Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MARCOUX, Maryvonne

Née le 18 septembre 1941 à Lyon — morte le 12 janvier 2017 — FA — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 10 mars 2017
dernière modification le 12 juillet 2024

par Marianne Enckell, R.D.
Maryvonne Marcoux

Maryvonne Marcoux était le premier enfant de Marie-Antoinette Boudin, 27 ans, infirmière et de Francisque-Xavier Marcoux, 30 ans, comptable chez Berliet. Une petite sœur Marie-Claude naquit un an après.

En 1943 la famille décida de quitter Lyon et déménagea à Montbrison, résidence des grands-parents maternels. Le couple acheta un magasin de confection féminin où ils travaillaient tous les deux.
La famille s’agrandit avec Christiane en 1946, Jean-Luc en 1949, Marie-Dominique en 1952 et Mireille en 1957. Une semaine après la naissance de la petite dernière Marie-Antoinette décéda subitement. Suite à ce drame, Maryvonne, qui avait toujours eu beaucoup de problème avec le corps professoral, accepta à 16 ans d’arrêter ses études et d’essayer de remplacer la maman.

En 1962, majeure, elle voulut voir du pays et trouva une place au pair à Londres. Elle resta deux ans en Angleterre, principalement dans la capitale.
De retour à Montbrison elle recommença le petit train-train entre la maison et le magasin. Ses loisirs étaient la peinture où elle avait un talent certain et le sport : natation et judo.

En 1966, l’envie de voyager la reprit et elle trouva une nouvelle place au pair à Athènes. Elle y resta environ deux ans en visitant toute la Grèce. Elle ne voulait plus rester à Montbrison et retourna à Lyon ou elle vécut en faisant des petits boulots.

En 1974-75, elle anima le Groupe anarchiste Lyon Espoir (GALE) de la Fédération anarchiste (FA). Les réunions se faisaient chez elle, rue Pierre Corneille dans le 6e arrondissement puis, lorsque le local de la rue Pierre Blanc s’ouvrit, à la mi-1975, dans ce local. Pour vite arrêter et fusionner avec le Collectif libertaire né à cette époque.

En 1975, elle décida de créer un restaurant rue Burdeau, près de la place de l’Hôtel-de-ville. “Au Goût du canon” put être ouvert grâce au soutien de quelques personnes, proche des milieux alternatifs naissant. Cette activité gérée collectivement dura un peu plus d’un an, et se termina par une explosion dont la cause ne fut jamais établie exactement. Elle ne fit que des dégâts matériels, mais obligea l’équipe à fermer le local.

En novembre 1975, en rentrant en France suite à une visite au CIRA (alors situé à Genève), Maryvonne fut arrêtée à la douane française avec Bruno Mondo Igor et Mimmo Pucciarelli, deux jeunes insoumis italiens, et quelques imprimés anarchistes dans le coffre de la 2CV. Ils furent accusés de « complot contre l’État », ainsi qu’une cinquantaine de membres de l’extrême gauche impliqués dans la solidarité avec les Comités de soldats. Poursuivie en janvier avec 11 d’entre eux, dont les libertaires Ali Touati et Yann Houssin devant la Cour de sûreté de l’État, elle fut libérée avec eux le 15 février 1976.

En 1977, toujours à la Croix-Rousse, s’ouvrit un nouveau restaurant, “Aux Tables rabattues”, sous forme de coopérative. Maryvonne aida le nouveau collectif à la recherche de fonds et y travailla quelque temps. Elle participa aussi à l’aventure des radios libres, et fut condamnée avec d’autres camarades, le 15 juillet 1980, à une amende légère suite à un procès où l’on avait vu un déploiement démesuré de forces de police.

Ensuite, elle décida de changer d’horizon et de se lancer dans l’agriculture biologique en s’installant en Ardèche, à Lamastre. Elle gardait toutefois son appartement lyonnais situé rue de la Ferme à Vaulx-en-Velin. Pendant les années 1980 elle navigua entre ses deux résidences en vivant d’une petite production et de l’aide familiale. Mais elle fréquentait aussi la Libraire libertaire la Gryffe.

Pendant cette période lyonnaise elle suivit régulièrement des cours à l’université comme auditrice libre. Elle s’y fit beaucoup d’ami-e-s dont des Ivoiriens qui lui donnèrent envie de connaître l’Afrique. Elle décida alors de partir pour Abidjan, en Côte-d’Ivoire, et y resta pendant toutes les années 1990, en vivant comme les autochtones. Elle y recueillit de nombreux enfants plus ou moins abandonnés qu’elle nourrit et qu’elle essaya d’instruire.

Mais la maladie commençait à diminuer ses capacités. Un premier AVC l’obligea à revenir dans la Loire. Puis un deuxième beaucoup plus grave la cloua sur un fauteuil roulant et l’obligea à prendre pension à la maison de retraire Marcel Sicre à Andrézieux Boutheon. C’est là qu’elle est décédée le 12 janvier 2017.

Oeuvre : Collaboration parfois non signée à la revue lyonnaise IRL, au Réfractaire, etc.


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