Franz Gross avait participé au mouvement anarchiste depuis la fin des années 1870. Il avait rencontré Neve en Amérique du Nord et avait également été impliqué dans le conflit du cercle Mostian à Londres.
Le 19 juillet 1880, il assistait à la réunion du Deutscher Leseverein, tenue à Bruxelles.
Pendant le mois de septembre 1880, Hohn, Junck et Saelzawka étaient allé rendre visite à Gross, qui était malade, ce dernier les avait régalés d’une bouteille de vin. Hohn était porteur d’un poignard tout neuf, qu’il montrait et avec lequel il jouait.
Depuis septembre 1882, il était actif à Verviers et Einsival, franchissent la frontière allemande pour faire de la contrebande d’explosifs et de littérature anarchiste vers l’Allemagne. Il était en contact presque constant avec Neve, sauf le temps où Neve avait été emprisonné et Neve le considérait comme un proche ami.
En novembre 1885, Neve quitta Londres pour la Belgique où s’installa à Verviers et plus tard à Liège. En Belgique, Neve reprit la responsabilité de Franz Gross de garder les deux principales routes de contrebande ouvertes vers l’Allemagne : l’une de Verviers à Aix-la-Chapelle et l’autre de Verviers à Eupen, ville germanophone de Belgique.
Le 21 février, Neve et Franz Gross étaient arrêtés par la police belge alors qu’ils sortaient du Phoenix Café à Liège et ils avaient été accusés de vagabondage. Peu de temps après ils étaient emmenés à la frontière allemande et remis à la police allemande.
En Allemagne, Neve et Gross étaient emprisonnés. Gross fut cité comme témoin aux procès de Neve.
Lorsque Gross avait été capturé, il avait en sa possession un carnet qui contenait de nombreuses informations. Dans le carnet figuraient les expéditions dans lesquelles Gross avait été impliqué dans la contrebande des journaux anarchistes, pour le période de janvier 1882 à janvier 1887. Également inclus dans le carnet des informations sur le montant de l’argent qui avait été expédié hors d’Allemagne. Les noms des personnes réellement impliquées n’étaient pas donnés, cependant ils étaient répertoriés sous des noms de code attribués à chaque personne. Gross donna une explication détaillée du document au procureur de la République, y compris les noms et adresses de tous les personnes inscrites dans le cahier. Il avait énuméré, outre Neve, Franz Bertram (né le 18 avril 1852 à Aix-la-Chapelle), Johann Sprenger (né le 14 décembre 1848 à Mayence), le tisserand Friedrich Klauka (né le 15 avril 1856 à Winkelburg), le tisserand Franz Pagsack, et le tisserand Felix Oehl (né le 8 octobre 1853 à Eisen).
La police allemande était pleinement consciente que Gross avait été impliqué dans la contrebande de de la littérature anarchiste et des explosifs en Allemagne pour une période de cinq ans, pourtant il avait été libéré. Il admit qu’il avait traversé la frontière allemande à différents endroits en moyenne deux fois par semaine. Le dernier voyage inscrit dans son carnet était survenu le 19 janvier 1887.
Andrew R. Carlson estima dans son livre Anarchism um Germany que c’était Gross qui avait livré Neve à la police allemande. Son hypothèse était que peu de temps après le 19 janvier, Gross avait été appréhendé alors qu’il tentait de passer en Allemagne avec de la littérature et/ou de la dynamite parce que la frontière était étroitement surveillée en attendant que Neve agisse. Gross était déjà recherché pour avoir été un déserteur militaire, un délit survenu plusieurs années auparavant. Depuis le Luxembourg Gross aurait écrit à Névé qu’il voulait venir le voir. Le jour même de son arrivée à Liège, ils furent appréhendés tous les deux devant le Phoenix Café.
Mais on peut aussi admettre l’hypothèse que Gross fut « retourné » par la police allemande lors de l’instruction du procès de Neve, afin d’obtenir l’assurance qu’il ne serait pas lui-même poursuivi, en échange de son témoignage contre Neve.
Gross, libéré peu de temps après le procès de Neve, se rendit Aix-la-Chapelle où il achèta une usine achetée probablement avec les fonds qu’il avait reçus de la police allemande pour le rôle qu’il avait joué dans la capture et la condamnation de Neve.