Dictionnaire international des militants anarchistes
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BALLESTA URREA, Casto
Né à Mazarron (Murcie) le 25 février 1912 – mort en août 1978 - Mineur puis joaillier - MLE - CNT - Cardona (Catalogne) & Limoges (Haute-Vienne)
Article mis en ligne le 16 novembre 2006
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Casto Ballesta Urrea avait émigré jeune à Cardona où il travaillait dans les mines et où il entrait en contact avec le mouvement libertaire. En janvier 1933, après l’assassinat des compagnons Andrés Martinez Garcia et Codina lors du mouvement révolutionnaire du 8 janvier, il acceptait un poste de responsabilité à la CNT et collaborait dans la clandestinité à la réorganisation des cadres de défense confédéraux. Son activisme lui valut ensuite d’être licencié et mis sur une liste noire par le patronat et plusieurs emprisonnements notamment à la prison de Manresa et à la Modelo de Barcelone. C’est vers cette même époque qu’il avait épousé Rosa Riba, l’ancienne compagne d’Antonio Soler Falcon, ancien secrétaire de la CNT de Sallent, mort en 1932 sur le bateau Buenos Aires qui l’emmenait en déportation.

Après avoir participé aux combats de juillet 1936, il fut nommé secrétaire du conseil d’administration de la mine collectivisée de Sallent.

Exilé en France lors de la Retirada, Casto Ballesta, pendant l’occupation nazie, y participait à la reconstruction du mouvement libertaire espagnol en France et s’intégrait à la résistance à Limoges : “Le 20 janvier 1942 je suis entré en contact avec Yves Tavet, le commandant départemental des groupes Vény (Armée secrète) qui habitait 12 place du champ-de-foire. A compter de cette date j’ai été chargé d’assurer les liaisons entre les villes de Saint-Junien, Ambazac et Limoges. En de multiples occasions, j’ai effectué des voyages ente ces villes, porteur de documents, rapports et instructions, cartes d’alimentation… A la mi 1943, comme la résistance gagnait en influence, on m’invita à organiser un groupe espagnol. Je mis au courant de cette initiative les camarades José Vargas et Emilio Gonzalez - militant du syndicat de la construction de Malaga - qui résidaient alors à Limoges… Nous avons organisé deux groupes : l’un à Limoges et l’autre au camp d’internement de Sereilhac (Haute-Vienne) où se trouvait alors le compagnon Vargas. Ces groupes restèrent momentanément en réserve du fait que nous étions étrangers… cependant une grande partie de la propagande subversive, les tracts, les premiers périodiques miniatures qui apparaissaienr, les affichettes antinazies et autres, m’étaient remis afin que nous les diffusions. C’était un travail nécessaire que nous avons accompli avec soin.

Au sein des deux groupes, nous avons également organisé une équipe médicale dont faisaient entre autres partie un médecin allemand exilé et en tant qu’aide soignant, le compagnon G. Rodriguez, mort récemment à Lyon, un vieux et courageux camarade qui avait été l’ami de Fermin Salvochea Alvarez. De son coté, ma compagne [Rosa Riba] avec la femme de Tavet, avait organisé une vingtaine de postes de secours dans la ville, afin de disposer de tout le matériel nécessaire pour acueillir les blessés qu’il ne manquerait pas d’y avoir lors des sabotages ou des chocs avec les miliciens de Vichy et les Allemands… C’est au début 1944 qu’arriva chez Tavet le premier officier anglais parachuté. Les moyens dont nous manquions jusques-là furent alors énormes : parachutage d’armes en grande quantité, argent et tout tombaient du ciel.

Un jour Tavet me proposa une somme d’argent pour verser une solde à chacun de nous et pour les activités des groupes espagnols. Avant même de consulter les autres camarades, je lui répondit que nous n’accepterions pas d’autre argent que celui qui était strictement nécessaire à nos déplacements et à la nourriture… J’ajoutai, devant Tavet, surpris, que les anarchistes luttaient simplement par conviction révolutionnaire… En outre il me proposa les galons et le commandement de toutes les forces espagnols de la région, car j’avais été le premier à entrer dans la résistance. mais là non plus je n’ai pas accepté… Dans les premiers mois de 1944, voyant que notre qualité de groupe de réserve ne changeait pas, plusieurs compagnons du groupe de Sereilhac, impatients d’entrer dans la lutte active, gagnèrent le maquis… Le 5 mai Tavet fut arrêté, puis déporté en Allemagne… Pendant les mois de juin, juillet et jusqu’à la libération de Limoges en août, la responsabilité des activités de la résistance a reposé sur les épaules de la femme de Tavet, son beau-frère, le commandant Pariset, ma compagne et moi-même. Notre action prit fin le 22 août 1944 après avoir contribué à la libération de la ville, les armes à la main.” (in F. Montseny).

A la Libération, il continua de militer à la CNT de Haute-Vienne et fut le délégué de la régionale n°3 au Plenum national d’août 1946 et au 2e congrès du MLE-CNT tenu en 1947 à Toulouse. il collaborait à cette époque à CNT (Paris).

Son état physique s’étant dégradé, Casto Ballesta changeait de métier et devenait joaillier en fantaisie. Après un infructueux essai de collectivité, il s’installait à son compte et devenait artisan patron, cessant alors d’occuper des postes à la CNT, mais continuant d’aider financièrement la presse et l’aide à l’Espagne. Il continuait à professer des idées libertaires et aidera économiquement la reconstruction de la CNT du Haut Llobregat après la mort de Franco.

Casto Ballesta, qui était père de deux filles, est mort à Limoges en août 1978 suite à une opération.


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