Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ACOSTA CARDENAS, Miguelina, Aurora

Née en 1887 à Yurimaguas (Pérou) — morte le 26 octobre 1938 — Avocate ; éducatrice — Pérou
Article mis en ligne le 18 décembre 2019
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Miguelina Acosta Cardenas

Née dans le département de Loreto, de l’Amazonie péruvienne, dans une famille de propriétaires terriens enrichis dans le commerce du caoutchouc, Miguelina Acosta avait été envoyée en Europe (France, Suisse, Allemagne) pour y faire ses études.

À son retour au Pérou, Miguelina avait dû faire face à deux nouvelles réalités, : sa famille avait quitté l’ Amazonie après la chute de l’exploitation du caoutchouc au profit de synthétique et d’autre part, poursuivant ses études au Pérou elle allait être confronté à la réalité de son pays.

À l’Université Mayor de San Marcos, elle avait étudié les lettres, puis le droit où en 1920 elle présenta une thèse « « Notre institution matrimoniale abaisse la condition statut juridique des femmes » révélant déjà son militantisme. son féminisme et sa préoccupation concernant le pouvoir masculin sur les femmes.
Miguelina Acosta sera la première avocate au Pérou ouverte à la défense des travailleurs et des femmes.

De 1917 à 1919, elle codirigea avec Dora Mayer l’hebdomadaire de tendance anarchiste La Critica (Lima). C’étaient les années des grandes grèves ouvrières au Pérou, menées par les travailleurs mutualistes et anarchistes.
L’anarchisme se développa au Pérou notamment entre 1911 et 1924, période au cours de laquelle Miguelina Acosta émergea en tant que leader féministe et anarcho-syndicaliste
Dans La Critica, elle signait ses articles avec les pseudonymes de Maac et Emedosa et abordait les revendications ouvrières et la lutte pour l’émancipation des femmes. Elle défendait l’éducation des femmes comme outil d’élévation individuel. Un autre axe de sa lutte était les droits des autochtones et traitait en particulier le problème de la la femme amazonienne, une réalité qu’elle connaissait bien… Elle fonda une école pour les femmes dans sa ville natale de Yurimaguas et était membre de l’Associacion Pro Indigena fondée par Dora Mayer et Pedro Zulén.
Elle collaborait également au journal El Obrero textil et à la revue Amauta dirigée par José Mariátegui dont elle fut proche de 1923 à 1930. Conférencière réputée, elle participa à de nombreuses réunions ouvrières et fit de nombreuses conférences à l’Université Populaire González Prada.
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Elle participait également en 1917-1918 aux luttes des travailleurs anarcho-syndicalistes pour la journée de huit heures, luttes marquées par une forte répression policière

En 1919, alors qu’elle était étudiante à San Marcos, elle avait fondé et présidé le Comité
Féminin pou le ravitaillement lors des grandes grèves contre la pénurie.
Sur le plan anarcho-syndicaliste, elle fut l’une des organisatrices le 25 mai 1919 à Lima de la grande marche « contre la faim » qui avait été interdite par le gouvernement. Lors du rassemblement de bannières avaient été déployées :
« Nous voulons du pain ! », « A bas les capitalistes accapareurs » et« Vive l’organisation féminine ! » et des affrontements avaient eu lieu avec la police. Miguelina entama ensuite une grève de la faim dans le port d’El Callao contre la pénurie, qui l’a rendit très populaire dans tout le Pérou

En raison de ses idées, Miguelina Acosta fut l’objet d’ostracisme par certains milieux et certaines portes se fermèrent devant elle. bien qu’elle ait pu continuer d’enseigner dans plusieurs écoles ouvrières et à l’Université populaire González Prada de Jauja.

Elle était membre du groupe Evolucion femenista fondé par la journaliste et éducatrice María Jesús Alvarado, membre de la Sociédad laboral feminista et de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté.
En 1924, elle participa à la Conférence panaméricaine des femmes où elle avait présenté son projet sur la création et la préparation d’un corps d’enseignants itinérants ruraux pour couvrir la tâche d’alphabétisation des autochtones.

Dans le magazine péruvien La Protesta (Lima Nº 84, 3 janvier 1920.) l’anarchiste Delfín Lévano avait publié les paroles d’une chanson, Los Perseguidos dédié à la « sœur » Miguelina Acosta considérée à cette époque comme une animatrice et un brillante oratrice du mouvement libertaire.

Dans ses dernières années, elle se retira dans la ville portuaire de El Callao où elle est décédée le 26 octobre 1938.


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