Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MONFRAY, Marius

Né le 4 juillet 1866 à Lyon (Rhône) — mort le 22 février 1894 — Plâtrier-peintre ; horloger — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 13 février 2016
dernière modification le 5 août 2024

par Laurent Gallet, ps

La police soupçonna Marius Monfray, frère d’Ernest, d’être l’auteur d’un article paru le 28 octobre 1883 dans Le Drapeau noir (Lyon), signé du Cercle d’études sociales de la Jeunesse anarchiste : le cercle se donnant pour adresse le café Ruet, son patron ne sut donner que le nom de Monfray parmi l’assemblée s’étant réunie chez lui la semaine précédente. Il semble avoir passé par la suite plusieurs mois en Suisse où il apprit le métier d’horloger.

Au début de l’année 1885, il commença sa carrière de peintre plâtrier chez un nommé Rauzy, en tant qu’apprenti. Il gagnait 3 francs par semaine et était en outre nourri. Il participa également activement à l’action des libertaires lyonnais en étant l’un des orateurs occasionnels des réunions. Le 24 août 1885, il fit une déclaration de colportage d’imprimés et devint à la fois correspondant et dépositaire de journaux anarchistes qu’il vendait dans les réunions publiques. Arrêté dans la nuit du 17 au 18 octobre pour affichage de placards anarchistes, il fut relaxé.

Il organisa, avec l’anarchiste Montfouilloux, une soirée amicale suivie d’un tirage de loterie au profit de Toussaint Bordat condamné au procès de Lyon, dit Procès des 66, qui avait été libéré en janvier 1886. La réunion eut lieu le 20 novembre 1886, à Lyon. Parmi les lots, on relevait « La police » qu’un hareng saur représentait et « La Bourgeoisie » symbolisée par le dernier morceau de pain touché en prison par Bordat.

Monfray, comme Montfouilloux, fut soupçonné d’avoir participé à un attentat le 8 février 1887 contre le Palais de justice de Lyon dans lequel sept policiers avaient été blessés, mais une perquisition menée à son domicile, 215 Cours Lafayette, ne donna aucun résultat.

Dans une note publiée par Le Révolté (20 février 1887), Monfray demandait aux compagnons de se dispenser de lui écrire, tout son courrier et celui étant adressé à sa mère, étant systématiquement « décacheté à la poste” de Lyon.

Monfray et Montfouilloux furent poursuivis pour n’avoir pas sollicité l’autorisation d’organiser une loterie. Le 3 mars 1887, le tribunal correctionnel de Lyon condamnait Montfouilloux à un mois et Monfray à huit jours de prison. À l’énoncé du jugement, ce dernier s’étant écrié : « Vive l’anarchie ! », le tribunal lui infligea deux ans de prison pour outrage envers des magistrats pendant l’audience. Cette peine fut réduite en appel le 28 mars à un an de prison.

Le 26 avril 1890, lors de la réunion préparatoire aux manifestations du 1er mai tenue par le conseil local lyonnais de la Fédération nationale des syndicats, Marius Monfray se fit remarquer par ses propos violents et, en août, il organisa une scission de la chambre syndicale des plâtriers-peintres en fondant un « groupe corporatif international des peintres et plâtriers de la ville de Lyon et banlieue » dont il assuma le secrétariat. A cette époque, il redevint horloger pour compléter son emploi de peintre plâtrier devenu irrégulier.

Le 14 mars 1891, il interpella violemment les orateurs blanquistes que le syndicat des verriers de Lyon avait invités à venir, salle Rivoire, parler du vingtième anniversaire de la Commune.
Le 17 janvier 1892, lors de la soirée familiale tenue à la brasserie Corompt pour clore le congrès régional anarchiste et le cycle de conférences de Sébastien Faure, l’un des frères Monfray, avait interprété Le 14 juillet du vagabond.

Alors qu’il fréquenta encore assidument les réunions du groupe de la Guillotière en 1891, il ne participa plus aux réunions anarchistes après janvier 1892. Cela n’empêcha pas la police de perquisitionner à son domicile où elle trouva des brochures, des journaux et des libelles anarchistes. Le 22 avril 1892, dans le cadre de la rafle préventive à la manifestation du 1er mai, il fut alors arrêté avec une quarantaine d’autres compagnons de la région sous l’inculpation d’association de malfaiteurs, mais fut relaxé le 5 mai et regagna son domicile 87 rue de Bonnel.

Alors qu’il était orphelin de père et soutien de veuve depuis 1883, il fut envoyé au 14e corps d’armée, régiment d’infanterie stationné à Vienne. Il en fut néanmoins réformé en 1893 pour cause de bronchite tuberculeuse.

Le 23 février 1894, il fut enterré civilement au cimetière de la Croix-Rousse.


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