Présenté comme un militant anarchiste espagnol réfugié en France, Salvador Alvarez Gamundi (né le 14 août 1868 à Sollers), qui était alors dit comptable, avait été l’objet le 13 août 1897 d’un arrêté d’expulsion qui lui avait été signifié à Fontainebleau le 17 août. Il fut emprisonné à Montpellier en 1900. Le 20 octobre 1900, il était condamné à Perpignan à deux mois de prison pour « infraction à un arrêté d’expulsion », puis le 31 octobre suivant à deux ans de prison pour « outrages par écrit » à des magistrats de Perpignan. Il était alors qualifié « d’anarchiste dangereux à surveiller de près » et « à isoler le plus possible ». Le 26 novembre 1900 il était transféré à la prison de Nîmes dont il était libérable le 15 octobre 1902, puis le 11 janvier 1901 il était amené à Cerbère pour être remis aux mains des autorités espagnoles. Toutefois l’arrêté fut rapporté le 2 mars 1901, Salvador Alvarez étant de nationalité française et s’appelant en réalité Isidore Baffone. Nous ignorons s’il il y eut un véritable Salvador Alvarez et/ou un échange d’identité ou s’il s’agit d’une totale fausse identité adoptée par Baffone. Il fut également soupçonné, au début des années 190 d’être le Marius Bernard, inscrit comme "nomade" à l’état vert n°3 des anarchistes disparus et/ou nomades.
Le 12 octobre 1903 Isidore Baffone dit Salvator Alvarez fut condamné à un an de prison pour « apologie de l’anarchie et outrages à l’armée ». Suite à une amnistie il était libéré le 2 avril 1904 de la prison d’Alençon (Orne).
Inscrit à l’état vert n°3 et n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades, il circulait à pieds dans l’Aisne et la Marne (Reims Mourmelon, Chalon…) au printemps 1904 avec le compagnon Léon D’Hervilly. En mai 1904, depuis Chalons sur Marne où ils avaient vendu de la pâte à décalquer et avaient couché à l’asile de nuit, Baffone tentait d’obtenir un secours pour un moyen de transport jusqu’à Paris ; il adressait une lettre au Préfet de la Marne pour se plaindre de la surveillance continuelle dont il était l’objet « pour avoir professé, dans un moment d’égarement, des idées que je reconnais subversives et utopistes » ; selon le rapport de gendarmerie il avait notamment à l’asile de nuit « récriminé contre cette société qui fait que les uns couchent sur la paille tandis que d’autres se vautrent dans les richesses jusqu’au cou » et, auprès du Maire « s’était dit anarchiste avec autant de droit que ceux qui se proclament républicains ». Dans sa lettre Baffone ajoutait que malgré les bons rapports en sa faveur et le fait ne ne pas avoir été condamné, il ne parvenait pas à obtenir sa radiation de la liste des anarchistes, ce qui l’empêchait notamment de travailler. Il lui fut délivré un billet de train jusqu’à Château Thierry. La gendarmerie signalait au printemps 1907 que, par étapes, il se dirigeait vers Paris.
A l’été 1908, après avoir, semble-t-il, été expulsé d’Italie, il était signalé circulant sur la Côte d’Azur puis en octobre dans le Var. Selon la police il était alors employé de commerce et était borgne de l’œil droit. En 1912, colporteur et chanteur ambulant, il était toujours signale circulant dans le Var où il était étroitement surveillé mais où son attitude ne donnait lieu à aucune remarque défavorable. Toutefois la police notait qu’il voyageait avec une petite serviette noire qui contenait des brochures anticléricales (La Peste religieuse de J. Most) qu’il vendait. A la fin de l’année il se trouvait dans les Basses Alpes.