Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CONSIGLIO, Umberto “EMPEDOCLE”

Né à Syracuse le 28 mars 1889 — mort le 22 mai 1964 — Comptable ; peintre — UAI — FAI — Syracuse (Sicile) — Turin (Piémont) — Paris — Espagne
Article mis en ligne le 31 juillet 2019
dernière modification le 23 juillet 2024

par R.D.

Après ses études à Syracuse, Umberto Consiglio avait participé à la première guerre mondiale comme lieutenant dans l’infanterie. A son retour à Syracuse, il fréquentait les milieux d’anciens combattants socialistes, avant en 1920 de fonder un premier regroupement de communistes libertaires avec l’aide du vieux compagnon Emanuel Maieli qui venait d’être rapatrié du Brésil et du peintre Francesco Capucchio qui venait de Florence.

L’année suivante il allait à Moncalieri (Turin) où, à l’invitation du communiste Attilio Monteforte, il devenait le secrétaire de la coopérative de l’industrie du bois.
Admirateur de Renzo Novotare, dont il compilait les écrits inédits, il organisait avec succès la résistance armée de la population de Borgo San Paolo à Turin contre les escouades fascistes de De Vecchi, ce qui lui valut d’être arrêté puis condamné le 28 janvier 1922 à 15 jours de prison. Menacé de mort par les fascistes de Moncalieri, il rentrait alors à Syracuse début octobre et devenait le secrétaire de la coopérative de construction locale.

Surnommé Il Ragionere ou Pipetta, il collaborait alors sous le pseudonyme Empedocle à divers titres de la presse libertaire dont Il Vespro anarchico, Fede et L’Adunata dei reffratari.
En 1923, avec notamment Alfonso Failla, les frères Giuseppe et Francesco Bugio, Marcello Cicero, Agostino Fugali, Conrado Alessi, Luigi Catania, Giuseppe Sirugo et Eva Ballarino, il fondait le groupe Michele Bakunin de Syracuse, représentant dans la ville et l’ile de la tendance organisationnelle du mouvement et diffusant les conceptions et la presse de Malatesta. Toutefois le groupe maintenait une attitude conciliante avec les anti organisationnels de Paolo Schicchi majoritaires en Sicile.

En 1924, les anarchistes de Syracuse formaient un Groupe d’action révolutionnaire antifasciste, ouvert aux militants de base de la jeunesse communiste et, sur le modèle d’un front unique de classe. En septembre 1925, Umberto Consiglio se rendit à Palerme pour y rencontrer Gaetano Marino, Oswaldo Celani, Nicolo Sciales et d’autres anciens combattants anarchistes et défendre cette position de collaboration avec les autres partis d’opposition et groupes clandestins organisés militairement. Mais cette position frontiste se heurta à l’opposition de Malatesta à Rome et à celle de Schicchi à Marseille, considérant que les anarchistes allaient y perdre leur autonomie au profit des socialos-communistes…

A l’été 1926, Consiglio émigrait clandestinement en France avec le compagnon Giuseppe Fiducia et s’installait à Paris où il allait travailler comme peintre Il fréquentait alors le groupe de Papalardo, Rossi et Corradi, anciens membres du PCi et le cercle parisien de Giustizia e liberta et participait aux débats entre Carlo Roselli et Berneri devant aboutir, lors de la guerre d’Espagne, à l’alliance entre anarchistes et membres de Giustizia e Liberta.

En août 1936, Consiglio partait pour l’Espagne où il s’enrôlait comme milicien dans la section italienne de la Colonne Ascaso sur le front d’Aragon. Suite à la défaite subie à Almudevar, il fut hospitalisé pour épuisement nerveux. C’est à cette époque qu’il rompit avec Giustizia e libertà. Nommé commissaire politique de la colonne fin 1937, il s’opposa au décret de militarisation des milices et rejoignit alors la Colonne Los Aguiluchos, formé de militants des Jeunesses libertaires (FIJL) où il resta quelques mois avant de regagner la France, sans papiers, et d’être emprisonné 2 mois et l’objet d’un arrêté d’expulsion, qui fut par la suite suspendu.

Lors du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, il s’engagea dans l’armée française, puis après sa démobilisation se réfugia à la campagne. Arrêté par la police de Vichy, il fut remis aux mains de la Gestapo et fut ensuite déporté au camp de concentration de Dachau, où il échappa miraculeusement à a mort, et rentra en France à la Libération.
Après que lui ait été refusé une pension et la citoyenneté françaises, il rentrait à Syracuse où il allait reprendre son activisme et organiser de nombreuses conférences. Il y fondait le groupe anarchiste Sulla Verta, puis Terra e libertà qui publia le journal éponyme (14 numéros uniques, du 19 décembre 1946 titré La Diana au 17 avril 1949 titré Terra e libertà).
A partir de décembre 1948 il il fut un des soutiens actifs du cercle d’études sociale Mario Rapisardi dont faisaient parte es compagnons Orazio Lorefice, Sebastiano et Nino Moschella, Goivanni Maiorcza, Santa Tiné et bien d’autres. Parallèlement il participait à de nombreux congrès régionaux, dont celui de Palerme le 2 mars 1947 où fut décidé l’adhésion à la Fédération anarchiste italienne (FAI).
Puis il fut l’objet de polémiques avec d’une part les anti-organisationnels de Schicchi et d’autre part les ultra organisationnels de Cerrito qui l’accusaient d’être un anarchiste éducationniste et gradualiste, éloigné de la lutte de classes. Accusations bien injustes Consiglio, ayant à plusieurs reprises fait preuve de courage en refusant une poste officiel dans l’administration ou en organisant diverses grèves de solidarité notamment en 1947 et 1948.
A l’automne 1949, au moment où il pensait de nouveau émigrer en France, il fut nommé au comité de rédaction de l’hebdomadaire de la FAI Umanità nova, dont il allait être le directeur de juin 1951 à mai 1962, qu’il représenta dans les divers congrès et qui lui valut d’être poursuivi à diverses reprises pour délits de presse, notamment au printemps 1952 pour “outrages à la religion”, puis en janvier 1955 où il fut condamné à à 5 mois avec sursis pour « injures au Pape ».

Souffrant depuis de nombreuses années du cœur et d’un ulcère gastrique datant de sa déportation, Umberto Consiglio, après plusieurs attaques de thrombose (en 1950, 1956 et 1962) décédait le 22 mai 1964 dans une maison pour invalides de Bologne.


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