Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BARRUE Jean, Frédéric, Henry

Né le 16 août 1902 à Bordeaux (Gironde) — mort le 26 août 1989 — Professeur agrégé de mathématiques — FA — CGT — CGTU — CNTF — Bordeaux (Gironde)
Article mis en ligne le 6 juin 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.
Jean Barrué

De souche paysanne et occitane (Béarn, Gers, Aveyron), Jean Barrué suivit les cours du lycée de Bordeaux jusqu’en juillet 1922 puis, de 1922 à 1926, fit des études supérieures de mathématiques à Paris. Agrégé en juillet 1926, il exerça comme professeur au lycée de Mont-de-Marsan (Landes) durant les années scolaires 1927-1928 et 1928-1929, puis au lycée d’Angoulême (Charente) 1929-1930 et 1930-1931, enfin comme professeur de mathématiques supérieures au lycée Michel Montaigne de Bordeaux, avec une interruption de septembre 1939 à juin 1945 (guerre et captivité) jusqu’à son départ à la retraite, juillet 1966.

Le 14 juillet 1919, Barrué étant à Paris prit part à une manifestation de l’ARAC et des groupes révolutionnaires pour protester contre le défilé militaire, dit « de la Victoire ». En octobre, il adhérait, à Bordeaux, au groupe des Étudiants socialistes et au Parti socialiste SFIO ; il inclinait alors vers les thèses de la IIIe Internationale. Après le congrès de Tours, fin décembre 1920, congrès de scission qui vit la naissance du Parti communiste, section française de l’Internationale communiste, il milita aux Jeunesses communistes puis au nouveau parti, à Bordeaux.
De novembre 1922 au printemps 1926, il fut membre à Paris, de la 5e section du PC aux côtés de G. Cogniot, J. Bruhat, Chasseigne et Marion et, pendant plusieurs mois en fut le secrétaire. Refusant le caporalisme de Treint-Suzanne Girault et la « bolchévisation », il défendit le Bulletin communiste de Souvarine. En octobre 1925, il fut un des signataires de la Lettre au CE de l’IC dite Lettre des 250. — cf. Introduction Dictionnaire t. 16 — puis il rompit avec le Parti et se tourna vers l’anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire.

Dès le premier numéro (1er janvier 1925), il s’abonna à La Révolution prolétarienne, fondée par Monatte et à laquelle il est demeuré attaché. À partir de novembre 1927, il s’est consacré à l’action syndicale dans la Fédération de l’Enseignement affiliée à la CGTU, dans les syndicats des Basses-Pyrénées-Landes puis de la Charente, enfin de la Gironde. Il prit part à tous les congrès de la Fédération, défendant avec Josette et Jean Cornec, Thomas et Marie Guillot entre autres, les thèses de la tendance syndicaliste révolutionnaire ; l’organe en était L’Action syndicaliste (n° 1, février 1925) dont il s’occupa de la publication après la mort de Marie Guillot en mars 1934. Il collabora à L’École Émancipaée et au Cri du peuple, organe des « 22 » et intervint à la Conférence qu’ils organisèrent à la Bourse du Travail de Paris le 11 janvier 1931. Il combattit le Front populaire et ses illusions, estimait-il, et la participation aux élections de 1936 mais milita à la Ligue des combattants de la paix et au CVIA.

Après que fût réalisée l’unité syndicale en 1936, il devint secrétaire de la section girondine de la Fédération générale de l’Enseignement et appartint au comité exécutif de l’Union départementale CGT. Pendant la guerre d’Espagne, il avait collaboré à L’Espagne antifasciste (Bordeaux, 9 numéros du 1er septembre au 31 décembre 1937) publié par Aristide Lapeyre. Fin 1937 il assurait les cours d’économie politique à l’école animée par les jeunesses anarchistes de Bordeaux.

Déçu, après la Seconde Guerre mondiale, dans les espoirs qu’il avait fondés lors de la scission syndicale sur un essor de la Confédération nationale du travail (CNTF) — il fut secrétaire de sa 8e Union régionale — il se consacra définitivement au mouvement anarchiste et milita activement à la Fédération anarchiste (FA) reconstituée en 1954. Membre du groupe Sébastien Faure de Bordeaux, il s’occupa, à partir de 1970, au sein de la FA des relations internationales avec les groupes de langue allemande et aussi avec la Fédération hollandaise et des groupes suisse et belge. Il collabora régulièrement au Monde libertaire, l’organe de la FA dont le n° 1 parut en octobre 1954, à La Rue revue trimestrielle éditée à partir de mai 1968 par le groupe libertaire Louise Michel de Paris ainsi qu’à la Revue anarchiste allemande Befreiung de Cologne. Enfin, il fut l’auteur de traductions notammment : Bakounine “La réaction en Allemagne”, Arthur Lehning “Anarchisme et marxisme dans la révolution russe” et divers textes de Stirner sur l’éducation.

En 1980, à l’initiative de Jean Barrué et de [Gilles Durou — >art1976], une majorité du groupe Sébastien Faure quittait la Fédération anarchiste pour créer le Groupe anarchiste de Bordeaux (GAB) qui avait pour organe Le Dégel et auquel il participera jusqu’à la dissolution du groupe vers 1985.

Jean Barue a collaboré régulièrement à d’autres titres de la presse libertaire dont Les Cahiers de l’humanisme libertaire (Paris, 1963-1976) de Gaston Leval, Le Libertaire (Le Havre, numéro 1 en mai 1978) de Maurice Laisant, Interrogations (Paris-Turin, 1974-1979) de Louis Mercier Vega, La Libre Pensée des Bouches-du-Rhône publiée par André Arru et Iztok (Paris, numéro 0 en septembre 1979) revue libertaire pour les pays de l’est. Il fut également le directeur du journal libertaire Le Dégel (Bordeaux, 6 numéros de février 1983 à août 1984) dont l’administrateur était Gilles Durou ; le journal, diffusé principalement dans la région bordelaise, était tiré à 1.000 exemplaires et comptait en décembre 1983, 60 abonnés.

Mort le 26 août 1989, Jean Barrué fut enterré au cimetière de Talence au côté de sa femme, Anita, (née Arocela le 14 avril 1905 à Vieux Boucau et décédée le 27 juillet 1989).
Maurice Laisant écrivait de lui « … comme presque tous les êtres de valeur, il alliait à ses connaissances une modestie et une affabilité qui touchaient ceux qui l’approchaient. »

Un groupe de la Fédération anarchiste nommé Cercle Jean Barrué existe actuellement à Bordeaux.

OEUVRE : — L’Anarchisme aujourd’hui (édition Spartacus, 1970, traduit en italien et en néerlandais) ; — Bakounine et Netchaiev (Cahiers Spartacus) ; — Morale sans obligation ni sanction ou morale anarchiste (Les Cahiers du vent du ch’min, n°8, 1986).

TRADUCTIONS : La Réaction en Allemagne de Bakounine ; Anarchisme et marxisme dans la Révolution russe de Lehning ; différents textes sur l’éducation, de Stirner, avec notes et introduction.


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