Petits fils de Charles-Ange et frère de Maurice, Charles Laisant avait commencé à militer vers 1925 au groupe d’études sociales d’Asnières. En 1932 il adhéra à l’Union des Jeunesses pacifistes de France (UJPF) dont il devint rapidement le secrétaire de la Fédération de la Seine. Il collabora à cette époque à plusieurs journaux pacifistes dont La Patrie Humaine et L’Echo pacifiste organe mensuel de l’UJPF. En 1936 il fut nommé membre du Comité national du front populaire de la Jeunesse où il avait réussi à imposer aux communistes un bureau représentatif de toutes les tendances. Il participa activement à cette époque à l’appui des grèvistes et notamment avec l’UJPF ax fêtes de solidarité en particulier dans les grands magasins parisiens. Il fut également, avec son frère Maurice, l’un des responsables de la Ligue de défense des objecteurs de conscience. Il adhéra ensuite au groupe d’Asnières de l’Union anarchiste (UA) où il se montra partisan de la fusion de l’UA et de la FAF et d’une entente avec la CGTSR une position qu’il défendit notamment le 19 mars 1939 lors du congrès régional de la Fédération pariseinne de l’UA et qui fit notamment combattue par L. Anderson, Barzangette et Pedron. La motion qu’il présenta fut repoussée par 24 voix contre 5. Lors de la Retirada, il participa avec son frère au placement de réfugiés espagnols auprès de compagnons.
Mobilisé à la déclaration de guerre en septembre 1939, il fut envoyé dans divers dépôts de la région parisienne puis sur le front de l’Oise. Après une retraite périlleuse de la poche d’Abbeville jusqu’en Dordogne, il rejoignit après sa démobilisation la compagnie Air France, repliée à Carcassonne, où il travaillait comme comptable avant guerre et était délégué syndical. Dénoncé par une lettre anonyme comme « élément qui, du fait de ses idées, pouvait nuire à la bonne marche de la compagnie », il fut couvert par un de ses anciens supérieurs, et ne fut pas licencié mais muté à Toulouse. Il y retrouva de nombreux compagnons dont Alphonse et Paule Tricheux, René et Marcelle Clavé, Étienne Guillemot et y fait la connaissance d’André Arru. Il y poursuivit dans la mesure du possible ses activités syndicales et avec l’appui des compagnons de la région « fournit des cartes d’identité aux personnes en situation irrégulière : juifs et insoumis » (cf. Témoignage de Maurice Laisant). Avec son frère Maurie, il participa également à la rencontre clandestine de militants libertaires qui se tint le 19 juillet 1943 dans une petite ferme appartenant aux époux Tricheux. A la libération de Toulouse, lors de l’assemblée générale des syndicalistes d’Air France, il empêcha une manœuvre des communistes pour s’emparer du syndicat. Il fut également nommé trésorier de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) dont le secrétaire était A. Arru.
Puis il rentra en région parisienne où il participa à la constitution de la Fédération anarchiste (FA) au congrès tenu à Paris les 6-7 octobre 1945 et collabora au Libertaire ainsi qu’au journal de L. Louvet Ce Qu’il Faut Dire. Il tenta à cette époque de rassembler dans le Cartel international de la Paix, toutes les organisations pacifistes non inféodées à un parti politique. Il avait également entrepris des démarches en 1945 pour obtenir l’amnistie de Joseph Briand, condamné à 5 ans de prison pour insoumission en mars 1940, et qui avait été à nouveau emprisoné en janvier 1945 et sera finalement amnistié en juillet. Charles Laisant est décédé à Asnières le 16 décembre 1952.