Jules Guérin, qui était le frère d’Henri Auguste avec lequel il habitait 3 rue Linné (Paris 5e), après avoir été ajourné en 1918, avait été incorporé en octobre 1920 au 5e régiment de Génie dont il fut réformé temporaire en mars 1921 (définitif en février 1922).
Il travaillait depuis mars 1921 comme employé à la Librairie Hachette, Boulevard Saint-Germain. Abonné au Libertaire, il était depuis septembre 1923, le secrétaire du groupe anarchiste du 13e arrondissement et participait aux réunions du Comité d’initiative de l’Union anarchiste (UA). En octobre il fut nommé secrétaire adjoint, puis, en novembre, secrétaire de l’UA. En 1924 il participait fréquemment aux réunions du groupe universitaire anarchiste des 5e et 6e arrondissements et aurait été en janvier gérant de La Revue anarchiste. Le 14 février 1924 il avait souscrit une déclaration de gérance pour le journal espagnol Liberion qui fut suspendu par les autorités le 23 mars 1924. En mai suivant, lors des élections législatives, il fut candidat anti-parlementaire dans le 3e secteur de la Seine. Le 7 juin il fut inculpé d’apologie de meurtre et de crime dans un but de propagande anarchiste et de publication dans un journal interdit, mais l’affaire n’eut pas de suites judiciaires.
Selon la police, il fut de mai 1924 à juillet 1925 employé comme ambulant auxiliaire aux PTT et, à parti de la fin 1924, avait cessé de fréquenter les réunions anarchistes et observait une “attitude réservée du point de vue politique”, si bien qu’ en mai 1927, époque à laquelle il travaillait aux Halles, il avait été rayé de la liste de vérification de domiciles d’anarchistes.
En 1931 il aurait été impliqué dans une affaire de vols de voitures en Seine-et-Oise, en complicité avec un nommé Léon Martin (pseudonyme ?), ancien secrétaire au début 1930 de la Ligue internationale des réfractaires à toutes les guerres qui fabriquait de fausses cartes grises et aurait été domicilié chez Jeanne Morand à Mandres
Jules Guérin avait été admis au syndicat des correcteurs le 1er janvier 1924. Il collaborait à la même époque à l’administration du Libertaire quotidien (1923-1925) et aurait été membre — mais il pourrait s’agir de son frère Henri Auguste — de la rédaction de L’Idée anarchiste (Paris, 13 mars à 15 novembre 1924, 13 numéros) de Lucien Haussard. Il siégea 25 ans au comité syndical de 1937 à 1939, de 1941 à 1945, de 1948 à 1952, de 1956 à 1960 et de 1963 à 1965. Deux fois trésorier adjoint (1941 et 1952) il fut pendant 14 années trésorier de son syndicat (1942-45, 1948-51, 1958-60, 1963-65). Lors de son départ à la retraite en 1966 il écrivit : « Je souhaite au syndicat qu’il se trouve un camarade pour faire dans l’avenir, ce que j’ai fait pendant vingt-quatre ans : faire élire des comités semblables à ce qu’ils ont toujours été : syndicalistes et pas politiques ». (Cf. Bulletin des correcteurs, février 1966).