
Ouvrier polisseur à l’usine Christofle de Saint-Denis, Auguste Heurteaux (parfois orthigraphié Heurtaud), marié et père d’un enfant, était en 1889 membre du groupe anarchiste local qui se réunissait 26 quai du Port et dont faisaient entre autres partie Bastard, Brille, Segard et Petit. Le 9 mai 1891, suite aux incidents survenus à Clichy le 1er mai (voir Léveillé), il fut l’objet d’une perquisition comme d’autres militants dionysiens dont Joseph Gauthier, Alterant et Joseph Bastard. Il était soupçonné d’avoir participé à l’échauffourée de Clichy. Il fut relâché après interrogatoire.
A la mi mars 1892, suite à l’attentat de la caserne Lobau, son domicile 3 (ou 23) rue du Canal, comme celui de plusieurs militants de Saint-Denis — Broeckx, Bastard, Chaumartin, Guerlinguer, Voyez — avait été l’objet d’une perquisition. Comme de très nombreux compagnons, tant à Paris qu’en banlieue et en province, il fut arrêté, après « avoir vivement résisté aux agents”, le 22 avril 1892 préventivement à la manifestation du 1er mai. Selon la presse, c’était « un Hercule, haut de six pieds et musclé comme un cheval » qui avait nécessité l’intervention de 15 agents pour le maitriser. Il avait notamment protesté : « Je vais dans des réunions publiques, mais je ne fais partie d’aucune association. Je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe. Je proteste contre mon arrestation qui peut me faire perdre mon travail et que je considère comme arbitraire ». Lors de la perquisition avaient été saisi un très grand nombre de journaux, brochures et manifestes anarchistes. Sa sœur était la femme du compagnon P. Alterant. Il avait été emprisonné une dizaine de jours à Mazas.
Heurteaux avait établi chez lui une permanence, où les compagnons, à l’approche du terme, trouvaient des aides pour déménager à la cloche de bois.
Début 1893, il fut suspecté d’avoir participé à l’affichage de manifestes anti patriotiques lors des opérations de tirage au sort à Saint-Denis.
Le 1er janvier 1894, lors de la rafle suivant l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi quelques exemplaires du Père Peinard et de La Révolte, mais avait été laissé en liberté avant d’être une nouvelle fois perquisitionné le 3 mars suivant en son absence.
Le lendemain les gendarmes étaient venus l’arrêter à l’usine Christofle où une soixantaine d’ouvrier s’étaient opposés à son arrestation entrainant l’arrestation de plusieurs d’entre eux dont les compagnons Eugnène Thibivilliers et François Carré.
Le 21 mars 1894, Auguste Heurteaux comparaissait en police correctionnelle avec Cyprien Gavot, Alexis Lartigue, Arthur Maigret, Eugène Thibivilliers, François Carré, pour outrages et rébellion. Heurteaux fut condamné à 6 mois de prison, le tribunal avait acquitté Gavot, mais condamné Lartigue à 25 francs d’amende et Maigret à deux mois de prison. Thibivilliers et Carré, chacun à 3 mois.