Georgi Grigorov était né dans une famille paysanne du nord de la Bulgarie. Dès 1921 il avait adhéré à la Fédération anarchiste communiste de Bulgarie (FACB). Après avaoir échappé en 1925 à une tentative d’assassinat par des monarchistes, il s’exilait en Tchécoslovaquie, puis retournait en Bulgarie avant de s’exiler en 1927 en France où à Toulouse il effectuait des études d’agronomie et nouait d’étroites relations avec le mouvement libertaire espagnol.
Au début des années 1930, il était vraisemblablement revenu à Sofia où sous le nom de Georges Hadjiev, il participait avec notamment Lozanov, Sapoundjiev, Dinev et Daskalov, à la réorganisation du mouvement et à l’organisation de la conférence nationale de Lovetch.
Pendant la guerre d’Espagne il était à Barcelone où il fut l’un des animateurs des émissions en langue bulgare de la radio CNT-FAI et participait à une collectivité agricole. C’est à cette époque, qu’il rencontrait en Espagne, sa future compagne Madeleine Lamberet. Fin 1938 il regagnait la Bulgarie où l’année suivante il était interné en prison puis dans un camp de concentration. Libéré le 19 septembre 1944, il participait à la reconstruction du mouvement libertaire. Lors de la vague de répression lancée par les communistes et dans laquelle seront emprisonnés plus d’un millier de compagnons, il parvenait à s’échapper et après un passage par la Turquie, s’installait en France à la fin des années 1940.
Demeurant à Paris dans le 18e arrondissement avec Madeleine Lamberet, il allait dès lors militer sous le pseudonyme de Georges Balkanski tant dans le mouvement bulgare en exil, que dans le mouvement français et espagnol où il défendra toujours par la parole et l’écrit les positions de l’anarchisme organisationnel. A la fin des années 1940 il était l’un des responsables de la Commission d’aide aux antifascistes bulgares qui dénonçait la répression communiste et l’internement en camps de nombreux militants. Membre de l’Union des Anarchistes Bulgares (UAB) en exil il fut l’un des responsables de la revue Nach Pat (Notre Route, Paris-Sydney, 1952-198 ?) et des éditions de même nom.
Partisan d’une internationale anarchiste d’organisations, G. Grigorov a activement participé aux travaux des commissions préparatoires du Congrès de Carrare (1968) où fut fondée l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA) et de Paris (1971). Membre avec Guy Malouvier, Umberto Marzocchi et Mariano Ocana de la Commission préparatoire du congrès international des Fédérations Anarchistes (CIFA) il en fut le trésorier et participa à son bulletin (11 numéros de septembre 1966 à août 1968), puis au Bulletin de la Commission de relations de l’Internationale de Fédérations anarchistes — CRIFA (Paris, 10 numéros de novembre 1968 à juin 1971) issu du congrès de Carrare et continua de participer par la suite à CRIFA (Savona, 1972-1978, au moins 26 numéros) dont le responsable était U. Marzocchi, puis Bulletin CRIFA (Paris, 1979-199 ?). Il fut l’un des délégués bulgares au congrès international de fédérations anarchistes tenu à Paris à l’été 1971.
Après la chute du mur de Berlin et l’écroulement de l’URSS, G. Grigorov revenait en Bulgarie où il retrouvait la compagne bulgare qu’il avait du abandonner en 1948 et participait à la résurgence de la Fédération anarchiste bulgare. Lors de son départ, il avait mis son appartement parisien à la disposition du secrétariat d’histoire de la fédération anarchiste pour y entreposer des archives. Georgi Grigorov est décédé à Sofia le 12 octobre 1996.
G. Grigorov, outre les journaux en langue bulgare et les organes du mouvement libertaire espagnol en exil, a collaboré à plusieurs titres de la presse libertaire française dont : AIT (Paris-Toulouse, au moins 70 numéros entre octobre 1956 et 1965) organe de l’Association Internationale des Travailleurs, Contre-courant (Paris, 1950-1968) de Louis Louvet, Le Libertaire (Paris 1944-1953), Le Monde libertaire (Paris, 1953- en cours), L’Organisation Libertaire (Marseille, 6 numéros de janvier 1968 à juin 1970) bulletin de l’ORA.
Œuvres : — Georges Cheitanov : pages d’histoire du mouvement libertaire bulgare (Ed. Notre Route, 1965) ; — L’anarchisme et le problème de l’organisation (Ed. espoir, 1969) ; — Libération nationale et révolution sociale (Ed. du groupe Fresnes-Antony) ; — Le fascisme hier et aujourd’hui (Ed. SIA, 1974) ; — Histoire du mouvement libertaire en Bulgarie (Ed. Volonté Anarchiste, 1982) ; — Les bases de l’anarchie (en bulgare et en espéranto) ; — Réforme agraire et collectivisation de l’agriculture en Bulgarie ; — De la Commune de Paris à la Commune de demain (Ed. AIT, 1967). Il a été également sous le pseudonyme Hadjiev le traducteur en bulgare de « Au café » de Malatesta, et de « Histoire d’un ruisseau » d’Élisée Reclus.