Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

LANCIOTTI, Umberto

Né à Forano Sabina le 1er avril 1894 — mort le 9 juin 1974 — Mineur ; garçon de café ; mécanicien — GIA — IWW — Ancône — USA — Londres — Buenos Aires — Milan (Lombardie) — Follonica (Toscane)
Article mis en ligne le 13 janvier 2015
dernière modification le 12 juillet 2024

par ps
Umberto Lanciotti

Après des études à l’école technique de Sassoferrato où sa famille s’était installée en 1897, Umberto Lanciotti avait émigré en France en 1913 avant, quelques mois plus tarde, de gagner les États-Unis où il allait travailler comme mineur à Scranton (Pennsylvanie) et adhérer au courant anarchiste anti-organisationnel publiant le journal Cronaca sovversiva (Barre). Il rencontra à cette époque Raffaele Schiavina, fréquenta assidument Nicolas Recchi et participa aux agitations ouvrières menées par les IWW.

Appelé sous les armes en 1914, il restait aux États-Unis et était en Italie poursuivi pour insoumission. Ouvrier à Monessem, puis comptable dans une banque, il approuva la position prise par Galleani — contre la guerre, contre la paix, pour la révolution sociale — et s’opposa à toute participation à la guerre. Déclaré déserteur, il travailla ensuite dans une usine automobile de Detroit et participa notamment à l’agitation en faveur de Carlo Tresca.

En septembre 1920 il rentrait en Italie et allait travailler à Loreto où résidaient ses parents, à la construction d’une voie ferrée. Au printemps 1921, suite à une grève il était licencié et allait alors à Zara où il travaillait comme magasinier pour un grossiste en vins. En novembre 1922, il était blessé lors d’un affrontement avec un groupe fasciste à Ancône, et, craignnat d’être arrêté comme déserteur, s’embarquait clandestinement sur un navire à destination des Pays Bas. Débarqué en Grande-Bretagne à Cardiff, où, sans ressources, il connut des journées difficiles avant qu’un marin lui donne l’adresse à Londres du compagnon Emidio Recchioni qui allait l’aider à lui trouver un emploi de garçon de restaurant. Quelques semaines plus tard, il prenait la parole lors d’une réunion d’un ancien député communiste et déclarait que « les principes anarchistes ne permettaient de faire cause commune avec les communistes ».

En 1925, suite à la sévère correction qu’il avait infligé à un propriétaire de cercle qui voulait le licencier et sans doute pour échapper à une extradition, il s’embarquait clandestinement en avril pour l’Argentine à Buenos Aires où il allait être en relations avec de nombreux compagnons italiens et espagnols et notamment Nicola Recchi et Aldo Aguzzi. Il collaborait également avec le groupe formé de Miguel Arcangel Roscigna, Emilio Uriondo, Pedro Boadas Rivas et les frères Antonio et Vicenzo Moretti et avait des contacts sporadiques avec le groupe illégaliste de Severino Di Giovanni et des frères Paulino et Alejandro Scarfo qui furent auteurs d’une série d’attentats entre 1928 et 1930.

Le 23 juin 1930 Lanciotti fut arrêté au restaurant Vesuvio avec E. Uriondo et Juan Lopez Dumpierrez, fut condamné à 2 ans de prison et interné au pénitencier d’Ushuaia en Terre de feu. Quelques mois plus tard, début septembre, le général Uriburu prenait le pouvoir et instituait une dictature féroce. Le 1er février 1931 étaient fusillés Severino Di giovanni et Paulino Scarfo.

Libéré le 13 juillet 1932, Lanciotti était de nouveau arrêté à Rosario et sauvagement torturé avec N. Recchi, avant d’être expulsé en Italie où il arrivait à Naples le 24 octobre 1933. Interrogé le 8 novembre à la préfecture d’Ancône, il reconnut avoir fréquenté divers militants mais nia avoir connu Di Giovanni et avoit été membre du groupe illégaliste. Condamné pour désertion le 28 décembre à un an de prison par le tribunal militaire de Rome, il fut à l’issue de sa peine, condamné comme « subversif susceptible de faire des attentats » à 5 ans de confinat et déporté à Ponza où le 20 août il fut condamné à 3 mois de cachot pour non respect des obligations faites aux déportés. Le 5 juillet 1937, suite à son refus de faire le salut fasciste, il était jugé à Tremiti puis était incarcéré à Lucera jusqu’au 25 janvier 1938. Transféré à Bernalda le 23 mars 1939, les autorités signalaient qu’il continuait de professer ses « idées subversives… et d’inciter ses camarades à refuser le salut romain obligatoire ». Jusqu’à sa libération le 5 février 1940, il resta ferme sur ses positions, tant et si bien que le 3 novembre, le préfet de Foggia avait noté qu’il « avait conservé intact son idéal anarchiste, et continuait de fréquenter les éléments les plus dangereux ».

Rentré à Loreto et ne trouvant pas de travail, Lanciotti allait alors fin 1940 à Milan où il allait trouver un emploi d’ouvrier avant d’être licencié ren janvier 1942 à la demande de la préfecture.

A la Libération en 1945 et avec N. Recchi, il participait à la reconstruction du mouvement anarchiste, aidant la presse et participant à divers congrès et réunions. En 1964 il s’installait à Follonica où il fréquentait les compagnons Renato Palmizzi et Andrea Anelli. S’étant toujours senti proche des positions anti-organisationnelles de Galleani et de R. Schiavina Sartin et en désaccord avec la ligne de la Fédération anarchiste italienne (FAI), il adhérait en 1966 aux Groupes d’initiative anarchiste (GIA).

Umberto Lanciotti est décédé à Follonica le 9 juillet 1974.


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