Dictionnaire international des militants anarchistes
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DURAND, Jules, Gustave
Né au Havre le 6 septembre 1880 – mort le 20 février 1926 - Ouvrier charbonnier - CGT – Le Havre (Seine-Maritime)
Article mis en ligne le 24 mars 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Jules Durand

Militant syndicaliste révolutionnaire, Jules Durand avait été licencié en 1908 et s’était alors consacré à l’organisation de l’Union départementale de la CGT. Secrétaire en 1910 du syndicat des charbonniers du port du havre, qu’il avait reconstitué en juillet, il appelait en août à une grève illimitée contre la vie chère et pour une augmentation de salaires. Un « jaune », Dongé, embauché pat la Compagnie générale transatlantique, menaçait avec un revolver le 9 septembre quatre charbonniers non syndiqués épris de boisson, comme lui ; ceux-ci le frappèrent et Dongé décédait le lendemain et les coupables étaient arrêtés. Mais pour éliminer Durand, le patronat local appuyé par la presse achetait des témoignages pour faire croire que l’assassinat de Dongé avait été décidé par le syndicat à l’instigation de Durand qui était arrêté avec les frères Henri et Gaston Boyer, secrétaire et trésorier du syndicat.

Lors du procès à la cour d’assise de Rouen, et malgré le fait que le responsable de la sureté du Havre ait proclamé l’inocence de Durand, celui-ci, défendu par l’avocat René Coty, futur président de la République, était condamné à mort le 25 novembre 1910, tandis que les quatre coupables étaient condamnés aux travaux forcés. A l’annonce du jugement Jules Durand avait eu une violente crise de nerfs. Il sera maintenu 40 jours dans une camisole de force et passera plusieurs mois dans la cellule des condamnés à mort où il deviendra fou et ne retrouvera plus jamais la raison. Après une intense campagne de solidarité –-déclenchée au Havre dès le 28 novembre par une grève et poursuivie avec en particulier la brochure Pour l’innocent Durand (Paris, Ed. de L’Espérance, décembre 1910, 24 p.) illustrée par Granjouan et tirée à 15.000 exemplaires – des organisations ouvrières, libertaires et de la Ligue des Droits de l’homme, Jules Durand, dont la peine avait été commuée en janvier 1911 en sept ans de réclusion, était gracié le 15 février 1911.

Dès sa libération de la prison de Rouen le 16 février 1911, il rentrait chez lui accompagné de sonpère, sa compagne et plusieurs syndicalistes dont Charles Marck. Dans les semaines qui suivirent, son état se détériora considérablement et il fut d’abord interné à l’hôpital du Havre avant d’être transféré le 5 avril 1921 à l’asile d’aliénés de Sotteville-les-Rouen où il décédait le 20 février 1926.
Jules Durand ne sera totalement innocenté que le 15 juin 1918 par la cour de cassation lors du procès en révision.

Cimetière du Havre

Le nom de Jules Durand a été donné en 1956 à un boulevard du Havre. En 1961 le dramaturge Armand Salacrou, respectant scrupuleusement toute l’histoire, créait au Havre la pièce Boulevard Durand qui prit l’allure d’une réparation officielle à une telle injustice.

A l’automne 2017, le film documentaire de Sylvestre Meinzer Mémoires d’un condamné rend hommage à Jules Durand à travers les témoignages de syndicalistes, de dockers et habitants du Havre.


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