Dictionnaire international des militants anarchistes
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ALDEGHERI, Carlo “Carlo PERUZZI”
Né le 22 février 1902 à Colognola-ai-Coli – mort le 4 mai 1995 - Maçon ; cordonnier - Vérone- Antibes (Alpes-Maritimes) - Barcelone (Catalogne) – Brésil
Article mis en ligne le 25 janvier 2019
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.
Carlo Aldegheri

Carlo Aldegheri était le fils de Mosé et de Maria Scartossoni. Dans sa jeunesse il accompagna son père dans les travaux des champs, puis il exerça les métiers de maçon, peintre en bâtiment et cordonnier. D’abord militant socialiste puis anarchiste, il subit la violence et les menaces des fascistes qui le contraignirent à s’expatrier en France en 1922. Il se rendit clandestinement à Antibes où il fut aidé par un compatriote, Vittorio Perazzoni. Pour échapper aux recherches policières il endosse le faux nom de Carlo Peruzzi. Il mena alors une activité antifasciste avec les anarchistes à Toulon et à Paris.
En 1924, au cours d’une manifestation devant le Consulat italien de la capitale française, il fut blessé d’un coup de feu tiré par des compatriotes fascistes. Une fois rétabli, il fut temporairement incarcéré, sans chef d’accusation, et banni en tant « qu’élément subversif et dangereux pour l’ordre public ».

En 1932, il s’établit en Espagne à Sabadell dans la région de Barcelone, où il épousa Ana Canovas Navarro (née le 3 novembre 1906 à Murcia et décédée au Brésil en 2015 à l’âge de 109 ans), jeune ouvrière anarco-syndicaliste militante de la CNT (Confédération National du Travail) avec laquelle il eut en 1933 une fille prénommée Primavera (Printemps).

Aldegheri participa à la guerre civile, car « une nouvelle aurore est en train de naître dans ce pays » écrivait-il à ses parents le 16 novembre 1936. Enrôlé dans la Milicia Alpina Sabadell avec le milanais Enrico Pedrazzini, il combattit sur le Front d’Aragon où il fut blessé.
Fait prisonnier par les phalangistes au cours de l’été 1937, il arrive à s’évader quelques jours après et à rejoindre sa compagnie.

Réfugié en France avec sa famille lors de la Retirada en janvier 1939, et sans doute après avoir été interné dans un camp, il fut incorporé de force dans la Compagnie des travailleurs étrangers à Dunkerque. Capturé par les Allemands lors de la bataille de Dunkerque en juin 1940, il fut d’abord interné à l’hôpital militaire de Reims, transformé en camp. Il fut ensuite envoyé dans le camp de concentration de Sagan (Wroclaw) à la frontière germano-polonaise, puis transféré au camp d’Argelès. Il y retrouva son ami d’enfance Mario Borsaro et adhèra au groupe libertaire Liberta o morte crée par une centaine d’anarchistes.
Il fut ensuite extradé en Italie en 1941 où il fut condamné à 5 ans de relégation et assigné à résidence à Ventotene. Puis il fut transféré dans le camp de concentration de Renici où le 18 septembre 1943 il fut blessé au bras par l’éclat d’une bombe et envoyé à l’hôpital d’Arezzo. Une fois guéri, alors qu’il devait retourner sur l’île de Ventotene il tenta de s’enfuir mais se cassa le coude en sautant d’un 2e étage. Reconduit en cellule il profita d’un bombardement et des brèches faites dans la prison pour s’évader. Après avoir parcouru des centaines de kilomètres à pied, il arriva dans sa région natale.

Aldegheri participa à la Résistance en collaborant avec le CLN (Comité de Libération Nationale) de Vérone. Capturé par les « SS » il fut déporté en Allemagne et ensuite transféré au camp de concentration de Bolzano où il retrouva des amis : Egidio Meneghetti, Giovani Faccioli et Berto Perotti.
Llibéré à la fin de la guerre et retrouvant sa famille, il vécut quelques années en Italie où il s’investit dans l’U.V.A.M (Union des Militants Antifascistes de Vérone).

En 1951 il s’établissait définitivement au Brésil (rejoint peu après par sa femme et sa fille), et il ouvrait un petit atelier de chaussures à Guarujà. Il mena une intense vie associative dans la région de San Paolo : orateur dans les pique-niques libertaires, il encouragea et soutint les initiatives éditoriales anarchistes en langue portugaise. Il publia les livres d’éminents historiens lusitano-brésiliens comme Edgar Rodrigues, et réédita des pamphlets de vulgarisation comme la Pre Anarquia-sugestöes Praticas Sobre a organizaçäo da sociedade Futura, de Randolfo Vella. Il contribua à l’acquisition d’une imprimerie et d’un terrain pour les besoins du mouvement libertaire local. Il resta en correspondance épistolaire avec des rescapés de la guerre d’Espagne, des fédérations et des groupes anarchistes d’Europe et d’Amérique.

Carlo & Anita Alegheri (Brésil)

Carlo Aldegheri est décédé le 4 mai 1995 à Guarujà, petite ville où il a longtemps vécu, et où un Centre d’étude libertaire et bibliothèque porte son nom en 2010


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