Entre mai 1871 et juillet 1893 Alexis Legrand avait été condamné à 5 reprises à divers mois de prison pour « complicité de vols, coups et blessures, outrages à agents ».
Au début des années 1890 il travaillait à Recey sur Ource (Côte-d’Or) comme ouvrier piqueur de moellons dans une carrière et avait résidé à Saint-Geosmes (pendant 7 ou 8 ans) où le maire le qualifia ultérieurement de « canaille, voleur, maraudeur au besoin capable d’assassiner ». Il y était considéré comme un « ouvrier intelligent et habile, mais d’un caractère indiscipliné » ce qui lui avant valu d’être licencié.
Sa compagne, Marie (ou Virginie) Coupet (née vers 1866), tenait un petit commerce de fruits et légumes. Lors des marchés le couple mettait au dessus de son étal une plaque où il était écrit Union ouvrière, une sorte d’association de secours mutuel formée notamment avec divers compagnons dont Monod, Catineau, Massoubre et Plantelier (ou Plantelin). Après la perte de son emploi, il allait quotidiennement à Dijon afin d’approvisionner le commerce de sa compagne.
Le 14 juillet 1893, la police avait signalé qu’il avait distribué à Recey divers manifestes anarchistes. A cette époque, Legrand qui était en contact avec François Monod à Dijon, avait été candidat abstentionniste lors des élections législatives dans l’arrondissement de Chatillon sur Seine.
Début janvier 1894 il était incarcéré à Dijon et était notamment accusé d’avoir « excité » en 1891 les ouvriers de son chantier — il n’admit que de leur avoir distribué de la propagande anarchiste. Le greffier de Recey rapporta également, qu’après l’arrestation de Legrand, ses enfants, dont l’aîné n’avait que 12 ans, « sous l’œil bienveillant de leur mère » et leur cousin A. Bigarnet, avaient glissé sous sa porte des manifestes anarchistes, tout en criant devant l’immeuble « Vive la Révolution sociale », tout cela « à l’instigation de leur père », ce que ce dernier nia énergiquement, lors de ses interrogatoires. Lors d’une perquisition la police avait trouvé un paquet de 150 exemplaires du manifeste Ce que sont les anarchistes, identiques à ceux qu’auraient distribué deux de ses fils et son neveu A. Bigarnet, divers autres manifestes (Vive la Révolution ! Vive l’anarchie) ainsi qu’une trentaine d’affiches Le Père peinard au populo. Il fut poursuivi avec notamment Monod, Hinaut et Bigarnet pour « association de malfaiteurs » mais, comme eux, bénéficia le 10 février 1894 d’un non-lieu.