Dictionnaire international des militants anarchistes
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BECIRARD, Henri
Né le 13 mars 1874 à Fontaine (Oise) - Cordonnier - FCAR - CGT - Lyon & Villeurbanne (Rhône)
Article mis en ligne le 8 juillet 2007
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.

Henri Bécirard assista comme délégué au XVe congrès national corporatif — 9e de la CGT — et conférence des Bourses du Travail tenus à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il y représentait divers syndicats d’ouvriers en chaussures. Il vota une addition à l’ordre du jour repoussant la proposition Renard (voir V. Griffuelhes). Bécirard assista également au XVIIIe congrès tenu au Havre en septembre 1912.

Dans les années 1910 il était domicilié à Paris, 51 (ou 61) Avenue de Saint-Ouen.

Bécirard habita Lyon et Villeurbanne (15bis route de Crémieux) où vers 1912 il était le secrétaire du groupe de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) dont étaient notamment membres Toti, Rochard, Victor et Montceau. Un rapport de police du 17 juin 1915 le présente ainsi : “Anarchiste très militant inscrit au carnet B. Actuellement secrétaire de l’Union de syndicats du Rhône. Appartient à une famille où les théories subversives sont en honneur. A trois frères qui partagent ses opinions […]. Violent partisan de l’action directe. A été arrêté le 10 septembre 1907 pour affichage d’un placard intitulé : « Gouvernement d’assassins » […] Remis en liberté sans suite. « Son domicile est le siège du groupe anarchiste de Villeurbanne. Bécirard a fait acte de candidat aux élections législatives de 1914.”

Exempté du service militaire (atrophie de la jambe droite), Bécirard ne fut pas mobilisé lors de la déclaration de guerre. En 1914, lorsque le secrétaire de l’UD du Rhône, Francis Million fut mobilisé, ce fut Bécirard, alors âgé de quarante ans qui assure l’intérim. Il contribua, avec Théophile Leclair, militant libertaire du syndicat des cuisiniers à la création, avant la fin de l’année d’un restaurant communiste, 193 rue Dugesclin à Lyon. Cet établissement devint un remarquable instrument de diffusion des idées pacifistes des minoritaires de la CGT et, à partir de mars-avril 1915, des concerts et des conférences à contenu révolutionnaire s’y déroulèrent. Bécirard, en accord avec Million qui, envoyé au Maroc n’avait pas perdu le contact, devint un des dirigeants régionaux.
En septembre 1915, il fut refoulé à la frontière suisse alors qu’il se rendait à la conférence de Zimmerwald. L’année suivante, en octobre, il était élu secrétaire adjoint du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) dirigé par le syndicaliste révolutionnaire de la Loire Nicolas Berthet. En janvier 1917, il participa à la constitution à Lyon d’un comité d’action internationale où figurait une majorité d’anarchistes et d’anarcho-syndicalistes et, en juillet-août 1917, par l’intermédiaire de A. Chevenard, mari de Jeanne Chevenard responsable de la coopérative L’Égalitaire et du cercle artistique prolétarien Le Nid Rouge dont la grande majorité des membres était libertaire. Collaborateur du journal Ce qu’il faut dire (Paris, 83 numéros du 2 avril 1916 au 22 décembre 1917) de Sébastien Faure, il semble avoir été en rapport avec les militants du Libertaire. Il assista les 23-25 décembre 1917 à la conférence de Clermont-Ferrand de la CGT, puis lors des grèves de janvier 1918, il sembla un peu dépassé et ne parvint pas à les organiser en leur donnant des perspectives claires et il n’encouragea que maladroitement et trop tardivement les orientations pacifistes qui se mêlaient aux objectifs revendicatifs. Il fut alors inquiété par la police. Il collaborait alors au journal La Plèbe (Paris, 4 numéros du 13 avril au 4 mai 1918) dont le gérant était Alignier et qui regroupait les minorités syndicalistes, libertaires et socialistes opposées à la guerre.

Il devint un animateur des comités de défense syndicaliste (CDS) auxquels l’Union syndicale du Rhône, sous son impulsion, donna son adhésion. En mai 1918, il fut délégué au congrès tenu par les CDS à Saint-Étienne mais, déjà, il suivait l’évolution plus conciliante de Merrheim dont il subissait beaucoup l’influence comme le montre une abondante correspondance qui figure aux archives départementales du Rhône car elle faisait l’objet de la surveillance de la censure. De plus en plus contesté dans le Rhône, il fut néanmoins un des artisans de la rupture entre l’Union syndicale du département et les CDS. Sa position fut renforcée par le retour de F. Million qui avait suivi la même évolution et, comme Merrheim et Dumoulin, avait fait la paix avec le « général » Jouhaux. Il continua à figurer au bureau de l’UD du Rhône et soutint toutes les démarches conciliatrices de Million. Délégué au XVe congrès confédéral à Orléans (27 septembre-2 octobre 1920) il s’y affirma favorable aux thèses minoritaires. Il n’en avait cependant pas fini avec l’action d’une partie de ses anciens amis groupés dans les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR).
Leur progrès mit en péril la direction de l’Union départementale assurée par Million. Celui-ci démissionna et fut remplacé en mars 1921 par Henri Fourcade signataire du fameux pacte « des syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et fédéralistes » qui voulaient avec P. Besnard et Verdier contrôler la CGT. Pour le poste de secrétaire adjoint Bécirard, candidat des modérés, recueillit 52 voix contre 56 au cheminot Galland candidat des CSR, proche des communistes et 7 au terrassier Chabert. Au deuxième tour Galland, après le retrait de Bécirard, fut élu. L’Union des syndicats du Rhône accentua alors son glissement vers les thèses « minoritaires ». Au congrès de Lille, en juillet 1921, sur 111 syndicats, 76 se prononcèrent contre les amis de Jouhaux et tous participèrent au congrès « extraordinaire et unitaire » organisé par la « minorité » les 22-23-24 décembre 1921.
Devant cette montée de l’opposition, les partisans de la majorité confédérale prirent la responsabilité de la scission. Le 12 février 1922, en s’appuyant sur les syndicats dominés par des éléments réformistes : Tramways de Lyon, Arsenaux, Livre, PTT et avec Jeanne Chevenard, Textiles, une nouvelle UD fut constituée qui s’installa rue Cuvier. Le 24 mai Vivier-Merle en devint le secrétaire et Bécirard le trésorier. Les éléments révolutionnaires conservèrent le siège de la rue Lafayette et constituèrent un moment la force dominante avec 19 000 cotisants. Cette force cependant — en raison des scissions que connut la CGTU après le congrès constitutif de Saint-Étienne — ne tarda pas à décliner.

Bécirard termina ensuite sans autre éclat sa carrière militante dans le poste de trésorier de l’UD confédérée du Rhône.


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