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GRANDIDIER, Louis, Auguste
Né à Saint-Denis le 3 avril 1873 – mort le 19 mars 1931 - Employé de commerce - AIA – CGT – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Article mis en ligne le 1er octobre 2007
dernière modification le 22 mars 2024

par R.D.
Louis Grandidier, 1914 (carte postale adressée à Eugène Humbert)

Né de Nicolas et de Marie Richolley et aîné d’une famille de six enfants, Louis Grandidier était dès le début des années 1890 membre du groupe anarchiste de Saint-Denis dont faisait également partie son frère Albert. Il travaillait alors comme manœuvre chez un fabricant de peaux et demeurait chez ses parents, 10 rue de la Charronnerie, où fin février 1893 il fut l’objet d’une perquisition et d’une arrestation pour "association de malfaiteurs". Fin août 1893, lors de la campagne abstentionniste des élections législatives et alors qu’il était en train de coller des affiches contre Barrés à Neuilly, avec notamment Bastard, Galau, Roussel et Bouchet, il fut arrêté et conduit au poste avant d’être relâché. En avril 1894 il s’était réfugié en Angleterre, d’abord à Londres chez H. Clerc puis à Birmingham. Il fut arrêté à Londres en décembre 1894.

Au printemps 1896, lors des élections municipales, il fut, avec Perron, candidat abstentionniste pour Les Libertaires de Sain Denis.

“Sympathique ouvrier dyonisien dont la laideur était fameuse” (cf. F. Jourdain « Sans remords ni rancune) il allait collaborer à un grand nombre de titres de la presse libertaire francophone dont : L’Almanach du Libertaire (1903-1904) dont il fut le directeur, La Bataille (Namur, 1895-1902), La Cravache (Reims, décembre 1906 – novembre 1913) où furent publiées plusieurs chansons dont il était l’auteur, Le Cubillot (Aiglemont, juin 1906-janvier 1908), Le Droit de Vivre (Paris, 9 numéros du 22 avril au 15 juin 1898) dont le gérant était Constant Martin, Génération Consciente (Paris, 1908-1914) d’Eugène Humbert, Germinal (Toulouse, 16 numéros du 7 octobre 1907 au 20 février 1908), Le Journal du peuple (Paris, 299 numéros du 6 février au 3 décembre 1899) quotidien fondé par Sébastien Faure pour défendre A. Dreyfus, Le Libertaire (Paris, 1895-1914) dont il a été le gérant de 1899 à 1901, Libre Examen (Paris, 6 numéros de juin à novembre 1904) d’Ernest Girault, Le Père Duchêne (Paris, 4 numéros du 21 mars au 1er mai 1896) organe des groupes anarchistes de l’est de Paris et banlieue dont le gérant était P. Guyard, et La Tribune Internationale (Paris, 1904-1905).

De mars 1898, où il avait remplacé Favier, à au moins avril 1900, il fut également l’imprimeur-gérant du Père Peinard (2e et 3e séries) dans lequel il publia de nombreux poèmes-chansons dont “Sabotons” (1898), “Chanson d’automne” (1898), “Les anthropophages”, “Pauvres moutons” (1899). Il demeurait à cette époque 1 rue Pierre Beguin à Saint-Denis et était avec Souveyran l’u des animateurs du groupe d’études scientifiques et littéraires La Pensée nouvelle. Il était également l’un des responsables de la Bibliothèque sociale de Saint-Denis et au printemps 1898 il assurait les permanences du groupe de propagande abstentionniste. A l’automne 1898 il fut semble-t-il et avec Lafond "candidat pour la frime" lors des élections municipales à Paris. En octobre 1899, il fut le fondateur avec Rouest du Groupe de propagande antimilitariste de Paris et la banlieue dont le siège se trouvait au Journal du peuple.
Partisan du syndicalisme révolutionnaire, il écrivait dans Le Libertaire du 5 novembre 1899 que les syndicats ouvriers “sont et seront, à mon avis, les embryons de la société future” et invitait les compagnons à sortir “enfin de cette tour d’ivoire dans laquelle nous étouffons : allons aux syndicats.  »

Gérant du Libertaire où il assurait l’expédition, la mise en page et toutes les menues besognes du journal, il fut poursuivi en octobre 1901 à la suite de la saisie d’un numéro de septembre où avait été publié un article de Laurent Tailhade appelant à l’exécution du Tsar et pour lequel Tailhade fut condamné à un an de prison et 1000 francs d’amende pour "apologie de régicide" et Grandidier à 6 mois et 100 francs d’amende.
Au président qui lui avait demandé s’il avait lu l’article incriminé, Grandidier avait répondu : “Je ne me suis pas reconnu le droit d’empêcher mon honorable ami Tailhade d’exprimer sa pensée. Je ne le regrette pas. Si des poursuites m’incombent, j’en accepte toute la responsabilité… Je ne suis pas gérant de profession, je suis employé de commerce".
Lors de ce procès, un journaliste de Paris Soir l’avait ainsi présenté : “… Grandidier s’était jeté dans la lutte avec toute l’ardeur et tout le dévouement de sa jeunesse pour arracher la classe ouvrière - sa classe - à l’odieuse exploitation dont elle est victime. Chassé par les patrons, menacé par la police, prenant sur son sommeil et risquant son pain, il s’efforce à groupe et à éduquer les travailleurs. Nous l’avons vu, sa journée de travail terminée, passer des soirées et des nuits à organiser des conférences et des cours pour faire pénétrer un peu de lumière dans les cerveaux ouvriers". (cf. Paris Soir, 12 octobre 1901). Au procès, il avait reçu des lettres de soutien d’Anatole France et de Sébastien Faure et les témoignages favorables de Georges Yvetot, Liard Courtois, Jean Grave et Jean Marestan. A l’aube du 27 octobre, il fut arrêté au domicile de sa mère et écroué à la peison de la Santé dont il sera libéré en mars 1902.
Il fut remplacé à la gérance du Libertaire par Georges Durupt.

