Doro Raspollini était le fils du militant anarchiste Pietro Dante et de Graziosa Tamburini. Ses cousins avaient émigré clandestinement en France lors de l’avènement du fascisme.
Anarchiste convaincu, bien que classé comme antifasciste, Raspanoli agissait avec prudence dans l’environnement d’Arcola, non seulement en raison du pouvoir excessif des « esclavagistes », mais aussi en raison de la maladie pulmonaire dont il souffrait, qui l’obligea à être hospitalisé à plusieurs reprises dans un sanatorium, mais cela ne l’empêche pas de rester un redoutable militant, comme en témoigne le fait suivant : le 6 juillet 1925 il fut convoqué devant le tribunal de Sarzana pour répondre de blessures par arme à feu. Acquitté faute de preuves suffisantes, il laissa s’écouler six ans avant de mettre à exécution son ancienne intention de venger son père. Ce dernier, dans la nuit du 22 au 23 janvier 1923, avait été poignardé et blessé par arme à feu par un groupe de fascistes, puis traîné attaché à un camion par un cable avant d’être jeté dans une rivière où il se noyait.

Le 2 avril 1931, à Romito di Arcola, l’industriel De Biase, père d’un certain Francesco, ancien administrateur du fascio Lerici du hameau Pugliola, au moment de l’assassinat du père de Raspolini, se trouvait chez le coiffeur, Lorsque Raspolini s’approcha de lui à la vitesse de l’éclair, il tira 5 coups de feu à bout portant et le blessa grièvement. Dans la soirée il se rendait à la police de Pitelli, à laquelle il avait déclaré avoir agi par vengeance, étant convaincu que les deux De Biase étaient les instigateurs des assassins de son père.
De Biase parvint à survivre à l’attaque et les carabiniers arrêtèrent la sœur de Raspolini, Carmela, son mari, Domenico Ricci, et le petit ami de leur fille, Luigi Tempesti, tous opposants au régime de Mussolini. Le 3 avril, à 1h30 du matin, un groupe de policiers avait incendié la maison Ricci et, dans les heures qui avaient suivi, la force publique avait arrêté 31 subversifs de Sarzana, Arcola, Romito et Lerici.
Le 15 août, le Comité des Victimes Politiques de Paris écrivait dans L’Adunata dei refractori : « Doro Raspollini, âme noble et généreuse, au caractère d’acier, est un digne fils de son père Dante Raspollini, sauvagement assassiné la nuit du le massacre de Sarzana avec 17 coups de revolver et 21 coups de couteau, après avoir été traîné derrière une voiture pendant plusieurs kilomètres. Le martyre paternel a profondément ému Doro, alors âgé de 14 ans seulement. Il a juré de se venger. Peu de temps après, sa mère bien-aimée est décédée, le cœur brisé. Dans la douleur, son esprit est devenu adulte. Le 2 avril dernier, après s’être emparé du revolver, Doro Raspollini a tiré six coups de feu sur l’industriel De Biasi, principal responsable de l’assassinat de son père, le tuant. Tant que des jeunes gens du tempérament de Doro Raspollini sortiront fièrement et résolument du joug des chemises noires, l’anarchie ne mourra pas. L’histoire écrira son nom aux côtés de ceux de Gino Lucetti, Michele Schirru, Anteo Zamboni, à la génération desquels il appartient. Maintenant, il est tombé entre les mains des bourreaux et il est de notre devoir de veiller sur son existence. Pour Doro Raspollini, pour ses proches qui souffrent debout !.
Toujours détenu à la prison de Sarzana, Doro Raspolini est décédé le 24 août, "des suites des souffrances et des tortures que lui ont infligées les fascistes".