Marié et père d’un enfant, Marius Gauchon, dont la police signalait à plusieurs reprises comme fréquentant « assidûment les réunions anarchistes », était cordonnier de métier mais ne l’exerçait pas, tenant un kiosque à journaux situé Cours Belzunce, devant le théâtre de l’Alcazar, où il diffusait brochures et journaux révolutionnaires ; la diffusion de cette littérature se fit à Marseille pendant plusieurs années sous une forme sinon clandestine, du moins discrète ainsi qu’en témoigne un rapport de police daté du 4 octobre 1886 : « … Hier un peu avant la fin de la réunion… le nommé Torrens est sorti porteur d’un paquet assez volumineux. Il s’est dirigé vers le kiosque à journaux tenu par le nommé Gauchon… et là, il a lancé le paquet sous une table placée à l’extérieur, contre le kiosque. Ce paquet contenait des écrits révolutionnaires… Une demi heure après, le marchand de journaux a pris le paquet sous la table, l’a ouvert en déchirant l’enveloppe qu’il a jetée dans le ruisseau en plusieurs morceaux et dont un fragment ci-joint, porte l’adresse de Torrens… Il a ensuite placé les brochures dans des casiers posés à l’intérieur du kiosque et dissimulés par des journaux… ».
En 1888 le journal Drapeau Noir (Marseille, au moins 2 numéros du 12 novembre 1888 à janvier 1889) dont le gérant était A. Molier, avait inséré un petit pavé publicitaire signalant le kiosque tenu à Marseille par le compagnon Gauchon (cf. n°2). Il demeurait 3 rue des Fabres, puis 36 rue Sainte-Barbe. Il figurait en 1894 sur une liste de 14 propagandistes anarchistes (dont Torrens, Boisson, Meucci, Barnoin, Topasio et Tourn) établie par la Préfecture des Bouches-du-Rhône. Après son décès survenu le 22 avril 1896, sa femme avait poursuivi la diffusion de la littérature révolutionnaire.