En 1902, après sa libération de prison, il était l’un des animateurs de l’Université populaire La Raison de Saint-Denis qui venait d’être fondée et dont le siège social se trouvait au 15 rue de la Boulangerie.

En 1903 il collabora, semble-t-il, à la nouvelle série de L’Homme libre (Paris, 14 novembre 1903 - 26 mars 1904) publié par Ernest Girault.

A la mi-octobre 1903 il avait repris la gérance du Libertaire où il avait remplacé Pierre Boissié. Il fut l’auteur de L’Almanach illustré du Libertaire pour 1904, illustré par Jules Hénault. Il fut remplacé à la gérance du journal par Louis Matha début juin 1904.

En 1904, Grandidier “1, 70m, cheveu châtain, petite moustache, porte lorgnon très myope, complet en velours, ceinture de flanelle avec chapeau le tout de couleur noire et offert par une collecte des libertaires de Montluçon” (cf. rapport du commissaire de Montluçon, 1er septembre 1909) et domicilié 2 rue de l’Alouette à Saint-Denis, fut impliqué dans une affaire de "matières explosives" : lors d’une perquisition à Montluçon, la police avait découvert un flacon d’acide picrique chez l’ouvrier métallurgiste Dagois chez lequel Grandidier avait logé. Ce dernier nia être au courant et Dagois, semble-t-il contraint par les compagnons, en assuma l’entière responsabilité. Les deux hommes auraient été acquittés par le tribunal correctionnel de Montluçon, mais en appel à Riom en octobre 1905, Grandidier aurait été condamné à un an de prison et Dagois à six mois. Lors de son séjour à Montluçon en 1905 où il était venu pour tenter d’enlever aux socialistes leur influence dans les syndicats, il avait résidé 195 rue de la République et avait émis le projet de publier un journal L’Insurgé qui, semble-t-il, ne vit pas le jour. L’échec de la grève de 1906 mit fin à son entreprise.

Il avait été le délégué de Saint-Denis et Gaegan-Livry au congrès de l’AIA tenu à Saint-Étienne les 14-16 juillet 1905 et dont il assura le secrétariat. L’AIA comptait alors environ 5500 adhérents dans 94 sections. Puis, à l’été 1905, il avait été poursuivi pour avoir distribué un manifeste de conscrits libertaires publié par la section de Montluçon de l’AIA et avait été condamné à 6 jours de prison pour "outrage à agents".

En octobre 1905, lors d’une perquisition à Montluçon, la police avait saisi chez un certain Dagois un flacon contenant des substances "explosives" dont il accusa Grandidier d’être le propriétaire avant de revenir sur ses déclarations obtenues sur pression du commissaire de police. Grandidier fut acquitté en correctionnelle et Dagois condamné à 6 mois. Puis sur appel le 13 décembre à Riom où Dagois revint sur sa déclaration et accusa de nouveau Grandidier, ce dernier fut condamné à 1 an de prison (cf. Le Libertaire 2 septembre 1906).,

Impliqué avec G. Yvetot et 26 autres (voir Sadrin) en décembre 1905 dans le procès contre les dirigeants de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) –affaire de l’Affiche Rouge Aux Conscrits -, il fut condamné à deux ans de prison. Il fut incarcéré à Fresnes, puis début septembre 1906, après un bref passage à La Santé, transféré à la prison de Riom et Moulins dont il sera libéré fin mars 1907 après avoir bénéficié d’une grâce de 3 mois.
A sa sortie de prison, il avait notamment déclaré : “La société bourgeoise m’a gracié, mais moi, je n’ai pas fait grâce à la société bourgeoise. En guerre contre elle depuis longtemps, je ne poserai les armes que lorsque elle aura succombé ou que je succomberais moi même, ce qui n’a pas d’importance, d’autre étant là pour ramasser le fusil que j’aurais laissé tomber” (cf. Le Libertaire, 7 avril 1907).

A l’automne 1907 il était le secrétaire du groupe Les travailleurs libertaires de Saint-Denis, qui, selon la police, vendait chaque semaine une cinquantaine d’exemplaires du Libertaire dans la localité et dont faisaient entre autres partie Théo Le Denmat, Dutranoy, Clementtz, Émile et Eugène Le Bars.

C’était à son domicile qu’au printemps 1910 était domicilié le groupe d’action antiparlementaire de Saint-Denis dont le secrétaire était Raymond Morgand le secrétaire adjoint de la Bourse du travail.

Secrétaire de la Bourse du travail de Saint-Denis, il ne se représenta pas en octobre 1910. Il collabora ensuite à l’organe syndicaliste révolutionnaire L’Avant Garde (Lens, octobre 1913-août 1914) puis pendant la guerre au quotidien syndicaliste La Bataille (3 novembre 1915- 31 décembre 1920) qui avait succédé à La Bataille syndicaliste. Après guerre il continua cette collaboration à La Bataille (Paris 1921-1925) sous-titré organe de l’Union fédérative des syndicats autonomes de France et des minorités syndicalistes adhérentes aux deux CGT et où il signait la rubrique L’échoppe du Père Peinard. Il était alors le secrétaire adjoint de la Fédération des employés CGT.

Au moment de son décès le 19 mars 1931, Le Libertaire écrivait : “Il appartenait au parti socialiste tout en n’acceptant pas certains points de vue de ses chefs”. Louis Grandidier a été incinéré au Père Lachaise.

Oeuvre : - Tuer pour vivre (1900).


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