Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

SCHOUPPE, Placide

Né le 12 mars 1858 à Dukeuven (Belgique) — Mécanicien — Belgique — Paris
Article mis en ligne le 30 juin 2016
dernière modification le 8 août 2024

par Dominique Petit, ps

Partisan de la reprise individuelle, Placide Schouppe, en compagnie de Vittorio Pini et de son frère Julien, commit une dizaine de vols durant les années 1888-1889. Selon M. Goron, chef de la sûreté, Schouppe était à la tête d’une bande de voleurs cosmopolites qui s’intitulaient anarchistes.

La bande écoulait le produit de ses vols à Londres par l’entremise de Marocco, membre du groupe Gli Intransigenti di Londra e Parigi. Une partie de l’argent « exproprié » (400.000 Francs au total) servit à financer la propagande anarchiste.
Les papiers saisis lors d’une perquisition montrèrent que le groupe avait créé une imprimerie clandestine, 11 rue de Bellefond à Paris, atelier que Schouppe avait loué sous le nom de Leclaire, d’où sortaient chaque jour des ballots de brochures anarchistes. Pini était le correcteur de cette imprimerie.
La police découvrit également chez Placide Schouppe des cartouches vides et plusieurs mètres de mèche de mine, ce qui fit soupçonner le groupe d’avoir été l’auteur des explosions à la dynamite qui s’étaient produites lors du mouvement contre les bureaux de placements mais aucune preuve ne put être apportée.

Lors du procès le 6 novembre 1889, Placide Schouppe fut condamné à 10 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction de séjour. Son frère Julien à 5 ans de travaux forcés en Nouvelle-Calédonie.

Placide fut envoyé à Cayenne en compagnie de Pini. En avril 1891, il s’évada avec Pini et un bagnard d’origine roumaine. Ils s’embarquèrent sur une pirogue, remontèrent l’estuaire du Maroni jusqu’au territoire hollandais. Les journaux de l’époque donnèrent des versions assez différentes de l’épopée des fuyards.
Dans un récit, ils furent surpris par un jaguar ou des jaguars, le Roumain aurait été dévoré et Schouppe blessé au bras. Pini et Schouppe continuèrent leur chemin, se firent embaucher dans une plantation de café et de cacao. Pini ayant les pieds gonflés ne put continuer à marcher ; le 1er août 1891 Schouppe continua seul vers le Venezuela. Pini fut surpris par la police hollandaise et reconduit à Cayenne.
Schouppe rejoignit ensuite le Mexique mais ne put y gagner sa vie, ne connaissant pas la langue. Il passa en Angleterre puis en Belgique. Allant d’une ville à l’autre, il fit des collectes pour fournir à Pini de l’argent pour s’évader.

Dans une autre version Schouppe aurait laissé seul Pini dans la plantation pour aller chercher des vêtements civils. Pendant son absence une ronde de gendarmes hollandais aurait surpris Pini qui se serait enfui, blessé à la jambe par un coup de feu mais, la gangrène s’étant mis dans la plaie, il fut repris.
Quant à Schouppe. voyant Pini découvert, il se serait embarqué sur un steam-boat à destination de Vera Cruz. Pendant la traversée, le bateau aurait fait naufrage, des 40 passagers, la moitié se serait noyée. Schouppe et un Espagnol échouèrent sur un îlot pendant plusieurs jours ; son compagnon mourut et Schouppe aurait été récupéré par un bateau anglais qui le laissa à Liverpool.

En 1892, il fut logé chez Ortiz* qui demeurait 65 rue Lepic à Paris dans un logement juste en dessous de celui d’un chef de bureau de la préfecture de police qui discutait avec lui sans jamais se douter de rien.

Schouppe fut arrêté le 14 mars 1893 dans un café sur les grands boulevards de Bruxelles. Au même moment la police arrêta son frère Rémy dit Revolver chez qui on découvrit des objets provenant de vols commis en Belgique et en France, de fausses clefs et des barbes postiches. Gustave Mathieu était hébergé dans la maison de Revolver mais avait pu s’enfuir avant l’arrivée de la police.

Le 16 mai 1893, Placide Schouppe fut condamné à deux ans de correction pour désertion à l’étranger. Soldat de la milice du 1er régiment des guides, il avait quitté le régiment depuis 1880.
Le 22 juillet de la même année, il fut condamné à 5 ans de prison pour affiliation à des associations de malfaiteurs, port de faux noms, fabrication de fausses clefs. Son frère Rémy, ayant une peine de 6 mois de prison pour avoir hébergé Mathieu, fut acquitté en appel. Quant à Placide, la cour militaire de Bruxelles le condamna le 23 avril 1895 à 10 ans de réclusion pour vol qualifié et recel. Si son jugement fut annulé, faute de preuves suffisantes, il resta en détention pour purger sa peine antérieure.

Le 5 mai 1895, la police de Bruxelles arrêta Mathieu et Rémy Schouppe au moment où les deux cambrioleurs fracturaient un coffre-fort. Le produit du vol devait servir à financer l’évasion de Simon dit Biscuit, condamné au bagne lors du procès Ravachol. Ils furent condamnés à 10 ans de prison.

Placide ayant purgé sa peine à la prison de Louvain fut libéré le 30 novembre 1897. Il rentra en France et fut arrêté le 28 décembre 1897 dans un garni de Montmartre. Devant être transféré à l’Ile de Ré pour retour au bagne de Cayenne, son avocat intercéda en sa faveur et il fut l’objet d’un arrêté d’expulsion de France le 28 février 1898 et expulsé vers l’Angleterre le 23 mars. I était dit à cette époque “opticien”.

A la même époque son frère Julien, selon Le Gaulois du 28 décembre 1897, se serait évadé de Nouvelle-Calédonie.

Revenu en Belgique, Placide fut arrêté le 16 avril 1898, alors qu’il préparait le vol d’un hôtel.

On le retrouve à Nancy en 1900, condamné à 15 ans de travaux forcés et à la relégation perpétuelle par la cour d’assises pour association de malfaiteurs à l’occasion d’un vol de 120.000 francs à Rosières-aux-Salines, en compagnie d’autres anarchistes.

Reconduit à Cayenne, il s’évada de nouveau en 1905. Réfugié en Hollande, il fut expulsé et revint en Belgique en mars 1908. Il fut arrêté dans un tramway de Bruxelles le 22 mai 1908, transféré à Paris le 24 mai et écroué au dépôt avec retour probable à Cayenne.


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