Mineur de soufre à Raguse, Franco Leggio était devenu anarchiste à la fin des années 1930 et pour échapper à la surveillance dont il était l’objet s’était engagé dans la marine. En 1944, atteint de tuberculose, il était soigné au sanatorium de Raguse dont il s’échappait le 1er janvier 1945 pour participer à un mouvement d’appelés de la marine ne voulant pas aller à la guerre et qui sera violemment réprimé (plusieurs centaines d’arrestations) et vaudra à Leggio d’être condamné à un an et demi de prison.
En 1946 il était membre du groupe anarchiste La Facciola de Raguse. En 1949 il participait très activement au mouvement de grève et d’occupation des mines auxquels prirent part plusieurs milliers de mineurs, produisant pour leurs propres comptes et leurs familles. Après la trahison des directions syndicales, le mouvement échoua au bout de deux mois de luttes et Leggio fut licencié et dut quitter la Sicile.
De 1949 à 1969 il travailla dans le bâtiment (peintre, maçon) à Naples, Gênes, Milan et en France où il fut en étroit contact avec des militants espagnols dont Cipriano Mera et le guérillero José Lluis Facerias. Avec ce dernier il organisa en novembre 1955 une Commission provisoire de relations des Jeunesses libertaires dont était secrétaire Dante di Gaetano et qui avait pour but d’organiser un congrès international et de fonder une nouvelle organisation la Fédération Anarchiste Juvénile réunissant militant italiens, espagnols et français, sans doute axée sur la lutte antifranquiste. Le congrès se réunira à Liorna en Italie les 25-26 décembre 1955 et sera suivi par plusieurs campings internationaux, mais la mort en Espagne de Facerias en 1957 mettra fin au projet d’organisation. En février 1957, Leggio fut le gérant du numéro unqiue du journal L’Agitazione del Sud (Modica, Sicile).
En 1960 Leggio fondait la maison d’édition La Fiaccola qu’il animait toujours dans les années 1970-80 ainsi que les éditions Anteo et La Rivolta, activités pour lesquelles il fut arrêté et perquisitionné à plusieurs reprises.
Lors de l’affaire Giovanni Marini, un jeune compagnon qui s’était défendu les armes à la main contre des fascistes, il s’impliqua activement dans le soutien et fut condamné en 1982 à 6 mois de prison qu’il effectua à Raguse. Dans toute la décennie des années 1980 il participa également très activement à la lutte contre l’installation de missiles américains à Comiso. En 1986 on tenta de la faire taire en voulant le faire passer devant une commission de psychiatres. Leggio avait répondu qu’il faudrait venir le chercher chez lui, et devant les manifestations de soutien, les juges avaient du faire machine arrière.
Le 22 octobre 1987, au motif d’une loi datant du fascisme, il avait été condamné à 5 jours de prison et 120000 lires d’amende pour avoir affiché des manifestes sur divers édifies de la direction des postes de la région.
Franco Leggio, qui avait entretenu une importante correspondance internationale, est décédé le 15 décembre 2006 à Raguse où ses funérailles furent l’occasion d’une importante manifestation anarchiste.
Le réalisateur P. Bertelli lui a consacré le film hommage à Franco Leggio anarchiste de Raguse