Dessinateur industriel à l’entreprise Signaux et freins Westinghouse de Sevran, Georges Gourdin, domicilié rue Joseph-Moïse à Livry-Gargan, fut avant la guerre un animateur des Jeunesses anarchistes et milita à la Fédération des techniciens de la CGT. En 1937 il était le secrétaire du groupe de Montfermeil de l’Union anarchiste et colaborait au Libertaire hebdomadaire. Au nom du comité Espagne Libre il fut l’organisateur en mars 1937 à Noisy-le-Sec d’une projection des films de la CNT “La tragédie espagnole” et “les aiglons de la FAI” en présence d’Émilienne Durruti. En 1938 il fut l’administrateur de L’Exploité (Paris, au moins un numéro le 17 mars 1938) organe des groupes d’usine de l’UA dont le rédacteur était Roger Boutefeu Coudry. Ce bulletin, tiré à 3.000 exemplaires avait pour gérant R. Brege.
Lors du congrès tenu le 19 mars 1939 par la Fédération parisienne de l’UA auquel étaient représentés 30 groupes, il avait été nommé au bureau de la Fédération comme délégué à la propagande aux cotés de Barzangette (secrétaire) etde Vintrigner (secrétaire adjoint).
Pendant la seconde guerre mondiale il fut de ceux — avec entre autres Henri Bouyé, Louis Laurent, Jean-Louis Lefevre, E. Babouot, André Senez, Renée Lamberet, Louis Louvet et Georges Vincey — qui en région parisienne reconstituèrent le mouvement libertaire dans la clandestinité. Il fut un « artisan tenace de la fusion des deux tendances UA et FAF en une seule organisation » (Cf. Le Libertaire, septembre 1945). La FAF (Fédération anarchiste de langue française) qui reprochait à l’Union anarchiste son centralisme, ses concessions à la gauche française politique et syndicale, s’était constituée en organisation nationale à la suite d’un congrès tenu à Toulouse les 15 et 16 août 1936. La fusion fut opérée à la date du 15 janvier 1944 qui vit la mise au point d’une déclaration de principes sur les grandes lignes de ce que pourrait être la structure de l’organisation des anarchistes et qui servit de base de discussion lors du congrès constitutif de la Fédération anarchiste lors du congrès des 6 et 7 octobre et 2 décembre 1945.
Georges Gourdin, outre ses activités de militant anarchiste, avait également intégré le réseau Libération Nord où il fut chargé de la confection des faux papiers et de l’armement en région parisienne, notamment après une première phase initiée par la CGT clandestine et visant à noyauter les Chantiers de jeunesse de Vichy.
Georges Gourdin qui pendant toute cette période avait aidé de nombreux camarades à échapper aux recherches des polices allemandes et françaises, était « jeune et dynamique, particulièrement fraternel, plein de gentillesse et de courage… Nous étions encore ensemble la veille au soir de son arrestation. Il a été atrocement torturé par la Gestapo, mais n’a pas parlé. »(cf. lettre d’H. Bouyé). Georges Gourdin arrêté par la milice le 8 mai 1944 au café Á l’ami René (51 rue Lucien Sampaix, 75010), fut détenu à la prison de Fresnes jusqu’en août 1944 puis déporté en Allemagne. Il est mort le 23 janvier 1945 aucamp d’Ellrich près de Nordhausen.
Son père, Gourdin, Désiré, Aimé (né en 1884 à Avesnes), dessinateur industriel de profession, s’était egagé dans la Légion étrangère dès l’âge de 16-17 ans. En 1916 ou 1917, il avait été affecté comme réserviste, au sein de la Gendarmerie nationale, en qualité de sous-officier dans le bassin industriel de Saint-Étienne (Loire) où il en profita pour établir le contact avec les militants des arsenaux et usines d’armement et les avertir des “descentes” de police. Identifié par la police, il passa devant un tribunal militaire qui le cassa de son grade d’adjudant et le priva de son droit à une pension. Il fut candidat communiste dissident lors d’élections en 1936. En 1939 il habitait rue Joseph Moise à Livry-Gargan et était inscrit au carnet B comme anarchiste.