Dictionnaire international des militants anarchistes
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DESMOULINS, Martial
Né à Limoges (Haute-Vienne) le 12 mai 1890 - mort le 17 septembre 1984 - Ouvrier en chaussure ; Représentant de commerce - FAP - CGT - CGTSR - CNTF - CGTFO -Limoges (Haute-Vienne) – Barcelone (Catalogne) – Marseille (Bouches-du-Rhône) – Cannes (Alpes-Maritimes)
Article mis en ligne le 27 février 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D., René Bianco

Né au 5 rue de la Roche dans le quartier ouvrier du Pont-Saint Martial, Martial Desmoulins avaitété témoin des luttes ouvrières de 1905 qui firent dans son quartier un mort et plusieurs blessés. Après avoir passé son certificat d’études, Martial Desmoulins était entré à 13 ans dans la vie active comme apprenti coupeur dans une usine de chaussures et avait adhéré dès 1906 au syndicat CGT des cuirs et peaux. “Ce sera pour moi”, écrit-il dans une lettre du 20 septembre 1977, “un dur apprentissage de la vie ouvrière du commencement du siècle”.

Deux ans après il quittait cette place et restait sans emploi, fréquentant alors une bande de jeunes ouvriers sans travail dont la principale activité était de “chercher querelle aux jeunes employés de commerce, qui se croient au dessus des ouvriers” et à rosser “les petits gommeux et gommeuses de la petite bourgeoisie”. Embauché dans une grosse fabrique de porcelaine –“10 heures de travail par jour… les travaux forcés avec une chiourme ne nous quittant pas des yeux…” - il commençait alors à fréquenter le groupe libertaire de Limoges et distribuait l’un de ses premiers tracts intitulé « Les ouvriers n’ont pas de patrie ». Sommé de cesser ses activités militantes par la direction de l’usine, il partait et trouvait un travail dans la chaussure et ré adhérait au syndicat des cuirs et peaux.

Après 26 mois de service militaire (1911-1913) il trouvait un travail d’abord dans une fabrique de tiges puis à l’usine de chaussures Fougeras. En 1913 Martial Desmoulins militait avec Marcel Vardelle et Jules Tety aux Jeunesses syndicalistes de Limoges dont il deviendra le secrétaire. Formé au groupe néo malthusien, il distribuait souvent des préservatifs dans les usines. En novembre 1913 il était élu trésorier du syndicat CGT des cuirs et peaux de Limoges qui était alors le syndicat le plus fort de la ville.

Mobilisé lors de la guerre il allait passer trois ans au front où dans les moments d’accalmie il servait d’écrivain bénévole à bien des soldats totalement illettrés. En 1916, lors de la bataille de la Somme, alors qu’il était aux environs d’Amiens au repos en attendant de remonter en ligne, Martial Desmoulins, qui parlait parfaitement le limousin, avait rencontré deux jeunes soldats britanniques qui parlaient un pur provençal enseigné en Angleterre et avec lesquels, il avait organisé “après la soupe, des chœurs de chansons limousines” auxquels se joignaient “les méridionaux, Gascons, Auvergnats et Catalans”. (cf. Espoir, 29 juin 1975, "Influence de la langie limousine en Occitanie). Puis cette même année 1916 il désertait. Il arrivait le 1er janvier 1917 sur la Côte d’azur où après quelques mois passés à Menton, Nice et Toulon, il allait à Marseille où plusieurs autres déserteurs et insoumis vivaient clandestinement (entre autres Gaston Leval et Eugène Galand) et où la compagne de Roumilhac lui trouvera une chambre et du travail dans une usine de chaussures de la Pointe Rouge employant une majotité d’ouvriers espagnols dont plusieurs camarades. Il était alors muni de faux papiers au nom de Deschamps qui avaient été fabriqués à son intention par Moreau, peintre-graveur à Chateauroux. Il fréquentait à cette époque les réunion tenues dans la villa du compagnon espagnbol Hilario Arlandis dans le quartier de Montolivet où, outre les espagnols, se retrouvaient de nombreux réfractaires et déserteurs.

