Demeurant 5 rue Saint-Rémy à Saint-Denis, Gilbert Beaufort, qui avait servi au 3e régiment de Chasseurs d’Afrique, s’était marié en 1892 à Antoinette Collier dont il avait un enfant. Ancien boulangiste, il avait commencé en 1893 à fréquenter les réunions anarchistes. Il travaillait pour la fabrique de pianos Pleyel dont il aurait été renvoyé pour avoir frappé son contremaître et pour propagande anarchiste. Il travailla ensuite pour le fabricant de pianos Kriegelstein.

Il fut arrêté le 5 mars 1894, fiché comme anarchiste et poursuivi pour « association de malfaiteurs ». Lors de la perquisition à son domicile, la police avait saisi divers exemplaires du Père Peinard et de La Révolte, diverses coupures de presse sur l’affaire Vaillant, une copie manuscrite du Chant des anti-proprios et un coup de poing américain. Lors de son interrogatoire il avait reconnu être anarchiste et faire de « La propagande par la parole » et espérait qu’à une quelconque décision du gouvernement « Le peule se soulèvera et renversera ce gouvernement pour instituer la société comme nous la désirons et dans laquelle l’homme sera libre dans la société libre ».
Il fut interné à Mazas. Au juge d’instruction il déclara notamment : « Pour moi l’anarchie n’est que la recherche d’une situation meilleure, mais jamais je n’ai compris l’anarchie par une entente avec des gens qui veulent employer des moyens violents ; on ne peut rien me reprocher de semblable ». Le 17 avril il bénéficia d’une mise en liberté provisoire, puis le 2 juin 1895 d’un non-lieu.

Après qu’on ait perdu sa trace en juillet 1903, il fut inscrit à l’état vert n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades.