Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BALLERINI, Teresa, Maria, Anna, Carolina [Née FABBRINI]

Née le 1er septembre 1855 à Florence — morte le 22 juillet 1903 — Femme de chambre — Florence — Nice (Alpes-Maritimes) — Lausanne
Article mis en ligne le 7 mai 2018
dernière modification le 8 août 2024

par Dominique Petit, Gianpiero Bottinelli, R.D.
Teresa Ballerini

Teresa Fabbrini, se rapprocha de l’anarchisme dans la seconde moitié des années quatre-vingt. Elle déménagea à Pise et à Sienne. T. Fabbrini qui, selon la police, était toujours habillée en rouge et noir et portait un chapeau dit « Le Ravachol », eut un rôle important dans le mouvement anarchiste florentin et toscan du début des années quatre-vingt-dix. Elle collabora dans des périodiques tels que Il Paria à Pise (numéro unique, 25 février 1893), La Questione sociale à Florence, Semper avanti ! À Livourne, La Favilla à Mantoue et L’égalité sociale de Marsala (12 novembre 1893), dans lequel apparaît un poème en vers, de Martelliani intitulé Avanti !
En Juin de la même année, une conférence à Colle d’Elsa lui valut un procès et une peine de 28 jours d’emprisonnement. Libérée le 8 mars 1894, elle fut de nouveau arrêtée le 17 avril pour association criminelle et outrage à la force publique, et condamnée à deux mois, plus 80 jours de prison supplémentaires. En octobre, elle fut arrêtée et, après six mois de prison, assignée pendant dix-huit mois au domicile forcé d’Orbetello. Après quatre mois, elle retourna à Florence en liberté conditionnelle, mais chaque nuit, elle fut obligée de recevoir la visite de la police. La fin de cette surveillance spéciale, en avril 1896 ne mit pas fin aux détentions et aux arrestations et lorsque les nouvelles lois dites exceptionnelles en 1898 menacèrent de la priver de liberté, Teresa Ballerini s’exila avec sa famille à Nice.

Teresa et son mari Olympio Ballerini arrivèrent avec leur fils Belisario à Nice, le 5 septembre 1898 et y furent immédiatemnt signalés comme “anarchistes” par les autorités italiennes.
Le 30 mars 1899, la famille Ballerini quittait le logement qu’elle occupait 1 rue du Lycée, pour aller demeurer 25 quai des Deux Emmanuel, maison Bernard, au 3e étage. Selon un rapport de police, un jour qu’il pleuvait abondamment et que dans la rue où elle habitait, coulaient des ruisseaux d’eau, elle se serait mise à la fenêtre en criant : « comme ce sera joli le jour où les rues seront inondées, non d’eau, mais de sang ».

Le 12 décembre 1899, le commissaire central de Nice notait : « Pour faire cesser l’agitation qui depuis quelque temps semble régner chez une partie des ouvriers italiens, j’estime qu’il conviendrait d’expulser tous les membres de cette famille, dont les menées subversives peuvent constituer un danger pour la sécurité publique ».
Une note manuscrite du 12 décembre 1899, émanant du cabinet du préfet, indiquait : « Les appeler, leur donner un avertissement sévère et définitif
 ».
Le 14 décembre 1899, le commissaire central de Nice constata que « Le père, la mère et le fils continuent à faire une propagande effrénée parmi les ouvriers de la colonie italienne, pour faire des adeptes au parti anarchiste ».
Le 19 décembre 1899, le commissaire central de Nice, convoqua la famille Ballerini : « Je les ai légèrement admonesté et les ai engagés à cesser de faire de la propagande anarchiste, s’ils ne voulaient pas être expulsés du territoire français ».

Teresa Ballerini quitta Nice le 2 juillet pour se rendre à Florence, le 2 août, elle était signalée à Paris où elle était allée avec le compagnon Pellegrin. Elle s’y faisait adresser sa correspondance en poste restante.
Ces déplacements parurent suspects à la police, d’autant que les ressources issues de la vente de journaux, par son mari, ne pouvaient suffire aux dépenses du voyage.
Le 29 juillet 1900, à Monza (Italie), l’ouvrier anarchiste Gaetano Bresci tira trois coups de pistolet sur le roi d’Italie Humbert 1er, ce fut le prétexte de nombreuses expulsions d’anarchistes italiens.

Le 5 août, la police apprit qu’elle revenait de Paris, via Marseille où elle aurait été chargée de communications importantes, pour les anarchistes de cette ville, de la part de l’anarchiste Felice Vezzani qui travaillait à Paris sur le chantier de l’Exposition universelle. Le 8 août Teresa Ballerini fut arrêtée à sa descente du train en gare de Nice, à 11h33, en compagnie d’Octave Pellegrin, membre du groupe Les Libertaires de Nice, typographe qui l’accompagnait dans ce voyage.
Interrogée par la police, elle déclara qu’elle était à Paris pour voir l’Exposition, avec Pellegrin qui lui servait de « Cicerone ». Ils demeuraient 55 rue de Popincourt. A Paris, elle rencontra Amilcare Cipriani. Questionnée sur la halte qu’elle fit à Marseille, elle répondit qu’elle se sentait fatiguée et s’y était reposée quelques heures à l’hôtel du Lion d’Or.
La presse nationale (L’Aurore, la Petite République et La Lanterne) s’empara de l’affaire et dénonça ses conditions d’incarcération : « Mme Ballerini, étant la plus faible, a été naturellement la plus maltraités. Jetée an cellule, au secret le plus absolu, elle a été l’objet de la lâche brutalité des gardiennes, à tel point que, malgré une constitution robuste, elle a dû être transportée à l’infirmerie, où elle est restée huit jours ». Mais rien n’arrêta la machine administrative.

Le 18 août 1900, un arrêté d’expulsion fut pris à l’encontre des époux. Ils furent expulsés en Suisse.

Ils se rendirent en Suisse dans le canton de Genève, mais même ici, après la grève générale d’octobre 1902, ils connurent le même sort.
Il semble y avoir eu une séparation du couple puisque Teresa Ballerini alla ensuite dans le canton de Vaud, où elle vécut avec Octave Pellegrin, d’abord à Clarens, puis à Lausanne. Épuisée par la maladie, elle mourut le 22 juillet 1903.

Oeuvre : The free union (non trouvé) — Teresa Ballerini. Réflexions d’un travailleur (rapporté par The social equality, 27 août 1893) — Dalla Schiavitu alla liberta (De l’esclavage à la liberté les notes d’une femme). La Spezia 1904, avec des notes biographiques d’Olympio Ballerini. 38 p.