En juillet 1918 il quittait Marseille pour Barcelone où il allait travailler dans une usine de chaussures de la banlieue et où il allait faire partie du "Groupe International" qui avait son siège 416 calle Cortes, et auquel avaient participé plusieurs rescapés de la bande à Bonnot, dont Bramer, Victor Serge après sa libération et Rirette Maitrejean lors de leur passage à Barcelone et des déserteurs. Ce groupe aurait édité le journal en français Aurore Rouge. Etaient également membre du groupe Alphonse Galy, Costa Icar, Jean Donna, Barthe, Camille Bauer, Maggi, Joseph Prat, Leopold Segala, J. Téty, le suisse Louis Dressier, Gaston Leval et les jeunes espagnols Agostin Flor, J. Hernandez, F. Bravo et B. Menacho qui furent assassinés le 19 janvier 1921 par la police qui les avait arrêté et leur avait appliqué la "loi de fuite“…

Revenu en France en 1921, grâce aux efforts des Roumilhac, il vivait alors dans la région de Nîmes avec de faux papiers espagnols au nom de Pérez. En 1923 il avait quelques difficultés avec les autorités militaires et était interné au Fort Saint-Nicolas, avant d’être remis en liberté après une longue intruction. Amnistié en 1926 il regagnait Limoges où Henri Grand l’amenait à la réunion du groupe – dont René Darsouze, André Lansade, Adrien Perrissaguet, etc - qui allait éditer le journal La Voix Libertaire (Limoges, 1929-1939) auquel il allait collaborer. Revenu à Marseille en 1927 où il était représentant en chaussures, il était membre du syndicat "La Fraternelle", adhérent à la CGTSR - dont en 1935 il était responsable du bureau fédéral avec Casanova - et s’occupait de la diffusion de La Voix Libertaire dans toute la région. Dans les années 1930 il animait l’Athénée libertaire qui se réunira jusqu’à la guerre au bar "Le petit Poucet" à Cannes autour de Gleize, Theodore Jean… En 1934 il avait été nommé secrétaire du Groupe d’action libertaire de Marseille dont Fugier était le trésorier.

Le 17 mars 1935, lors du congrès tenu par la Fédération anarchiste provençale, il fut élu au bureau de la FAP avec Gleize, Puechagut et Casanova. Il collaborait ensuite au Bulletin intérieur de la FAP (Toulon, 11 numéris d’octobre 1935 à août 1936) dont le responsable était F. Dumas et dont la publication avait été décidée lors d’un congrès tenu le 22 septembre 1935 auquel avaient assisté 13 groupes (Toulon, Marseille, Nïmes, Montpellier, etc) et plusieurs individualités. Le 25 octobre 1936, il fut recinduit au bureau de la FAP avec Saglietti (secrétaire), Antoine Pascal (secrétaire adjoint), Damiani (trésorier) et G. Bacconi. Il était toujours membre du bureau de la FAP en 1938 aux cotés de Chaix. Pendant la révolution espagnole, il lui avait été proposé par les camarades espagnols de Marseille de s’occuper de la gestion du consulat à Avignon, mais il avait refusé ne voulant pas “entrer en compétition avec des bons amis de Nîmes candidat à ce poste”.

Pendant l’Occupation il participera au congrès tenu à Nimes par « les Amis de Au travail » un regroupement de syndicalistes « apolitiques » proche de la collaboration, ce qui lui permit de faire sortir une dizaine de compagnons internés au camp de Sisteron. Cette « compromission » lui sera reprochée à la libération par u certain nombre de camarades anarchistes, mais Martial écrivait à ce propos : “… Quelques constipés de la cervelle me reprochèrent de m’être occupé de cette histoire. Mais ce que j’ai fait en 1941, je le referai aujourd’hui si c’était pour les copains qui vont en prison”.

A la libération il continuait de fréquenter régulièrement la Bourse du travail de Marseille et fut l’un des fondateurs de la CNTF avec entre autres Sayas et Bregliano. Puis, suite à la maladie de sa compagne, il dut cesser tout militantisme pendant près de 10 ans…

A partie de 1969, il collabora régulièrement à l’hebdomadaire de la CNT Espoir (Toulouse) à laquelle il avait ré-adhéré en 1967. En octobre 1969 il fut semble-t-il exclu de la CNTF - sans qu’il n’en fut avisé ni par écrit ni par oral - après avoir protesté contre l’exclusion des frères Richard et Pierre Meric et s’être notamment affronté à ce propos avec les compagnons des Jeunesses anarcho-syndicalistes (JAS) membres de l’ORA qu’il avait traité de "staliniens".

A sa retraite il alla s’installer à Cannes où il a été le fondateur à Cannes dans les années 1970 du Syndicat des vieux travailleurs de Cannes, adhérent à la CGT-FO.

Martial Desmoulins, dont la compagne Marcelle était décédée à Marseille fin 1967, habitait en 1980 à Le Canet (06110) et collaborait au Bulletin du CIRA (Marseille). Il était alors le président du Syndicat des vieux travailleurs. Il décédaità le 17 septembre 1984 à Cannes.


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