Dictionnaire international des militants anarchistes
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DOMINGO DE LA FUENTE, Inocencio
Né en 1892 à Fuentes de Roa (Burgos) – mort le 28 octobre 1966 - Berger ; employé de commerce - MLE – CNT – Madrid (Nouvelle-Castille) - Saragosse (Aragon) – Barcelone (Catalogne) - France
Article mis en ligne le 11 octobre 2014
dernière modification le 27 octobre 2023

par ps

Né dans une famille de pauvres bergers, Inocencio Domingo de La Fuente avait commencé très jeune à gardes les troupeaux avant d’être envoyé à l’âge de 14 ans à Madrid où bien qu’analphabète, il trouvait un emploi de vendeur dans une mercerie de la calle Mayor où en mai 1906 il tut le témoin de l’attentat de Mateo Morral contre le roi Alphonse XIII. Il allait dès lors voyager dans de nombreuses provinces d’Espagne et y connaître divers séjours en prison, d’abord aux Asturies où il fut emprisonné avec José Maria Martin.

En 1919, il était à Saragosse où lors de la grève des ouvriers du gaz, il avait abattu trois briseurs de grève, Yarza, Boente et Toledo. Arrêté après qu’un enfant l’ait vu se cacher dans une ruelle et sous la menace de trois peines de mort, il fut défendu par E. Barrioberro et une intense campagne menée notamment dans les colonnes de Solidaridad obrera, Tierra y Libertad et La Revista Blanca et fut condamné à une très lourde peine de prison (90 ans). Interné tour à tour à Chinchilla, Burgos, Puerto de Santa Mariaz, San Miguel de los Reyes, Figueras, etc où il allait croiser de nombreux compagnons dont Sancho Alegre, Elias Garcia qu’il considérait comme son « maître » et père spirituel et Pedro Mateu Cusido, il fut très souvent l’objet de punitions et de mises au cachot, parfois 6 mois entiers et en profita pour apprendre à lire - notamment les classiques grecs - et à écrire.

En 1925 le romancier Eduardo Zamacois, qui préparait sa nouvelle Los vivos muertos
, l’avait rencontré à San Miguel de los Reyes où il était au cachot, rencontre qu’il mentionna dans son livre Un hombre que se va. Il avait été tellement impressionné par cette rencontre qu’à sa sortie du pénitencier, il avait déposé à l’administration une somme de 2.000 pesetas en faveur d’Inocencio Domingo.

Remis en liberté de la prison de Figueras en 1931 lors de la proclamation de la République, il s’installa alors à Sabadell. Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936 il se trouvait à Ségovie où il travaillait pour la CAMPSA. Il fut arrêté, détenu près d’un an et échappa à la mort après avoir été échangé contre semble-t-il un prêtre emprisonné en zone républicaine. Revenu à Barcelone, il s’était enrôlé dans un Bataillon de fortifications du syndicat CNT de la construction, mais épuisé physiquement, il ne put poursuivre et fut ensuite employé comme secrétaire au local du Parti fédéralist de Barrioberro.

Passé en France lors de la retirada et interné dans divers camps, il se trouvait en zone occupée pendant la Seconde guerre mondiale et fut arrêté par les Allemands et déporté à l’ile de Jersey où il faillit être fusillé suite à un mouvement d’insubordination d’un groupe de cheminots et dut la vie sauve à un jeune prisonnier russe qui avait fait la guerre d’Espagne et avait servi de traducteur avec les autorités allemandes

Après la Libération il vécut comme il put avant d’être accueilli en 1956 à la maison de retraite Beau Séjour de Hyères (Var) où il devait décéder le 28 octobre 1966. Resté fidèle à ses idées, il ne militait plus depuis quelques années. Il avait toujours refusé de rentrer en Espagne malgré le spropositions qui lui avaient été faites par certains membres de sa famille, militaires de haut rang.


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