard” ; “Le grand Nouillard”

Né à Lainois-sur-Vence le 18 janvier 1857 — mort en 191 ? — Ouvrier ferronier, puis frappeur — Nouzon (Ardennes)
Article mis en ligne le 11 mai 2008
dernière modification le 14 août 2024

par R.D.

Le 1er avril 1878, lors du Conseil de révision tenu à Charleville, Gustave Bouillard manifesta ses opinions antimilitaristes ; arrêté il aggrava son cas en déclarant « Les agents de police et la gendarmerie sont des canailles » ce qui lui vaut une peine de 8 jours de prison. Le 8 juin 1885, il subit une nouvelle condamnation à un mois pour avoir traiter des gendarmes de « Lâches ». Le 21 décembre 1888, lors d’une réunion électorale à Nouzon, il invectiva le maire : « Je t’emmerde toi et ton écharpe ; je suis anarchiste, je ne reconnais pas ton autorité ». Pousuivi, il fut condamné à 6 semaines de détention.

Après une longue période de maladie, il fut embauché en août 1891 à l’entreprise Génot de Nouzon et adhéra à l’automne au groupe anarchiste Les Sans Patrie fondé à Charleville le 10 octobre. comme une dizaine d’autres militants de Charleville et de Nouzon, Bouillard avait été poursuivi le 22 février 1892 pour « association de malfaiteurs » avant de bénéficier, comme ses camarades, d’un non-lieu le 11 avril suivant.

Fin avril 1892 Bouillard, qui figurait sur une liste d’anarchistes susceptibles de devenir dangereux pour la sécurité publique, fut arrêté à Nouzon pour son appartenance au groupe et est inculpé avec Paul Mailfait, Nicolas Thomassin et Jules Maré « de complicité dans une association de malfaiteurs ». Relaxé le 15 mai 1892, il n’avait sans doute plus de travail, et pour subsister avec sa compagne Félicie Lebeau et leur enfant âgé d’un an, il vendait la presse anarchiste à Rethel. L’affaire se termin paiur les quatres compagnons par un nin lieu le 23 juin 1892.

A la même époque il afficha les placards du Père Peinard à Revin et dans toute la région et accompagna la tournée ardennaise de Fortuné Henry. C’est au cours de cette tournée, que le 4 octobre 1892, il identifia à l’entrée de la salle le commissaire de police Givet signalé par « Taisez- vous là-bas, voilà la mouche et ça pique ! » ce qui déclencha une bagarre et la fin de la réunion. Comme le commissaire lui barrait la sortie, il l’invectiva en lui disant « Tu m’empêches de passer sale mouchard, fous moi le camp ou je vais te casser la gueule ». Invective qui lui valut une condamnation le 9 novembre à 3 mois de prison par le tribunal de Rocroi, avec le compagnon Clamart et la femme Routa (née Binet ou Baret) condamnés à 15 jours.

A sa sortie de prison Bouillard adhéra au groupe anarchiste communiste Les Deshérités fondé à Nouzon le 4 septembre 1892 et dont le principal responsable était Émile Roger. Il fit sans doute partie du groupe de 17 anarchistes de Nouzon, poursuivis en décembre 1892 suite à l’apparition sur les murs de la ville dans la nuit du 6 au 7 décembre d’un placard intitulé « Dynamite et Panama » commençant par cette phrase : « Il y a quelques semaines la dynamite parlait. Sa forte voix agréable à nos oreilles faisait défaillir toute la haute pègre des dirigeants et des exploiteurs ». Ce placard (voir portfolio) publié par le groupe L’avant-garde de Londres avait été interdit en France et son affichage à Nouzon coïncidait avec l’envoi de nombreuses lettres anonymes de menaces à des chefs d’atelier. Toutefois faute de preuves, l’instruction se soldera par un non-lieu.

Suite à la manifestation du 1er mai 1893, il fut condamné à Charleville à 2 jours de prison, peine qui sur appel à minimum du procureur, avait été porté à 15 jours en juin à Nancy où avaient également été condamnés deux autres compagnons de Nouzon : Jormet (6 jours) et Cochimard (10 jours). A cette même époque il entretenait une correspondance avec Fortuné Henry détenu à la centrale de Clairvaux.

Bouillard fut l’objet les 1er, 21 janvier et 21 juin 1894 — à la suite du sabotage d’une voie ferrée dans la nuit du 16 au 17 juin 1894 — de perquisitions de la police qui ne trouva rien. Puis il continua de participer aux réunions du groupe Les libertaires de Nouzon fondé en 1896 qui, à partir de septembre 1904 se tiendront à la colonie libertaire L’Essai fondée à Aiglemont l’année précédente par Fortuné Henry. Le 7 décembre 1910 la police signalait qu’il a versé 0, 50f pour soutenir le journal La Guerre sociale.

Il figurait en avril 1912 sur une liste d’anarchuistes des Ardennes où il était qualifié de « dangereux ».

Gustave Bouillard est décédé à Nouzon en 191 ?.


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