Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DUPAIX, Léonard

Né vers 1860 — Tapissier — Bruxelles — Paris
Article mis en ligne le 15 janvier 2024
dernière modification le 23 juillet 2024

par Dominique Petit, R.D.

Depuis mars 1874, Léonard Dupaix était actif à Bruxelles dans le Cercle Popculaire radical des anarchistes Nicolas Coulon et Jan Pellering. À partir du milieu des années 1870, il fut membre des cercles libres-penseurs L’Affranchissement et Les Cosmopolitains et, en 1877, il fut secrétaire du conseil fédéral des groupes rationalistes de Bruxelles. Dans ce monde anti-ecclésiastique, il était connu comme un farouche révolutionnaire et anarchiste. Son éloge funèbre devant la tombe de l’ex-secrétaire de L’Affranchissement, François Grégoire, était révélateur. Il prononça également un discours similaire le 17 mai 1877 sur la tombe du célèbre anarchiste Jan Pellering.

Dupaix nourrissait une haine profonde pour tout ce qui avait trait à la « bourgeoisie ». En ce sens, il condamna l’évolutionnisme qui se compromet avec la bourgeoisie et en 1877-1878 il s’opposa au Parti Socialiste du Brabant, évolutionniste.

En avril 1878, il avait rejoint la branche bruxelloise de la (première) Internationale. Probablement peu de temps après, il quitta le royaume de Belgique et s’installa à Paris, la glorieuse ville où avait eu lieu la Commune sept ans plus tôt.
En tout cas, dans une liste des membres des Cosmopolitains de fin 1878, Dupaix était mentionné comme ex-membre et son adresse est indiquée : rue de la Limite 60 à Paris.
Il disparaissait des archives policières belges jusqu’au 1er mars 1880. (Alors que, dans Le Mirabeau, 28-9-1879, p. 4, col. 1, Dupaix était mentionné comme membre du Conseil fédéral régional des groupes rationalistes bruxellois. C’est surprenant, car les différents informateurs de la police ne l’avaient vu partir en juin 1878, ni vu aux séances de L’Affranchissement, ni aux séances des Cosmopolitains, ni aux séances de consultation.)

Le 1er mars 1880, la police avait écrit qu’il était l’un des dix anarchistes les plus importants de Paris et le correspondant de la revue anarchiste bruxelloise Le Drapeau Rouge. En avril, il fut expulsé de France et fin mai 1880, il se retrouva de nouveau à Bruxelles, avec Malatesta, entre autres. Il y séjourna plusieurs semaines chez Antoine Didier mais retourna secrètement à Paris, où il fut arrêté avec Malatesta en août. Dupaix fut renvoyé de l’autre côté de la frontière et s’installa désormais définitivement chez ses parents, qui tenaient un petit café à Bruxelles, rue des Comédiens 32.

Dupaix assista à nouveau aux réunions de l’Internationale et il fréquenta également les réunions des révolutionnaires des Cercles Réunis.
En 1881, Dupaix réapparaîtra comme l’un des anarchistes “les plus féroces”.
Comme beaucoup d’anarchistes, Dupaix fut influencé par des théoriciens comme Kropotkine, Reclus et surtout Malatesta, qu’il connut personnellement et avec qui il entra en correspondance en 1881. En ce sens, il était partisan de l’anarcho-communisme et de la « propagande par les actes ». Bien que l’administration de la sécurité publique le craignait surtout pour ses écrits, nous n’avons pratiquement trouvé aucun document de lui dans les archives belges. Seule la première partie d’un article qu’il avait écrit au nom du Cercle des Anarchistes bruxellois dans le journal libertaire
de Verviers La Persévérance a survécu.
Dupaix avait déclaré que, comme Marx, il croyait que la société reposait sur des fondements économiques et que la révolution était la conséquence d’un processus historique inévitable. Ce n’était qu’une question de temps. Entre-temps, les révolutionnaires devaient montrer au peuple comment s’organiser et agir afin qu’il soit prêt au règlement des comptes final. Il rejeta l’alternative réformiste d’améliorations sociales directes et d’action parlementaire en ces termes : « Contrairement à l’éducation couarde des anti-internationalistes, nous voulons, nous anarchistes, que l’état normal du peuple soit insurrectionnel jusqu’au jour du triomphe. Par ailleurs, l’histoire des revendications du prolétariat n’est pas une affaire de juste affluer le sang au cœur et faire de nos frères non de pygmées et des avortons »

Dupaix revint probablement à Paris à la fin de 1881, pour revenir à Bruxelles en juillet 1882 et gagner sa vie comme tapissier indépendant.

En mars 1883, la police déclara qu’il était devenu moins actif.

Dupaix avait également été mentionné dans l’affaire Spilleux et dans le journal anarchiste parisien La Révolution Sociale. L’informateur de police Spilleux fut recommandé par lui à Paris*, entre autres, même si Dupaix changera d’avis.
En février 1881, avec Malatesta, il accusa ouvertement Spilleux de dénonciation.


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