Claude Guillon est le fils de Jacques Guillon, né le 2 août 1930, et de Claude Perrin, née le 10 avril 1922. Tous deux étaient chirurgiens-dentistes et firent toute leur carrière dans des dispensaires municipaux. Son grand-oncle paternel, homonyme, Claude Guillon (1885-1952), militant syndicaliste bûcheron, fut député socialiste de la Nièvre (1928-1932). Sans enfant, Claude Guillon se fit vasectomiser à l’âge de 25 ans.
Après un bac philo en 1970 au lycée Rabelais de Meudon, il commença des études d’assistant social qu’il ne termina pas. Il suivit cependant le séminaire de « sociologie de l’autogestion » d’Yvon Bourdet à l’École pratique des hautes études (1975-1976). Il fut d’abord de 1977 à 1981 pigiste dans la presse, à Libération, au Matin, à L’École ouverte comme spécialiste « éducation-jeunesse », et écrivain.
Deux amitiés marquèrent son parcours militant, May Picqueray pour son énergie et Daniel Guérin, pour la révolution sexuelle, la Révolution française et son travail de vulgarisation. Il fut objecteur de conscience, insoumis au service civil (1976-1981) et cofondateur d’un groupe communiste libertaire à Meudon (Hauts-de-Seine), en 1970. Ce groupe, qui publiait le bulletin Fais ce que voudras était proche de l’ORA et diffusait son journal, Front libertaire des luttes de classes.
Il adhéra ensuite au Mouvement français pour le planning familial (MFPF) et cofonda en 1972 le Mouvement pour le soulèvement de la vie (MSV). Il prit alors une distance temporaire avec le mouvement anarchiste proprement dit et recentra ses activités sur la « question sexuelle », envisagée dans l’optique de Wilhelm Reich. Son retour à l’affirmation anarchiste et plus précisément communiste libertaire se fit au début des années 1980.
En 1982, il publia comme co-auteur Suicide, mode d’emploi qui traite du droit de chacun à choisir l’heure et le moyen de sa mort. 100 000 exemplaires furent vendus. Le livre provoqua un scandale, des plaintes furent déposées et un procès s’ensuivit avec pour conséquence une interdiction de facto en application (rétroactive) de la loi du 31 décembre 1987, censée réprimer la « provocation au suicide », à laquelle le livre sert de prétexte.
En 1985, il prit position contre la stratégie des assassinats politiques adoptée par les militant.e.s d’Action directe, qualifié.e.s par lui de « bouffons sanglants » dans plusieurs journaux libertaires (« Contre AD et contre l’État », IRL n° 60, mars-avril 1985, Le Monde libertaire, n° 566, 13 mars 1985, L’Entr’aide, n° 5-6, mars 1985). Mais il s’associa par la suite à toutes les protestations contre les conditions et la prolongation de la détention des militant.e.s d’AD.
Le 28 août 1996, il fut interpellé par des policiers en civil à l’issue d’une manifestation de solidarité avec les immigrés sans-papiers puis frappé. Il fut à cette occasion grièvement blessé au foie ; d’abord condamné pour violence puis relaxé, il obtint la condamnation du policier.
Claude Guillon se définit comme « écrivain anarchiste de langue française », et manie volontiers la polémique contre Noam Chomsky ou Michel Onfray. Il participa à de nombreux collectifs éditeurs de revues (rarement strictement anarchistes, souvent traitant des problèmes de santé et de sexualité), et à des collectifs de lutte rassemblant des militants d’horizons divers sur un sujet spécifique ou dans une occasion historique, par exemple : Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) ; Assemblée de Montreuil, qui se réunissait chaque semaine durant un an après les émeutes de banlieues de 2005. Il participa par ailleurs occasionnellement à de nombreuses publications libertaires comme L’Anarcho-syndicaliste, Front libertaire des luttes de classes, Recherches libertaires, IRL, Courant alternatif, Le Monde libertaire, L’Entr’aide, Anarchismo, No Pasarán, Le Combat syndicaliste, Alternative libertaire (Bruxelles). Il fut aussi membre des comités de rédaction des revues comme Fais ce que voudras (journal du Groupe communiste libertaire (GCL) de Meudon, [1972] ; Tankonala Santé [1973-1975] ; Sexpol [1975], CPCA (bulletin du Centre de propagande et de culture anarchiste [1984-1986]) ; Chroniques libertaires (fait suite à CPCA [1986-1989]) ; Mordicus [1990-1991] ; Oiseau-Tempête [1998-2003]. Il a participé à de nombreux ouvrages collectifs comme De Godzilla aux classes dangereuses (coll.), Ab Irato, 2007 et au Dictionnaire de la mort, Philippe Di Folco (dir.), Larousse, 2010.
Ayant trouvé un logement à Marseille, il y fréquentait et soutenait les activités du CIRA. Il était également l’animateur du site Ligne de force https://lignesdeforce.wordpress.com/
Claude Guillon qui souffrait d’un cancer depuis plusieurs années est décédé le 19 janvier 2023
Œuvres : — Pour en finir avec Reich, Alternative diffusion, 1978. — Ni vieux ni maîtres, guide à l’usage des 10-18 ans, en collaboration avec Yves Le Bonniec, Alain Moreau, 1979 (traduction en japonais). — Suicide, mode d’emploi, Histoire, technique, actualité, en collaboration avec Yves le Bonniec, Alain Moreau, 1982 (traductions en japonais, espagnol, catalan, allemand, italien, suédois). — De la Révolution, 1989, l’inventaire des rêves et des armes, Alain Moreau, 1988. — Deux enragés de la Révolution : Leclerc de Lyon et Pauline Léon, La Digitale, 1993. — À la vie à la mort, maîtrise de la douleur et droit à la mort, Noésis-Agnès Viénot, 1997. — Le Siège de l’âme. Éloge de la sodomie (Fantaisie littéraire, érosophique et antithéiste), Zulma, 1999 et 2005. — Économie de la misère, La Digitale, 1999 (traduction en espagnol). — Pièces à conviction. Textes libertaires 1970-2000, Noésis-Agnès Viénot, 2001. — Le Droit à la mort. Suicide, mode d’emploi, ses lecteurs et ses juges, éditions Hors Commerce, 2004, IMHO, 2010. — Je chante le corps critique. Les usages politiques du corps, H&O, 2008. — Notre patience est à bout. Les textes des Enragé(e)s 1791-1793, IMHO, 2009. — La Terrorisation démocratique, Libertalia, 2009. --- Comment peut on être anarchiste ?, 2015.